Et c’est Google qui le dit. Parmi les listes des qualités qui font de vous une bonne recrue, on retrouve plus d’humain que de science et de tech. À méditer…
Data analysts ou scientists, ingénieurs en machine learning, développeurs big data… Autant de métiers de plus en plus recherchés sur LinkedIn et dont les intitulés laissent présager de fortes compétences en mathématiques, sciences ou technologie.
Les équipes de Google avaient d’ailleurs pour habitude de présélectionner leurs nouvelles recrues en fonction de leurs (bons) résultats dans les matières dites « STEM » - pour Science, Technology, Engineering, Maths.
Persuadées que pour briller dans une entreprise technologique il faut soi-même être technologue, les équipes avaient ainsi établi un algorithme qui ne retenait que les meilleurs élèves des meilleures universités scientifiques.
Entreprise tech cherche petit génie. Soft skills bienvenus
Dans les colonnes du Washington Post, Cathy N. Davidson, fondatrice de la Futures Initiative détaille les trouvailles de cette étude et insiste sur l’importance des « soft skills » , c’est-à-dire les qualités humaines qui font la personnalité, dans le recrutement d’une personne. Être un bon coach, savoir communiquer et écouter, reconnaître les qualités d’autrui (y compris dans les différences de points de vue et de valeurs), faire preuve d'empathie, soutenir ses collègues, avoir une pensée critique, savoir résoudre des problèmes et pouvoir lier entre elles des idées complexes font ainsi partie des qualités nécessaires – plus que de savoir coder. Des données corroborées par des anthropologues et ethnographes, ce qui a amené l’entreprise à élargir son champ de recrutement aux personnes venues des sciences humaines, de l'art… et même de la gestion – discipline méprisée au plus haut point par Larry Page et Sergey Brin, fondateurs de Google.
Comprendre le langage humain en plus de comprendre le langage computationnel
Par ailleurs, alors que Google aimait à miser sur le top management de l’entreprise, censé montrer la voie en interne, les équipes se sont rendu compte que les idées les plus innovantes et productives venaient plutôt des niveaux intermédiaires a priori moins qualifiés. Les profils égalitaires, généreux, curieux, empathiques, faisant preuve d’intelligence émotionnelle et insufflant une culture du respect, sans pression ni harcèlement, sont ceux qui enregistrent les meilleurs résultats.
« Pour réussir, chaque membre doit se sentir à l’aise et libre de prendre la parole ou de faire des fautes, et se sentir écouté et compris ».
Par ailleurs, Cathy N. Davidson rappelle les conclusions d’un sondage mené auprès des 260 employeurs de la National Association of Colleges and Employers (dont fait partie IBM), qui placent la communication dans le top 3 des qualités privilégiées par les responsables du recrutement. La communication représente ici la faculté à dialoguer avec ses collègues, mais aussi à promouvoir une entreprise ou une activité en-dehors de l’organisation.
Pour le Michigan Future, Inc., ces conclusions font écho à celles du Partnership for 21st Century Learning, qui sacre les 4C (Collaboration, Communication, pensée Critique et Créativité) comme les bases du succès professionnel - auxquels on peut même ajouter le Contenu et la Confiance, comme au sein de l'ouvrage Becoming Brilliant.
« N’y va pas, il n’y a aucun débouché ! »
Les STEM sont des compétences vitales dans notre monde actuel. Mais la technologie seule, comme Steve Jobs aimait à le rappeler, ne peut pas suffire : nous avons désespérément besoin de personnes capables de comprendre l’humain, la culture et les interactions sociales.
- Cathy N. Davidson
Elle insiste sur le besoin d’accompagner ses connaissances technologiques d’un bagage culturel et social.
Un point de vue partagé par Thomas Fauré, fondateur de Whaller. Pour ce dernier, qui s’oppose aux dérives de Facebook, l’une des erreurs les plus répandues actuellement serait de biberonner les plus jeunes au code et de faire fi de la culture (y compris de la culture tech ! ). Quand il s’agit de formuler ses critiques, il n’y va pas par quatre chemins : « Les élèves qui sortent de 42 sont des déterrés, des asociaux de l’entreprise. Certes, ils savent coder. Mais ils ne savent pas interagir. (…) Il faut remettre de la culture et de l’éducation dans nos entreprises technophiles ! »
À bon entendeur !
Pour en savoir plus : The New Education : How to Revolutionize the University to Prepare Students for a World in Flux, le livre de Cathy N. Davidson
Thomas Fauré semble être hautain et méprisant, considère-t-il ces traits de caractère comme étant utiles dans son entreprise ?
PS : a-t-il un lien avec l'ADN ? Ce n'est pas la première fois que son nom apparaît...
[…] Pourtant, la tentation est grande ! Les entreprises les plus sexy du moment, malgré leur ADN parfois très tech, n’hésitent pas à vanter les mérites des soft skills : Google a ainsi mené une étude montrant que les employés les plus performants av…. […]