
Avec ses récentes mesures algorithmiques, l’audience des médias journalistiques sur Facebook a drastiquement chuté. Par quoi sont-ils remplacés ?
Les médias journalistiques vont mal sur Facebook, ça, on l’avait deviné. Depuis le mois de juillet, les audiences de médias américains, mais aussi français sont en chute libre à cause de l’accélération de la politique de la plateforme. Cette dernière refuse de voir partir ses utilisateurs sur les sites de presse et invisibilise les liens externes.
Place aux tabloïds
Les résultats de cette politique se sont tout de suite ressentis dans les chiffres. D’après le site Digiday, les médias comme Business Insider ou BuzzFeed ont perdu entre 70 et 80 % de trafic. Pour le New York Times ou CNN, la baisse se situe plus vers les 66 %. Toutefois, la nature (numérique) ayant horreur du vide, une autre niche médiatique est venue prendre le relais. Dans sa newsletter Garbage Day, le journaliste Ryan Broderick explique que le plus gros média de Facebook serait actuellement un tabloïd nigérien qui s’appelle Legit et qui a dépassé le Daily Mail en août dernier. Durant tout l’été, d’autres médias venant des Philippines ou d’Inde se sont succédé sur le podium.
À partir de septembre, un autre acteur entre en scène. Sept des dix articles ayant produit le plus d’interactions de la plateforme viennent tous du site catholicfundamentalism.com, un média spécialisé sur les articles de la Bible et dont les commentaires sont majoritairement constitués de personnes écrivant « Amen ! ». Comme le résume bien le journaliste : « Meta a finalement arrêté de prétendre qu’il en avait quelque chose à faire que ses utilisateurs soient informés sur le monde qui les entoure. »
Plus à rien à foutre
Ce constat qui s’inscrit dans une guerre des réseaux sociaux s’est accompagné au début du mois d’octobre par un départ très symbolique chez Meta. Campbell Brown qui était à la tête de Facebook News. Cette ancienne journaliste et présentatrice pour la chaîne CNN avait pour mission de créer des partenariats avec de grands médias. Son recrutement avait eu lieu en 2017 à la suite de révélations sur la diffusion massive de désinformations publiées par des officines russes. Il était le signe clair que Mark Zuckerberg voulait mettre en avant des sources d’information crédibles. Ça n’est visiblement plus le cas.
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