Un homme en train de faire une infratherapie

Les « longevity clinics » tentent de prolonger la vie dorée des ultra-riches

Les cliniques privées qui allient tourisme de luxe et traitement anti-âge se multiplient, en proposant parfois des thérapies à la validité scientifique douteuse.

Après un plouf dans une immense piscine à débordement et quelques mezzés, n’oubliez pas votre injection d’ozone pour espérer booster votre système immunitaire. C’est le type d’emploi du temps que vous pouvez vous offrir au resort Six Senses d’Ibiza. Demandez le programme “Rosebar”, dédié à la longévité, il ne vous en coûtera que 4300 dollars les 7 jours hors chambre et nourriture. En plus de l’ozonothérapie (le traitement favori des clients, rapporte Business Insider) vous aurez le droit à « un diagnostic avancé », « des thérapies de biohacking », « une consultation de médecine fonctionnelle », des cours particuliers de yoga et des séances de méditation en groupe, peut-on lire sur le site web de Six Senses. Tout ceci pendant que la plèbe perd des points de vie sur fond de musique house au Pacha à quelques kilomètres de là. La chaîne d'hôtels de luxe surfe sur le tropisme des ultra-riches à vouloir prolonger leur vie à coups de thérapies et traitements plus ou moins validés scientifiquement. 

Abonnement à 100 000 dollars

Ces « longevity clinics » se déploient un peu partout autour du globe - plus exactement dans des destinations clinquantes type Miami ou le Lac Léman et au cœur des villes. La plupart du temps elles proposent divers diagnostics pour évaluer l’âge biologique de leurs patients, de l’imagerie pour évaluer l’état de leurs organes voire du corps entier, des conseils nutritionnels, du coaching sportif, des prescriptions de compléments alimentaires ainsi que certains traitements comme des infrathérapies, des hormonothérapies substitutives et l’injection de nutriments en intraveineuse. Certaines font aussi de la chirurgie esthétique. Quitte à rajeunir de l’intérieur, autant que cela se voit aussi à l’extérieur. 

Les formules resort comme celles de Six Senses, The Well ou Lanserhof facturent entre 10 000 et 20 000 euros la semaine. Les cliniques de ville fonctionnent, quant à elles, généralement avec un modèle d’abonnement pouvant aller jusqu'à 100 000 dollars annuels, précise le Wall Street Journal. La clientèle est majoritairement constituée de personnes entre 40 et 60 ans, qui voient apparaître les premiers signes de vieillissement. Mais aussi quelques vingtenaires, plus nombreux ces dernières années, rapportent plusieurs établissements. 

« La longévité est un voyage qui commence ici.»

L’une des pionnières des « longevity clinics » s’appelle La Prairie et nous vient de Suisse. Son slogan : « la longévité commence ici ». Sa proposition : allier le confort d’un 5 étoiles à l’ « expertise médicale » d’une clinique privée, dixit Simone Gilbertoni, son PDG, récemment interrogé dans le Journal du Luxe. Sa spécificité : son programme épigénétique avec test ADN inclus. Son décor : un palace dont les formes épousent le paysage verdoyant de Clarens-Montreux, en bordure du Lac Léman. L’entreprise est en pleine expansion. Dans les colonnes du Journal du Luxe, son dirigeant annonce l’ouverture prochaine de nouvelles cliniques en Chine et en Arabie saoudite entre 2024 et 2026. Une dizaine d’autres devraient suivre, ainsi que le développement de « centres de longévité urbains ». 

Ces écrins médicaux de luxe sont de mieux en mieux financés par les investisseurs, car ils sont à la croisée de deux tendances fortes : la lutte contre le vieillissement et le tourisme bien-être. Ils y ont injecté 57 millions de dollars en 2022, soit le double de l’année précédente, indique Longevity.Technology, un média dédié au sujet.

Ce marché n’est toutefois pas régulé. Dans le lot, on trouve des cliniques qui ne proposent que des traitements validés par des études scientifiques et la FDA (l'agence de régulation des médicaments aux États-Unis), mais d’autres ne s'embarrassent pas de cela. Par exemple, certaines vendent des thérapies à partir de cellules souches pour améliorer toute sorte de choses, de l’éclat de la peau à la libido. Pourtant seulement une poignée de ces traitements est acceptée par la FDA. Les autres peuvent présenter des risques assez importants d’infections et de développement de tumeurs notamment, pointe The Wall Street Journal.

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.

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commentaires

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  1. Avatar Lentec dit :

    Mais, cessez !

  2. Avatar Anonyme dit :

    le mot juste pour les caractériser c'est IGNOBLE : Qui est bas, sans noblesse, qui marque une âme dépourvue de sentiments nobles
    (définition CNRTL)

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