
Dès 2024, Channel 1 News utilisera l'IA générative pour créer des journaux télévisés conçus sur mesure.
La plateforme Channel 1 devrait proposer dès le début de l'année prochaine un journal d'information en partie produite par intelligence artificielle. Fondée par le producteur et réalisateur Scott Zabielski (Tosh.0, The Jim Jefferies Show...) et l'entrepreneur Adam Mosam, elle promet un mélange « unique » de contenu réel et généré par l'IA, pour des programmes adaptés aux goûts de chaque téléspectateur.
Un nouveau type de chaîne d'information
Debout dans ce qui semble être une salle de rédaction moderne, la correspondante économique analyse les résultats de Disney, soulignant la croissance du nombre d'abonnés à ses services de streaming et les revenus de ses parcs à thème. À première vue rien de surprenant. À y regarder de plus près, on s'aperçoit que les lèvres de la journaliste ne correspondent pas tout à fait aux mots prononcés. La vidéo est le clip de démonstration d'une startup appelée Channel 1 News, qui utilise l'intelligence artificielle générative pour créer un nouveau type de chaîne d'information vidéo.
Objectif : rendre indissociable IA et humain
Si dans le clip les présentateurs et correspondants générés par l’IA sont aussi (peu) convaincants que les influenceurs virtuels, Zabielski et Mosam comptent bien améliorer leur technologie. « Le problème, c'est qu'on dirait toujours que vous regardez un personnage de jeu vidéo parler. Et est-ce que quelqu'un a vraiment envie de voir un personnage de jeu vidéo lui présenter les informations ? Je ne pense pas », note Zabielski. « Je pense que si la technologie n'évolue pas ce sera très difficile à vendre. Mais comme pour toute technologie, vous ne pouvez pas attendre qu'elle soit parfaite pour démarrer. Nous nous projetons dans 12 mois, 18 mois, trois ans pour en arriver à un point où vous ne pourrez plus faire la différence entre regarder une IA et un être humain. »
Un journal d'information mixte
La programmation de Channel 1 sera un mélange d'images, de vidéos et de présentateurs réels et générés, c'est-à-dire basés sur de vraies personnes rémunérées pour l'utilisation de leur image. Bien que la vidéo de démonstration s'appuie sur des images d'archives et des photos, la société indique avoir l'intention d'utiliser à terme l'IA générative pour « recréer des événements qui se sont produits, mais pour lesquels les caméras n'étaient pas présentes. » « Nous pensons que notre approche native de l'IA en matière de création de contenu constitue le plus grand changement dans le paysage médiatique depuis la transition de la diffusion vers la VOD », a déclaré Adam Mosam. Selon les deux fondateurs, leur algorithme sera en capacité de créer « beaucoup plus de contenus que les réseaux traditionnels en s'appuyant sur une plus grande variété de sources ». Channel 1 s'associera avec une agence de presse (qui n'a pas encore été annoncée), s'appuiera sur le contenu de journalistes indépendants et créera des informations générées par l'IA à partir de « sources primaires de confiance ». Et pour ceux qui s'inquiètent (sans blague ? ), Adam Mosam se veut rassurant : « les humains resteront partie intégrante du processus éditorial, garantissant l'exactitude et la transparence ». En outre, les décisions de montage et de production seront validées et vérifiées par des monteurs qualifiés. Enfin, pour informer les téléspectateurs lorsque l'IA aura été impliquée dans le processus de création de contenu, Channel 1 prévoit d'afficher une icône dans le coin de l'écran qui identifiera les portions générées.
Des journaux télévisés personnalisés
Channel 1 sera lancée début 2024 avec une émission hebdomadaire de 30 minutes. L'objectif affiché : une application ou une plateforme vidéo (financée par la publicité) où les utilisateurs peuvent tout personnaliser, de leurs centres d'intérêt en matière d'actualités au « style du présentateur préféré pour présenter les informations », a déclaré Zabielski. « De nos jours, tout est en quelque sorte devenu une personnalisation, que ce soit Spotify qui apprend ce que vous voulez entendre et vous recommande des chansons que vous ne connaissiez peut-être pas mais qui pourraient vous intéresser, ou TikTok, et son algorithme "pour toi" », explique Zabielski. « C'est quelque chose que nous ne voyons pas encore vraiment dans l'actualité. » Adam Mosam a indiqué que sa startup prévoit au démarrage de produire entre 500 et 1 000 « segments » par jour. Mais l'ambition des deux hommes va au-delà : produire à terme des journaux télévisés personnalisés pour chaque utilisateur.
Une équipe réduite pour maximiser la rentabilité
En tirant parti de l’IA pour la génération et l’analyse de contenu, les deux hommes ne cachent pas leur volonté de réduire considérablement les dépenses par rapport aux réseaux d’information traditionnels. Le business model de la chaîne se présentant comme une « alternative rentable dans un paysage médiatique en évolution. » Afin de rationaliser les coûts de production, Channel 1 fonctionnera avec une équipe réduite d'environ 11 personnes (à ce jour, principalement des techniciens), dont un rédacteur en chef qui n'a pas encore été nommé. Alors que l'industrie de l'information se prépare à un nouveau changement transformateur, l'approche basée sur l'IA de Channel 1 a suscité de nombreuses discussions sur le rôle de la technologie dans le journalisme. Scott Zabielski a indiqué dans une interview avec Deadline : « l'intention est d'améliorer la diffusion de l'information en remplaçant les présentateurs banals (entendez ceux lisent des prompteurs) tout en préservant le travail inestimable des journalistes dans les coulisses. » Affaire à suivre.
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