Le robot Sophia

Plus de 80 % des Français s’inquiètent des dérives de l’intelligence artificielle

© Pngwing / Le robot Sophia

Mais en même temps, plus de la moitié y voient des avantages, rapporte un sondage mené par WPP en mars 2023. 

Intérêt, peur et résignation. Voilà en résumé les sentiments que suscite l’intelligence artificielle chez les Français, selon une étude publiée jeudi 20 avril par le groupe WPP. Deux sondés sur 3 voient dans cette technologie quelque chose de positif. Mais plus de 80 % craignent les dérives. 9 sur 10 voient au moins un risque associé à ces technologies. Seule une courte majorité (54 %) pense que cette technologie est « une bonne chose ».

Un pic récent d’intérêt 

Depuis son lancement fin novembre 2022, ChatGPT a reçu 4 milliards de visites et plus de 100 millions de visiteurs actifs mensuels, rapportait Les Échos le 18 avril. En parallèle des outils de génération d’images, permettant notamment de créer une fausse photo du pape en doudoune, ont bluffé le grand public. Le développement de ces technologies dites génératives a remis l’intelligence artificielle au cœur des conversations. L’agence WPP a voulu en savoir plus sur la manière dont celle-ci est perçue et appréhendée par les Français. Et en effet, 85 % des sondés ont déjà entendu parler de l’intelligence artificielle. Même si 55 % en ont une « vague idée » et seulement 30 % une idée très précise. 

3 Français sur 4 disent l’utiliser dans leur quotidien pour de la traduction automatique, chatbots, recommandation de produits. « Pour ChatGPT les chiffres sont particulièrement importants pour un outil lancé il y a seulement quelques mois : 79 % disent le connaître et 39 % disent l’avoir ou vouloir l’utiliser », pointe Mathieu Morgensztern, Country Manager de WPP en France et PDG de GroupM France.

Utile, oui mais surtout pour la médecine et la recherche

« On remarque que ceux qui ont une idée précise de ce qu’est l’intelligence artificielle, ont tendance à citer plus d’adjectifs positifs que ceux qui n’ont qu’une vague idée », précise Mathieu Morgensztern. Les adjectifs le plus souvent cités sont : dangereux (42 %), intéressant (32 %), surprenant (32 %). Seulement 10% trouvent la technologie « inutile ». Toutefois, ceux qui en ont une idée précise, sont plus nombreux (31 %) à la trouver inutile. Son utilité perçue se restreint par ailleurs à quelques secteurs précis : notamment la médecine, la recherche scientifique et la sécurité. Beaucoup moins pour la publicité, le marketing et la culture. 

Logiquement, plus les personnes sont renseignées sur le sujet, plus elles identifient des risques précis. Parmi ces derniers, on trouve le piratage informatique (73 %), la manipulation de l’information (71 %), atteinte à la vie privée (68 %), dépendance à l’IA (68 %). 

L’autre sentiment qui ressort est celui de la résignation. La majorité des sondés ont l’impression que l’intelligence artificielle est là pour s’installer et qu’il faudra s’habituer à vivre de plus en plus avec. Près de 70 % disent qu’on ne peut pas refuser cette évolution. « 66 % pensent que l’IA est la nouvelle révolution industrielle, c’est un chiffre très fort », estime Mathieu Morgensztern.

L’IA déjà utilisée dans la pub, mais pas toujours signalée

À quoi serviront les résultats de cette étude ? Pour WPP, l’intérêt est de savoir comment les marques et les agences peuvent mieux communiquer sur leurs usages de l’intelligence artificielle. « Ce qui ressort c’est le besoin de pédagogie – 75 % des sondés ont envie d’en savoir plus. Et la volonté de transparence : 84 % veulent que leur utilisation soit signalée, 86 % veulent un cadre et des règles ». Plusieurs agences du groupe WPP ont déjà utilisé l’IA dans des campagnes de publicité. Ogilvy a notamment créé un « faux » tableau à partir du personnage de La Laitière pour Nestlé. « Nous sommes en train de travailler sur une charte, et d’imaginer un moyen de préciser clairement l’utilisation de l’intelligence artificielle. » Un texte qui défile en bas de l’écran pourrait être l’une des solutions envisagées. 

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
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