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Des robots mignons pour sauver les soignants du burn-out ?

© Enchanted Tools

À VivaTech, l’une des stars s’appelle Miroka. C’est un robot au style manga dont le but est d’aider le personnel soignant. 

Sur scène, un petit robot roulant se déplace pour saluer l’audience. Il a de grands yeux, façon manga, et ressemble à un félin de dessin animé au corps humanoïde. Pour le moment, Miroki (c’est son petit nom) fait surtout la tournée des salons tech. Il était au CES de Las Vegas en janvier, à Austin au SXSW en mars, et depuis hier à VivaTech. Sur le salon parisien, on peut aussi rencontrer pour la première fois Miroka, la sœur de Miroki. Elle aussi a l’allure d’un animal, et vient d’un peuple imaginaire : les Mirokaï. Enchanted Tools, l’entreprise française à l’origine de ces robots, développe tout un imaginaire fantastique autour de ses créations pour les faire mieux accepter. Car l’objectif est de faire « travailler » ces animaloïdes non sur des salons, mais dans les hôpitaux, EHPAD et autres établissements de santé. 

« Réenchanter le monde plutôt que de le déshumaniser »

Leur job ? Faire de la logistique, déplacer des objets pour soulager le personnel de mouvements non nécessaires, comme l’explique son créateur Jérôme Monceau. Cet entrepreneur est à la tête de l’entreprise Enchanted Tools qui a développé ce robot en seulement douze mois. Son ambition ​​: montrer que la robotique peut « réenchanter le monde plutôt que de le déshumaniser ». Dans le texte, Enchanted Tools ne dit pas qu’il répond au manque de personnel dans les hôpitaux. Mais dans les faits, le robot est bien programmé pour faire un travail, qui normalement incombe aux humains, comme apporter des plateaux-repas ou tirer un chariot. Car à l’aide de poignées spéciales et de capteurs, Miroki et Miroka peuvent reconnaître un objet et l’attraper. Ils sont conçus pour se déplacer facilement : leur base est une sphère. De quoi les faire rouler sans difficulté. Ils sont aussi conçus pour être rassurants. Leur visage (qui apparaît sur un écran) est animé et change d’expression. 

Seul l’hôpital de Broca, dans le 13ème arrondissement à Paris, a expérimenté le robot. Mais la startup a de grandes ambitions. Elle envisage de commercialiser 100 000 robots sur dix ans à un prix de 30 000 euros l’unité. Enchanted Tools ne part pas de zéro. Son fondateur Jérôme Monceaux est l’un des pères de Pepper, autre robot humanoïde. La carrière de ce dernier n’a toutefois pas pris comme espéré. Créé en 2014 par la société française Aldebaran (rachetée ensuite par SoftBank), le robot a fait ses adieux en 2021. Sa production a été stoppée par SoftBank, faute de demande. Toutefois Pepper, qui était surtout utilisé en magasin ou lors d’événements, n’avait pas un cas d’usage aussi défini que Miroki. 

Infirmiers virtuels

L’aide au soin est un tournant pris par d’autres acteurs de la robotique. En Allemagne, le robot Garmi, conçu par une dizaine de chercheurs, est présenté comme une solution pour pallier l’important déficit de médecins dans le pays. 670 000 postes de soignants sont à pourvoir d’ici à 2050. Ce robot humanoïde au look rassurant est spécialisé en soin gériatrique et pourrait être introduit prochainement dans des maisons de retraite. L’idée serait que Garmi fasse un check médical, ensuite évalué par un médecin à distance, qui n’aurait pas besoin de se déplacer. « Nous avons des distributeurs automatiques pour l'argent aujourd'hui ? On pourrait imaginer qu'un jour, sur le même modèle, des gens viennent faire leur examen médical dans une sorte de hub technologique », explique à l’AFP le docteur Abdeldjallil Naceri, chercheur principal et responsable scientifique du laboratoire de recherches de l'université de Munich, à Garmisch-Partenkirchen. 

Outre des robots « physiques », des agents conversationnels type ChatGPT, sont également envisagés pour pallier le déficit de personnel médical. Aux États-Unis, des startups comme Florence et Sensely proposent déjà des infirmiers virtuels qui vous rappellent de prendre vos médicaments, de surveiller vos symptômes… L’usage de ces robots n’est pas toujours une réussite. Une association a dû débrancher d’urgence Tessa, un agent conversationnel qui avait vocation à devenir le principal soutien à disposition des personnes souffrant de troubles alimentaires. Mais au lieu d'être de bon conseil, Tessa incitait les utilisateurs à maigrir et à prendre leurs mensurations toutes les semaines. 

Utiliser un robot pour être plus humain ?

Ces outils ne sont pas seulement des aides logistiques. Dans un article surprenant, le New York Times explique comment ChatGPT est utilisé par des médecins. Non pas pour trier leurs notes, mais pour mieux communiquer avec leurs patients, en faisant preuve de plus d'empathie et de simplicité dans le langage qu’ils utilisent. 

Autrement dit : ils utilisent un robot pour paraître plus humain... Un constat d’autant plus étrange lorsque l’on sait que le manque d’empathie et la déshumanisation des soins sont parfois imputables au manque de moyens et à la réduction des effectifs. 

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.

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