
Démonstration avec ces 4 nouvelles expressions.
Dans un monde perçu comme étant de plus en plus hostile, nous aurions de moins en moins envie de sortir de chez nous pour nous frotter aux autres. La preuve avec 4 expressions qui capturent la psychosphère.
Bedroom as a home
D'après une récente étude, la chambre est pour 64 % des 18-24 ans l'espace le plus important de la maison. Dans un monde où les loyers augmentent plus vite que les salaires, la chambre devient l'alpha et l’oméga. C'est la pièce refuge, la valeur sûre, le sanctuaire, par défaut l'endroit où l'on passe le plus de temps et l'espace qui n'appartient qu'à soi si on est contraint de vivre chez ses parents. À ce titre, la chambre (bedroom) fait office de maison (home) : on y dort, on y mange dans son lit, on y regarde des séries et on y fait l'amour (parfois). C'est aussi la pièce où l'on travaille, suit de pénibles réunions Zoom et compose de la musique. Pour les Z, l'importance accordée à la chambre en tant qu'espace peut toutefois être supplantée par l'accès dématérialisé à des services, Netflix ou Amazon, « que l’on paie comme on paierait une traite ou un loyer », et qui confèrent également le sentiment d'être chez soi. La maison n'est plus seulement « là où est le cœur », comme disent les anglophones, mais là où l'on peut regarder ses séries préférées.
Subway shirt
« Il fait 29 degrés ici donc les filles, n’oubliez pas votre tee-shirt de métro », écrit une internaute sarcastique sur TikTok. Plutôt que de risquer les commentaires pénibles et les gestes déplacés, les jeunes femmes new-yorkaises ont pris l'habitude cet été de s'envelopper dans d'amples chemises ou de t-shirts larges le temps de leurs trajets. Un accoutrement « spéciale métro » que l'on retire arrivée à destination pour dévoiler des tenues plus légères en phase avec les températures estivales. Sur TikTok, le hashtag #subwayshirt (chemise de métro) cumule plus de 30 millions de vues, aux côtés des mentions #subwayshirt #subway #metro #patriarcat #patriarchy.
Decision bed party
Il faut imaginer la scène suivante : une lycéenne arbore la tenue complète (casquette, veste Varsity...) de sa future université. Assise sur son lit, entourée de piles de vêtements (maillots de sport, pulls douillets pour réviser), elle tient un panneau qui annonce : « JE VAIS À BAMA ! » Au pied de son lit, des gobelets en plastique frappés des couleurs de l’université d'Alabama, un gâteau et des cookies décorés de sucre glace rouge et blanc, des stylos et des carnets où se lit la mention « Alabama University. » Ce n'est pas fini. Au mur : des ballons gonflés, des boules disco, des serpentins brillants. Ceci est une Decision bed party, une fête célébrée depuis son lit par laquelle les élèves de terminale américains annoncent au printemps le nom de l'université à laquelle ils se rendront à la rentrée. Cela donne lieu à de multiples photos, une vidéo TikTok (le #bedparty a généré plus de 14 millions de vues), et parfois, à l'invitation de quelques amis. « Les bed parties se sont répandues en 2020, lorsque les lycéens n’étaient pas libres de se rassembler pour célébrer leur acceptation à l'université en raison des restrictions liées au Covid-19. Ainsi, des adolescents coincés à la maison ont commencé à embellir les murs, les sols et les meubles de leurs chambres avec des banderoles colorées, des ballons, du linge de maison, des collations et des bibelots pour annoncer virtuellement où ils partiraient étudier à l'automne. Aujourd’hui, même si les règles de distanciation sociale se sont assouplies, les lycéens font perdurer la tradition et passent à la vitesse supérieure », résume le New York Post. Une opération dont le coût avoisine parfois les 2000 dollars.
Soft hiking
« La randonnée n'a pas à être difficile. Nous avons fait des randos avec des marcheurs chevronnés, et cela nous donnait l’impression de ne pas être assez fortes pour suivre le rythme. On a compris que nous avions des motivations différentes (...) Nous voulons simplement profiter. (...) Le soft hiking (à traduire par : randonnée en douceur) fait la part belle à la joie pure de passer du temps dans la nature et de bouger son corps (...) Il est important de prendre son temps, de dévier parfois du sentier et d'essayer d'être présent dans l'instant », résument Emily Thornton and Lucy Hird dans une vidéo devenue virale. Parmi les multiples commentaires des internautes, certains se montrent moqueurs en pointant cette irrépressible manie des réseaux de baptiser tous les phénomènes : « Donc... c'est une promenade quoi », écrit un internaute. Certes. Mais le #softhiking frôle les 2,5 millions de vues, signe de l'appétence pour des activités au grand air expurgées de tout désir de performance ou de dépassement de soi.
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