
Algolia, une startup proposant une solution de moteur de recherche pour entreprises, vient de lever 53 millions de dollars. Retour sur une success story.
Dans les bureaux d’Algolia situés dans le 4ème arrondissement de Paris, trône un gong en bronze. « Ça, c’est quand on signe de gros contrats », glisse Julien Lemoine, cofondateur et CTO d’Algolia. Et des occasions de faire sonner ce gong, ils en ont souvent eu, tant le succès de la startup fut fulgurant.
Algolia est un moteur de recherche à destination des entreprises et des applications, entièrement paramétrable, qui permet « d’avoir un super search, du niveau de Google et même mieux que Google », vante Julien Lemoine. « Le problème, poursuit-il, est que Google a éduqué les utilisateurs. Tout le monde s’attend à avoir une expérience de la qualité de Google. Or, on voit des utilisateurs frustrés, qui n’arrivent pas à trouver ce qu’ils veulent. » D’où l’intérêt d’investir dans une fonctionnalité de recherche, afin d’améliorer l’expérience client d’une part, et d’augmenter le ROI de l’entreprise de l’autre.
Julien Lemoine (à gauche) et Nicolas Dessaigne, fondateurs d'Algolia
« 24h/24, sept jours sur sept »
Créé en 2012 avec Nicolas Dessaigne, Algolia s’est d’abord positionné sur une solution de moteur de recherche offline. « L’opportunité marché, commente Julien Lemoine, n’était pas aussi grande qu’on avait espéré ». L’entreprise voit cependant très vite l’intérêt du online. Le marché, plus gros, permet de parler directement aux grands groupes, et non plus aux sous-traitants. Le lancement de la bêta, en 2013, permet une première levée de fonds européenne de 1,2 million de dollars. Le lancement du produit officiel arrive quelques mois plus tard, en septembre 2013.
Puis, l’entreprise tente sa chance pour intégrer le prestigieux programme de Y Combinator. « L’avantage qu’on avait, explique Julien Lemoine, est qu’on avait plusieurs de nos clients qui étaient passés par Y Combinator. » L’équipe, alors composée de six personnes dont deux stagiaires, réussit le test. « On part tous dans la Silicon Valley, on loue une maison à même le parc, on est tous 24h/24, sept jours sur sept dans cette maison, et on bosse sur notre produit », se souvient, sourire aux lèvres, Julien Lemoine. L’équipe se fixe un objectif très ambitieux : multiplier par dix le nombre de clients et le chiffre d’affaires. A la fin du programme, Algolia dépasse ses objectifs.
Ouverture de bureaux en Europe et en Inde
Après une seconde levée de fonds d’1,6 million de dollars, et une première expérience étasunienne, se pose la question de savoir où baser l’entreprise. « On a changé d’avis dix fois, admet Julien Lemoine. En 2015, on commence à avoir un scénario très clair sur l’installation internationale avec une séparation des équipes en deux, en gardant un bureau fort à Paris, et un bureau à San Francisco, qui serait notre siège social. » Après avoir déplacé la société de la France aux Etats-Unis, Algolia émet une nouvelle levée de fonds en série A, de 18 millions de dollars. La taille de l’équipe double. 30 personnes sont dispatchées entre la France et San Francisco, la majorité demeurant en France.
2017 marque l’ouverture d’un bureau à New York et à Atlanta. Mais c'est aussi et surtout l'année d'une nouvelle levée en série B d’un montant record : 53 millions de dollars. « Désormais, il y a deux chemins. Le premier est de devenir rentable très vite, et on est en capacité de le faire. Le second est de garder notre agressivité qu’on a sur le marché afin d’en augmenter la pénétration. » Ce sera la deuxième option. Algolia entend aussi croître. De 120 salariés, l’entreprise espère atteindre les 170-180 d’ici la fin de l’année. Dans un temps plus long, Julien Lemoine et Nicolas Dessaigne prévoient d’ouvrir de nouveaux bureaux en Europe et en Asie.
Cinq valeurs fondatrices
Comment fait-on, lorsque l’on croît aussi rapidement et lève autant de fonds, pour ne pas exploser en plein vol ? « L’une des choses très importantes pour nous est la culture d’entreprise », affirme Julien Lemoine. Avant même de créer la société, lui et Nicolas Dessaigne se prennent une demi-journée pour discuter de ce qui fait Algolia. Son esprit, son essence. Aujourd’hui, l’entreprise se définit selon cinq valeurs. Le grit (le fait de sortir de sa zone de confort), le trust, le candor (dire les choses sans détour, qu'elles soient positives ou négatives), l'humilité et enfin le care. « Le care pour la société, le care pour les clients et le care pour les individus », énumère Julien Lemoine. Car, si la vocation d'Algolia est de « déplacer des montagnes », Julien Lemoine entend le faire sans « écraser les autres ».
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