Enfant de 4 ans à lunettes et smartphone rouge

16 % des bambins britanniques de 3 et 4 ans scrollent déjà sur TikTok

© Matheus Bertelli et Zahra Amiri

La part monte à un tiers concernant les enfants de 5 à 7 ans selon un rapport d’Ofcom, le régulateur des médias au Royaume-Uni. Et ce malgré la limite d’âge fixée à 13 ans par le réseau social. 

Les derniers rejetons de la génération Alpha (les personnes nées entre 2010 et 2022) sont déjà sur les réseaux. Un rapport d’Ofcom, le régulateur des médias au Royaume-Uni, avance que 16 % des enfants âgés de 3 et 4 ans utilisent déjà TikTok selon les déclarations de leurs parents. Et ce pourcentage grimpe à 33 % concernant les enfants âgés de 5 à 7 ans, puis à 60 % pour ceux de 8 à 11 ans. 

Community managers en herbe… 

Pour ce qui est des 8 à 11 ans, leur pratique des réseaux est déjà extrêmement affûtée. Deux tiers d’entre eux disent tenir plusieurs comptes en parallèle, et la moitié de ceux-ci a un compte uniquement destiné à leur famille. 

Et la chose peut surprendre. Car selon ses conditions d’utilisation, TikTok n’autorise pas les utilisateurs de moins de 13 ans. La plateforme dit notamment missionner des modérateurs chargés de repérer les contenus postés par de jeunes enfants. Mais il reste assez facile de contourner les règles d’accès, surtout si l’enfant bénéficie de l’accord d’un adulte, pointe The Guardian.

Mais TikTok n'est pas la seule plateforme concernée par ces dérives. Le réseau reste largement moins utilisé que YouTube par les très jeunes enfants. 84 % des 3-4 ans utilisent la plateforme de Google, qui reste leur média privilégié pour regarder des contenus vidéos, devant Netflix et très loin devant la télévision. 

Jamais sans mes écrans...

Le rapport d’Ofcom montre par ailleurs que le multi-écran, c’est-à-dire le fait d’utiliser plusieurs équipements en parallèle (tablettes et smartphone par exemple) est déjà une habitude récurrente chez les enfants. Seuls 4 % des enfants de 3 à 17 ans disent regarder un film sans faire autre chose en parallèle. De précédentes études menées en France sur les pratiques numériques montraient des tendances similaires. 

De nombreuses études concernent les effets des réseaux sociaux sur la santé mentale des ados et pré-ados. L’une des dernières méta-analyses en date est plutôt rassurante sur le sujet. Elle conclut que les liens entre troubles mentaux et usages des réseaux sociaux sont relativement faibles. Même si deux périodes sont distinctes chez les filles (11-13 ans) et les garçons (14-15 ans), durant lesquelles l’usage massif de plateformes sociales peut générer des scores de « satisfaction de vie » relativement bas. 

Peu de recherches sur l’effet des réseaux sur les très jeunes

Concernant les jeunes enfants, l’effet des écrans sur leur développement cognitif est un sujet régulièrement abordé, qualifié parfois de « mal du siècle », d' « urgence sanitaire » ou de « fabrique du crétin digital » . Il est recommandé par Santé publique France (SPF) de ne pas utiliser d’écran avant l’âge de 2 ans, et de limiter leur usage à une heure par jour jusqu'à 5 ans. Toutefois, malgré les études sur le sujet (qui parfois se contredisent entre elles), il est complexe de tirer des conclusions définitives. D’autant que sur l’effet des réseaux sociaux spécifiquement, il existe peu de recherches avant l’âge de 13 ans puisque la pratique n’est pas légale, explique la chercheuse Amy Orben au Huffington Post UK. De nombreux scientifiques s’accordent cependant pour dire que le critère important reste le contrôle parental et le choix des activités. Donc le choix de TikTok, dont l’algorithme de recommandation s’occupe de choisir les contenus à visionner à votre place, est loin d’être approprié. 

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.

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commentaires

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  1. Avatar Nicolas Rambaud dit :

    Bonjour Marine,
    Un poil raccoleur votre titre. La source indique [...said they went online for ...] et ne dit pas si c'est 1 fois ou de manière récurrente. De plus, 16% correspond 3-4 ans qui ont au moins une fois utilisé les "video-sharing platforms (VSPs)" dont Youtube fait partie et qui représente selon la meme source, 84% des VSP utilisées par les 3-4 ans (tiktok semble avoir été utilisé par 50% d'entre eux, soit 8% des 3-4 ans)
    Mais sur le fond, c'est déjà beaucoup 😉

  2. Avatar Marie-Sylvaine dit :

    Le critère important reste le contrôle parental ! Quelle hypocrisie. Si l'Etat mettait en place des mesures pour encadrer le temps d'exposition des enfants aux écrans, la tâche des parents en serait facilitée. Et qui a promu l'école numérique ? Pas les parents ! L'école de maintenant est une école où l'on apprend PAR le numérique, mais elle n'éduque pas AU numérique.
    C'est comme la préservation de l'environnement par les petits gestes, genre ne pas laisser couler l'eau pandant le brossage des dents, on persuade les individus qu'ils sont la clé du changement, cela dédouane les institutions de laisser agir les multinationales, oligarques et autres irresponsables..

  3. Avatar Anonyme dit :

    Le problème à cet âge là c'est les parents ! Comme on ne laisse pas son enfant de 3 ans toute la journée devant la télé, on ne le laisse pas avec un smartphone sur internet rien qu'une minute.

    Sachez de plus que je viens d'une génération assez récente (et absolument pas "boomer").

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