
De plus en plus de demandeurs d’emploi se retrouvent à dialoguer avec une intelligence artificielle. Mais la résistance s'organise.
Pourquoi souhaitez-vous travailler avec nous ? Êtes-vous capable de travailler sous pression ? Où vous voyez-vous dans cinq ans ? Citez-moi trois qualités et trois défauts ? Si on savait que les services RH utilisent de plus en plus l’intelligence artificielle pour analyser et trier les CV, on découvre qu'ils y ont aussi recours pour faire passer des entretiens d’embauche. Un nouveau défi pour les candidats.
Selon une enquête de Resume Builder environ quatre entreprises sur dix utilisent l’IA pour les entretiens d’embauche. 15 % d'entre elles déclarent s’appuyer sur l’IA pour prendre des décisions d’embauche sans aucune intervention humaine. Si le recours à ces outils peut représenter un gain de temps pour les services de recrutement, « du point de vue du candidat, cela peut être intimidant, voire étrange », explique Keith Spencer, expert RH chez FlexJobs, au média CBS MoneyWatch.
Qu'est-ce qu'un entretien d'embauche avec l'IA ?
Il existe différents types d’entretiens IA. Si certains recruteurs se font simplement assister par l'IA, la décision finale revenant à un humain, d’autres entretiens sont quant à eux « entièrement automatisés ». Adele Walton, journaliste et créatrice de contenu de 24 ans, témoigne dans The Guardian : « Je m'attendais à échanger avec une personne, mais lorsque j'ai cliqué sur l'appel, j'ai été surprise d'entrer dans une salle de visioconférence avec moi-même. » Les questions défilent, Adele a 60 secondes pour y répondre. À l'écran, un compte à rebours et son visage. « Je regardais comment mon visage bougeait, à quoi je ressemblais à l'écran. » Une situation qui a fait perdre ses moyens à la jeune femme souffrant de dysmorphie corporelle (préoccupation constante et envahissante d'une personne pour un défaut physique imaginaire ou léger). « J'ai trouvé que mon visage était une "distraction" inutile pendant le processus d'entretien. Je sais que j’aurais fait mieux s’il y avait eu une personne en face. Quand vous échangez avec une autre personne, vous pouvez lire sur son visage, interpréter son langage corporel, la voir hocher la tête. » Autant de petits signes de réconfort inexistants lorsque les entreprises confient les entretiens à des IA. « Dans ce cas, je parlais simplement à moi-même. »
Ty, 29 ans, raconte quant à lui avoir décroché un entretien téléphonique avec une société financière et bancaire. « La voix ressemblait à celle de Siri. C'était effrayant. » Quel est votre style de gestion ? Êtes-vous un bon candidat pour ce poste ? Ty a rapidement compris qu'il n'avait pas affaire à une personne réelle. « Elle me coupait la parole sans me laisser le temps de finir de répondre aux questions. À chaque question elle répondait : " Super ! Ça a l'air bien ! Parfait ! " et elle enchaînait avec la question suivante. » Après trois ou quatre questions, le chatbot lui a indiqué que l'entretien était terminé et que quelqu'un de l'équipe le contacterait plus tard.
Les candidats tentent de contourner le système... avec des IA
Si les employeurs utilisent l’IA pour faciliter leur processus de recrutement, pourquoi les candidats n'en feraient-ils pas autant ? C'est l'état d'esprit de Fanta-Marie Touré qui compte bien jouer à armes égales. La jeune femme de 24 ans, qui recherche un poste dans le domaine de la cybersécurité, reconnaît utiliser un programme IA. Baptisé Massive, il lui permet d'adapter son CV, rédiger des lettres de motivation et même postuler automatiquement à des offres d'emploi. « Beaucoup de coachs facturent 150 dollars de l’heure. C'est cher. Alors pourquoi ne pas utiliser un outil qui me coûte 30 dollars par mois ? » Une méthode qui fait courir le risque que « tous ceux qui utilisent l'IA obtiennent le même résultat. » Mais pour se démarquer, elle a sa petite astuce : personnaliser et peaufiner son dossier en y ajoutant des anecdotes personnelles. Selon Fanta-Marie, des hacks permettant de contourner le processus des IA de recrutement circuleraient sur les réseaux sociaux.
L'IA qui se mord la queue
Conscients que les demandeurs d’emploi ont eux aussi recours aux IA, certains employeurs se méfieraient des candidatures manuscrites et privilégieraient les entretiens face à face. Un comble, non ? Et pourtant ! Même lors d’entretiens vidéo – avec des humains ou des chatbots – certains candidats utilisent des programmes tels que Final Round AI, un « copilote d'entretien ». En se basant sur les questions des recruteurs, le logiciel propose en temps réel des réponses personnalisées basées sur le CV et la lettre de motivation du candidat. « Les célébrités et les animateurs de télévision regardent tout le temps les téléprompteurs. Pourquoi les gens ordinaires ne pourraient-ils pas utiliser un prompteur ? », indique son fondateur. Selon ses dires, Final Round AI, compterait plus d'un demi-million d'utilisateurs, issus principalement des secteurs technologiques (40 %) et financier (30 %). Est-ce qu'utiliser l'IA peut être considéré comme de la triche ? Bien au contraire répond Michael : « Si j’étais employeur, je privilégierais les candidats qui savent utiliser l’IA, car ils apportent de la valeur et un gain de productivité à l’entreprise. »
L'humain face à l'absurde.
Encore une preuve de l'incompétence des serives de recrutement.
e remarque que de plus en plus d’entreprises commencent à utiliser l’IA pour mener des entretiens, et pour être honnête, cela me met un peu mal à l’aise. Parler à un écran sans retour humain donne une impression froide, voire déroutante. Mais d’un autre côté, les candidats commencent aussi à utiliser des outils d’IA pour s’adapter à ce changement, ce qui est assez intéressant. D’ailleurs, des outils comme Final Round et Aihirely deviennent de plus en plus courants. Je me demande si, à l’avenir, le recrutement ne deviendra pas un “IA contre IA”. Curieux de savoir si vous avez vécu quelque chose de similaire.