portrait de Simon Dawlat, fondateur d'AppGratis et de Batch.com

De « golden boy des applis à paria », l’incroyable rebond de Simon Dawlat

E-sportif avant l’heure, chouchou de l’App Store, Simon Dawlat a toujours flairé le bon filon. Au point d’en déplaire à Apple qui a décidé de couper court à sa success story. Mais l’entrepreneur n’a pas dit son dernier mot…

A l’origine geek un peu complexé, Simon Dawlat n’a pas perdu son temps lorsqu’il traînait, adolescent, dans les cybercafés. « Dès 2002, j’ai commencé à créer des boîtes de jeux vidéo en réseau, des forums, des compétitions en ligne et à organiser les premières grosses "LAN-partys" qui réunissaient des joueurs du monde entier au sein d’une arène », nous explique-t-il.

À l’époque, l’absence de modèle économique auquel se rattraper l’empêche de créer une activité pérenne. Mais il n’échappe pas au virus de l’entrepreneuriat et lève ses premiers fonds. « J’avais cette envie de créer des sites, des communautés, du trafic, de l’événementiel en ligne ! ... » Une volonté ambitieuse… Et accomplie quelques années plus tard.

AppGratis, l’appli aux œufs d’or

Après des stages, en France et aux Etats-Unis, c’est Apple qui lui fournit l’opportunité qui va lancer sa carrière. « Un peu avant le lancement de l’App Store, nous avions réussi avec quelques amis à nous en procurer une version crackée et nous nous sommes amusés à lancer plusieurs applications, plus ou moins bidons ». Son vrai coup de génie, c’est le lancement d’AppGratuites, une newsletter quotidienne matinale et personnalisée. En 2010, ce sont 20 000 personnes qui lisent chaque jour les contenus de Simon, qui, en plus de la rédaction, négocie auprès des développeurs de proposer gratuitement leur application pendant une journée. « Les gens s’abonnaient pour le bon plan, et restaient pour la personnalité du média ».

Après la newsletter, est venue l’application, baptisée AppGratis, qui lui a assuré un énorme carton. En 3 semaines, il recueille 400 000 utilisateurs et utilisatrices, ce qui lui octroie une audience crédible auprès des annonceurs. En parallèle, l’équipe s’étoffe : aux côtés de ses associés Antoine Guenard, Franck Lhuerre et Nicolas Douillet, il recrute rapidement 35 personnes.

Too successful ? Apple dit stop

En 2012, après une levée de fonds réussie auprès d’Iris Capital, Orange et Publicis, AppGratis fait une entrée fracassante aux Etats-Unis… et passe sous le radar d’Apple. Plutôt que de féliciter ce trublion qui règne sur le classement de sa boutique en ligne, la marque à la pomme voit un tel succès d’un mauvais œil. « Nous avions tellement d’influence que l’on faussait le jeu, et Apple ne pouvait pas pondérer le poids que l’on avait sur le classement ». Après quelques démêlés avec les équipes, celles-ci décident purement et simplement de débrancher l’application. « Elles ont invoqué de manière fallacieuse des guidelines subjectives pour nous déréférencer ».

Premier coup dur : la communauté soutient Simon – qui a lancé à l’époque une pétition réunissant plus d’un million de signatures -, mais le verdict est sans appel et le tourbillon médiatique qui s’ensuit lui laisse un goût amer. « C’est devenu un gros fait divers tech aux Etats-Unis, avant d’intéresser le cabinet de Fleur Pellerin qui en a fait un fait divers politique français et européen. Tous les médias se sont emparé de notre aventure, nous étions dépendants des agendas des journalistes ». Parmi les voix qui s’élèvent, des soutiens inattendus – et d’autres critiquant le monopole qu’AppGratis avait réussi à érigé.

Deuxième coup dur : le silence et l’indifférence totale qui suivent.

 

« Nous avons complètement disparu. De golden boy des applis, je suis devenu un paria. Plus personne ne répondait à mes e-mails, quand un mois auparavant je pouvais rencontrer qui je voulais ».

Simon Dawlat l’admet : la période qui suit n’a rien d’évident pour lui et entre dépression, voyages à répétition et sport intensif pour se changer les idées, il ne peut compter que sur son équipe pour remettre le bateau à flot. « Les conditions étaient favorables pour relancer un business : nous avions levé beaucoup d’argent et plusieurs millions de campagnes publicitaires vendues à encaisser. Nous avions un véhicule : l’enjeu était de trouver où l’on voulait aller ».

Batch.com : le renouveau grâce aux notifications personnalisées

Il aura fallu quelques mois et des sacrifices pour que Batch.com ne voie le jour. « Nous avions de supers ingénieurs qui avaient développé une technologie unique de notifications push ». Commercialisé depuis 2016 auprès de médias français, d’e-commerçants, de services de VTC, de banques et d’autres applications, ce nouveau produit aura permis d’envoyer plus de 50 milliards de notifications pour la seule année 2017. « Ce sont des entreprises qui ne souhaitent pas développer leur propre technologie : cela demande trop de temps et de compétences pour une valeur ajoutée limitée. Nous proposons un service ultra sécurisé sous forme de licence développement ».

