
Pour sponsoriser la COP28, faut-il être vertueux en matière de climat ? Et bien pas vraiment.
Les sponsors officiels de la COP28, qui a débuté le 30 novembre à Dubaï, sont tenus de se conformer aux « Objectifs de neutralité carbone fondés sur la science » (SBTI ou Science Based Targets Initiative). Est-ce réellement le cas ? « La plupart des entreprises qui subventionnent les négociations des Nations unies sur le climat à Dubaï ne se sont pas engagées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre conformément aux objectifs mondiaux zéro carbone », avance une étude Spendwell relayée par The Guardian.
Des sponsors pas clean du tout
L'étude a classé les engagements climatiques de 24 entreprises parrainant la COP28. Pour cela, Spendwell s'est calée sur l'initiative indépendante Science Based Targets portée par des ONG et chapeautée par l'ONU qui entend aider les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en se fixant des objectifs « clairs et mesurables », ainsi que sur des programmes RE100 et EP100 de Climate Group, qui se concentre respectivement sur la consommation et l'efficacité des énergies renouvelables. Résultat : sur les 24 entreprises parrainant la COP28, une seule a adhéré à la Science Based Targets Initiative (SBTi), la société espagnole d'énergies renouvelables Iberdrola. Malgré la fixation d'objectifs SBTI, Iberdrola ne s'est pas engagée dans les programmes RE100 ni EP100. Selon Spendwell, six entreprises parrainant les négociations de Dubaï sur le climat se sont quant à elles inscrites au programme et ont entamé la procédure d'adhésion. Elles ont deux ans pour « soumettre leurs plans ». Comble du cynisme, le cabinet de conseil EY (anciennement Ernst and Young), engagé comme vérificateur indépendant du bilan climatique des sponsors de la COP28, fait partie de ces 6 entreprises. La plupart des sponsors – Bank of America, IMB et Baker Hughes, l'une des plus grandes sociétés de services pétroliers au monde – n'ont quant à eux pris aucun engagement à atteindre le zéro net dans le cadre du système d'objectifs soutenu par l'ONU.
Bienvenue à la grande messe du greenwashing
Le comité de parrainage des Émirats arabes unis, qui assure la présidence de la COP cette année, avait pourtant déclaré que les organisations souhaitant parrainer l'évènement devaient soumettre leurs engagements en faveur du zéro émission nette et de l'action climatique. Sa formulation laissait une marge de manœuvre aux sponsors, affirmant qu’ils devaient adhérer à des « plans crédibles de transition vers un zéro net d’ici 2030 et 2050 basés sur le SBTI », plutôt qu’au programme mondialement reconnu lui-même. Lincoln Bauer, fondateur de Spendwell, a qualifié le parrainage de la COP28 de « gigantesque exercice de greenwashing ». « Les objectifs fondés sur la science constituent le système de validation de référence pour les entreprises. Le fait que si peu de sponsors se soient engagés à atteindre leurs objectifs de zéro émission nette et qu'EY lui-même, choisi pour vérifier les engagements climatiques des sponsors, n'ait pas encore fixé d'objectifs, suggère qu'il s'agit simplement d'un greenwashing », a-t-il déclaré.
Et il ajoute : « Ces entreprises prétendent être des leaders en matière de climat grâce au parrainage de la Cop, mais sont-elles à la hauteur de cette affirmation avec un suivi vérifiable ? » Visiblement non. Ce n’est pas la première fois que les sponsors de la COP sont sous le feu des projecteurs. L'année dernière, Coca-Cola, sponsor de la COP27, avait été ponté du doigt pour avoir considérablement augmenté son utilisation de plastique avant le sommet.
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