Fragilisées par la crise sanitaire, les TPE et PME font face à de nombreuses problématiques. Parmi elles, l’absence de digitalisation. Comment résorber cette anémie numérique ?
À l’occasion du Mastercard Innovation Forum, le 26 novembre 2020, Maxime Garreta, coordinateur régional du numérique à la CCI Paris-Île-de-France, Cédric Teissier, co-fondateur et CEO de Finexkap et Solenne Marquet, directrice du pôle développement produits à destination des consommateurs et des petites entreprises chez Mastercard, nous offrent des clés pour résoudre ces problématiques.
État des lieux
Une enquête du média du commerce indépendant, l’échommerces, révèle qu’entre les mois de mars et juin 2020, 12 000 commerçants ont fait faillite. Toutefois, selon la CCI de Normandie, 56% des commerces ont trouvé une solution pour éviter le dépôt de bilan. Cette dernière repose pour beaucoup sur le “click & collect” et la digitalisation des entreprises. Alors qu’un tiers des TPE ne possède pas de site internet, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a annoncé que l'État apporterait « des moyens financiers pour faciliter la numérisation » de ces entreprises.
Selon le site du francenum.gouv, « 92% des entreprises déclarent que leur présence sur internet est indispensable ou utile à leur activité », elles sont d’ailleurs « 26% à vendre des produits et des services sur leur site web ». Alors que 97 % de micro-entreprises ont atteint la maturité numérique, elle n’est que de 8% chez les TPE et 5% chez les PME. Quelles sont donc les problématiques rencontrées ?
Les freins et problématiques
« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté », disait Winston Churchill. Cela pourrait s’appliquer à 2020 et son lot de difficultés. Mais attention, prévient Maxime Garreta, nombreux sont ceux qui « se jettent sur les solutions sans avoir les compétences… et cela peut-être très déceptif ». Pessimiste ou non, lorsque le digital entre en jeu, selon les trois intervenants : le meilleur moyen de s’y atteler est de se faire accompagner.
D’ailleurs, selon Solenne Marquet, « l’isolement des petites entreprises a été l’une des grandes problématiques de 2020. Cela les a empêchées d’être formées et d’avoir de la visibilité », et Maxime Garreta d’ajouter : « sans oublier l’obstacle du financement ». D’avis général, dès le financement acquis se pose le problème de la palette d’acteurs imbriqués dans la proposition de ces solutions, indique Solenne Marquet : « Il y a énormément d’acteurs de la digitalisation sur le marché, c’est compliqué de savoir où donner de la tête ». Alors quels sont les moyens d’y répondre ?
Vers quelles solutions se tourner ?
Pléthore d’arguments se constituent autour de ces problématiques. Pour la CCI de Paris-Île-de-France, « il y a trois solutions pour développer son activité digitale : les réseaux sociaux, utilisés par ses clients dont la publicité ciblée permet d’activer le nouveau levier de l’annonce numérique, un site internet doté d’une plateforme de vente ou encore les marketplaces mises en place par les communes en partenariat avec La Poste », et de se former si on le souhaite via des plateformes ou des tutoriels vidéo.
Côté financier, des aides publiques ont été mises en place, il est possible selon Maxime Garreta de « s’appuyer sur l’aide de 500 euros qu’offre Bercy, demander en Île-de-France le chèque numérique, une solution d’aide jusqu’à 1 500 euros. C’est un investissement qui peut être rentable pour un commerce, notamment s’il est fermé ».
Mais si parfois le guichet unique peut s’avérer être un obstacle à ces démarches, la philosophie principale est d’adapter le service en fonction des entrepreneurs et commerçants. Comment ? « En se tournant vers les start-up qui parlent le même langage que les entrepreneurs (…) Donc nous tentons de parler le moins possible de « finance » et de miser sur des choses concrètes », indique Cédric Teissier. « Le concret c'est de l'abstrait rendu familier par l'usage », écrivait Paul Langevin dans La pensée et l’action. D’ailleurs, « nous misons sur le contenu pédagogique et les outils de transformation opérationnelle », indique Solenne Marquet avant d’être rejoint par Cédric Teissier : « Il faut leur fournir des outils aussi simples d’utilisation que possible. Car en révolutionnant l’usage, on révolutionne l’accès ». Et faire le pari du digital sans mettre de côté les relations humaines, c’est possible ?
Miser sur la proximité via les données
Passer du monde physique à celui du digital ne suppose nullement l’abandon de ce premier, notamment lorsque la distanciation physique est de rigueur. « Aujourd’hui, lorsque l’on parle de digital on pense robotisation, alors que le digital est un moyen d’acquérir de nouveaux clients à l’heure de la distanciation, où le client doit se sentir à l’aise. Elle permet également la mise en place du click & collect pour les établissements censés fermer et ainsi rester en contact avec les consommateurs », confirme Cédric Teissier. Et la donnée est un facteur aidant.
« On ne peut pas faire l’économie de la donnée. Il est important d’accompagner les entreprises dans leur gestion, de miser sur l’analyse prédictive afin de faciliter les démarches autour de la sécurité, de la lutte contre la fraude », indique Solenne Marquet. Et Maxime Garreta de conclure : « Aujourd’hui, trop peu d’entreprises ont un fichier client ou l'utilisent. L’utiliser permet de fidéliser un client, ce qui coûte moins cher que d’en prospecter de nouveaux ». Faire attention à la donnée, oui, mais ne pas oublier de les consulter et de les protéger.
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