
La technique de la chaleur solaire à concentration, encore peu connue en France, aura sa première application au niveau industriel en septembre prochain. Elle permet d'atteindre des températures supérieures à 100 °C grâce à l’énergie solaire.
Cuire ses sauces à l’énergie solaire sera désormais possible en France. C’est le pari qu’a fait l’entreprise fabriquant des condiments et sauces Le Coq Noir, dans le Vaucluse. Quelques initiatives locales existent déjà : Arnaud Crétot, boulanger près de Rouen, cuit son pain grâce à un four solaire atteignant 250 °C en une heure. À plus grande échelle, en Espagne près de Séville, Heineken utilise ce principe depuis 2022 afin de brasser la bière. Mais c'est bien la première fois, à partir de septembre, que la technique sera utilisée au niveau industriel en France afin de produire une température au-dessus de 100 °C.
« Des perspectives de développement »
La chaleur à concentration fonctionne grâce à des miroirs qui réfléchissent et concentrent les rayons du soleil vers un point focal. Pour Gilles Flamant, directeur de recherche émérite au CNRS, ce procédé offre des perspectives de développement dans l’artisanat, la production de vapeur pour l’industrie ou le traitement des déchets. « Alors que 50% de l’énergie au niveau mondial est utilisée pour créer de la chaleur, le solaire réduit le recours aux énergies fossiles », indique-t-il. Thibaut de Leusse, dirigeant du Coq Noir, compte supprimer 75% du gaz et réduire les émissions directes et indirectes liées à l’énergie de l’entreprise de 55%. De quoi faire des économies : « La crise ukrainienne est venue ajouter à la volonté d’être plus autonome en matière d’énergie » détaille-t-il. Autre avantage et non des moindres, à la différence du photovoltaïque, il est possible de stocker la chaleur et « donc de chauffer la nuit ou lors de passages nuageux » explique Ugo Pelay, maître de conférence à l’école centrale de Nantes, spécialisé dans les systèmes énergétiques.
En France « une culture du nucléaire »
Pour être pleinement efficaces, les miroirs nécessitent un ensoleillement direct et un vaste espace. Au Coq Noir, les panneaux, fixés sur des structures en béton au sol, couvrent 855 mètres carrés, impliquant un investissement conséquent. Cette technologie restant méconnue, Thibaut de Leusse parle de « prise de risque », notamment après des difficultés à obtenir un permis de construire auprès de la préfecture, malgré le soutien des parties prenantes.
Selon Gilles Flamant, cette méthode peine à s’imposer en raison de freins culturels, financiers et d’un manque d’expérience. « L’énergie est un choix politique », explique-t-il, ajoutant que la culture française reste axée sur le nucléaire, rendant toute alternative thermique secondaire, hormis la biomasse. Ugo Pelay souligne que le faible coût du nucléaire en France rend toute autre solution plus onéreuse, insistant sur l’importance d’un « mix énergétique ».
Gilles Flamant estime néanmoins que ce marché pourrait s’étendre en France grâce à plusieurs leviers : une communication positive, la formation de professionnels, un tarif de rachat pour la chaleur solaire – à l’image de l’électricité solaire – et des aides pour les premiers démonstrateurs. Une avancée vers une énergie plus verte.
Il aurait été souhaitable de parler d'Odeillo pour rendre à César ce qui lui appartient !
Cela fait presque 60 ans qu'en France on s'est penché sur cette technologie avec le plus grand four solaire du monde :
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Four_solaire_d%27Odeillo
Cela existe depuis des années à Font-Romeux (Pyrénées Orientales), où un four solaire est utilisé.