
A l’occasion de la 7ème édition de Change Now, les 25, 26, 27 mars 2024, L’ADN est allé à la rencontre de l’un de ses cofondateurs pour comprendre comment accélérer la transition vers un monde plus durable.
On connaît le sommet annuel, véritable concentration d’énergies et d’initiatives positives pour demain. Mais on a tendance à oublier que Change Now, c’est aussi une équipe qui œuvre tout au long de l’année. Acteur majeur dans le domaine de la transition environnementale et sociale, elle vise, à travers une série d'actions et de programmes innovants, à mobiliser les individus, les entreprises et les gouvernements vers des solutions concrètes pour un avenir plus durable. L’un de ses fondateurs, Santiago Lefebvre, partage ses réflexions sur les tendances émergentes, les défis à relever et l'importance de l'action collective dans la construction d'un monde meilleur.
L’ADN : On connaît Change Now par le sommet qui se tient les 25, 26 et 27 mars à Paris. Mais à quoi ça sert ?
Santiago Lefebvre : Depuis 2017, Change Now est une entreprise à impact qui vise à accélérer la transition environnementale et sociale. Au-delà d'être un événement fédérateur pour la communauté de la transition, notre action s'étend tout au long de l'année. Nous initions des projets comme le premier classement des écoles et universités pour changer le monde, ou encore l'Impact Job Fair pour apporter plus de talents sur le marché du travail de l'impact. Le sommet annuel Change Now rassemble près de mille entrepreneurs et solutions pour la transition, autour desquels gravitent investisseurs, médias, et grands groupes. Notre mission s'est élargie pour inclure l'éducation à la transition, avec un volet pédagogique renforcé et des espaces de fresques accessibles à tous. L'objectif est de donner à chacun les clés pour devenir acteur de cette transition.
Il faut montrer que l'action donne espoir, ce dont je suis personnellement convaincu. En voyant qu'on a des solutions concrètes, on fédère les gens autour d'une vision, d'un monde qui ne fait pas peur. L’an dernier, notre première étude d'impact a révélé que 56 % des visiteurs se sentaient capables d'avoir un impact avant de venir à Change Now, et ce chiffre monte à 80 % après leur participation. Cela démontre notre capacité à mobiliser et à activer des milliers de personnes qui veulent agir.
L’ADN : Quelles tendances structurantes observez-vous pour l'avenir en matière de solutions durables ?
S.L: Depuis environ deux ans, nous assistons à un changement profond dans notre approche des enjeux planétaires. Auparavant, nos efforts pour résoudre les problèmes environnementaux étaient cloisonnés : le climat, l'océan et la biodiversité étaient considérés séparément. Aujourd'hui, il est devenu évident que nous vivons dans un monde bien plus complexe et interconnecté. Cette prise de conscience exige de nous une vision plus globale et holistique.
Pour ce faire, trois transitions essentielles doivent se déclencher, ou accélérer. La première est la transition énergétique, qui vise à nous libérer de notre dépendance aux énergies fossiles. Cela représente un défi sans précédent, car il s'agit de remplacer ces sources d'énergie par des alternatives renouvelables. Ensuite, nous devons embrasser une transition agricole, centrée autour notamment de l'agriculture régénératrice.
La troisième transition, culturelle, nous appelle à réévaluer nos valeurs sociétales. Elle souligne la nécessité de privilégier l'intérêt général sur les intérêts individuels, un changement qui nous pousse à repenser notre relation à la nature, notre consommation, et aux autres. Un sujet que je trouve magnifique, au cœur de cette édition de Change Now, est celui des générations futures, celles qui ne sont pas encore nées et qui nous poussent à nous projeter sur le long terme. On aura l'occasion d'accueillir sur cette thématique, le premier et seul ministre des Générations futures qui vient du Pays de Galles mais aussi Laurent Fabius, président de la COP 21 et du Conseil constitutionnel, qui porte ses sujets de générations futures sur la scène française et au niveau du droit international.
L’ADN : Assiste-t-on à un changement de paradigme aujourd'hui ?
S.L: Absolument. Le monde a évolué rapidement depuis notre première édition en 2017. À cette époque, l'urgence de ralentir le réchauffement climatique commençait tout juste à être largement reconnue. Avec seulement 2000 participants et un peu de difficulté à rassembler une centaine de projets innovants, cette première édition témoignait d'un engagement naissant mais déterminé. L'évolution a été rapide : deux ans plus tard, nous avons vu mille projets investir le Grand Palais, signe d'une accélération impressionnante du dynamisme entrepreneurial dans le secteur de l'écologie.
En 2018, lors de notre deuxième édition, un espace dédié aux pitchs a été créé, reflétant des levées de fonds moyennes de 200 000 € pour des entreprises en début de parcours. Aujourd'hui, ces levées de fonds moyennes ont grimpé à 3 millions d'euros, preuve de la solidité des concepts portés par les entreprises et de leur capacité à attirer des financements significatifs. L'intérêt et la volonté d'agir n'ont jamais été aussi élevés. Pour mettre les choses en perspective, lors de la COP 21, la problématique des énergies fossiles n'était même pas évoquée dans les documents officiels. En revanche, à la COP 28 à Dubaï, cette question est devenue centrale. Cela marque une prise de conscience et un changement de cap significatifs. Nous avons réussi à convaincre une grande partie du monde de l'importance de se projeter vers un futur où notre dépendance aux énergies fossiles serait un souvenir du passé.
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