Selon ses dires, la technologie de Batch.com est présente sur plus de 95% des téléphones en France, sans réels concurrents. « Certaines boîtes proposent des solutions gratuites et pompent toutes les données des applications pour les revendre à d’autres. Nous préférons assurer à nos clients une plus grande sécurité ».

Et ça marche ?

« Depuis 4 ans, il existe une double narration concernant les applications : on dépeint le marché avec mépris, comme s’il n’intéressait plus, alors que tous les chiffres montrent l’inverse. Il est une catégorie de services qui ne pourraient pas se développer ailleurs que sur ces canaux, et l’industrie plus "old school" en a besoin comme relai de croissance ». Par ailleurs Simon Dawlat assure que les notifications personnalisées permettent une plus grande fidélité des mobinautes : les lecteurs et lectrices de L’Express reviennent en moyenne 30% plus grâce au plan de notifications mis en place par Batch.com. « Nous établissons des logiques stratégiques en hiérarchisant les infos à pousser ». En parallèle, les données de géolocalisation ou comportementales des applications permettent une distribution de contenu toujours plus personnalisée. Rendez-vous l’année prochaine pour en savoir plus sur la croissance de l’entreprise…

De son incroyable aventure, Simon Dawlat n’a que peu de regrets. « Je n’ai pas fait tout ça pour l’argent. Je n’ai pas souffert d’avoir perdu la poule aux œufs d’or, mais qu’on m’ait retiré un projet qui me passionnait et dont le potentiel était encore à explorer ». Pour lui, AppGratis aurait pu devenir une plateforme média verticalisée, événementielle. « Mais je ne perds pas mon ambition, et avec Batch.com je me sens beaucoup plus fort qu’à mes débuts dans la compréhension des enjeux business globaux ».

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.
commentaires

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  1. Avatar SImonMaTué dit :

    Mon pauvre Simon, non seulement tu étais au courant depuis le début que ce que tu faisais était interdit mais même tes investisseurs le savait! Heureusement que Apple ne communique rarement sur ce genre de sujets, ca te permet de jouer le rôle de victime
    Ensuite tu nous perds en déclarant 1 jour que Batch s est fait sans lever de fonds.... et un autre que tu t es servi de la levée de fonds de AppGratis pour rebondir.
    Enfin au lieu de cracher sur les Iris, Orange et Cie, sois un peu reconnaissant.
    Pas de concurrence en France? La France ne se limite pas au 17è arrondissement et à Lyon. Accengage et FollowAnalytics ça te parle? MyElefant, Wonderpush, ArianeLabs c est petit mais faut que tu t en méfie aussi.
    Quand à ta stratégie Batch + Notify, c est malin mais pas une raison pour faire des choses cracra via tes associés et voisins de la boite d'à coté (oui on a vu que le CEO de Notify est un ex AppGratis, on est pas dupes)

  2. Avatar SImonMaTué dit :

    Mon pauvre Simon, non seulement tu étais au courant depuis le début que ce que tu faisais était interdit mais même tes investisseurs le savait! Heureusement que Apple ne communique rarement sur ce genre de sujets, ca te permet de jouer le rôle de victime
    Ensuite tu nous perds en déclarant 1 jour que Batch s est fait sans lever de fonds.... et un autre que tu t es servi de la levée de fonds de AppGratis pour rebondir.
    Enfin au lieu de cracher sur les Iris, Orange et Cie, sois un peu reconnaissant.
    Pas de concurrence en France? La France ne se limite pas au 17è arrondissement et à Lyon. Accengage et FollowAnalytics ça te parle? MyElefant, Wonderpush, ArianeLabs c est petit mais faut que tu t en méfie aussi.
    Quand à ta stratégie Batch + Notify, c est malin mais pas une raison pour faire des choses cracra via tes associés et voisins de la boite d'à coté (oui on a vu que le CEO de Notify est un ex AppGratis, on est pas dupes)

  3. Avatar PO dit :

    Je ne connais pas ce Simon, et si ce qu'il dit est objectif, c'est effectivement triste. Par contre, Accengage utilise le même système développé en interne, et assure déjà le business à énormément d'entreprise. Qu'on raconte qu'il n'a pas de concurrents est factuellement... faux.

  4. Avatar PO dit :

    Je ne connais pas ce Simon, et si ce qu'il dit est objectif, c'est effectivement triste. Par contre, Accengage utilise le même système développé en interne, et assure déjà le business à énormément d'entreprise. Qu'on raconte qu'il n'a pas de concurrents est factuellement... faux.

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