
La figure du NPC (Non-Player Character), ce « personnage non-joueur » réputé pour être un peu bêta et dénué de libre arbitre dans les jeux vidéo, est devenue la coqueluche des internautes.
Il sert la quête du joueur principal, n’a pas de libre arbitre et débite des lieux communs qui ne servent à rien : c’est le PNJ (personnage non-joueur), ou NPC en anglais (Non-Player Character), ce figurant banal, parfois tristement attachant, que l’on retrouve en arrière-plan de tous les jeux vidéo. Longtemps boudé par les gamers, il connaît pourtant son heure de gloire sur TikTok où un grand nombre d’utilisateurs s’amusent à le parodier.
Hommages aux anti-héros
Bras croisés sur la poitrine, le corps ondulant de manière mécanique, Elijah, alias @notaquesart, imite ce genre de personnage à la perfection. Prenons cette vidéo par exemple, dans laquelle le jeune Américain de 21 ans déblatère des phrases génériques au sujet de la pluie.
Il se lance, face caméra, comme s’il parlait au joueur : « Tu sais, la pluie est l’une des choses les plus relaxantes de ce monde minuscule... On dit que lors de nuits comme celle-ci, on trouve des coléoptères de pluie… Moi et mon père avions l’habitude de nous asseoir tous les deux sous la pluie… Je commence à m'habituer à être seul… mais qu’est-ce que tu fais seul sous la pluie, tu vas attraper froid ! »
Le jeune homme n’en est pas à son coup d’essai et s’est amusé dans d’autres mises en scène. Certaines, comme sa série de vidéo « modern NPC », abordent des sujets plus sérieux et actuels comme le machisme, le racisme et l’homophobie qui règnent encore dans le milieu du jeu vidéo. Mais toujours en adoptant la gestuelle de ces personnages génériques.
« J'ai commencé à imiter des personnages non-joueurs en août dernier. C'est quelque chose que mon grand frère et moi faisions quand nous étions plus jeunes et j'ai pensé que ce serait cool de m’y remettre en ajoutant une petite touche moderne, raconte Elijah. Il tire son inspiration de jeux comme The Legend Of Zelda et Fallout. Ce que j'aime le plus, c'est faire de mon mieux pour imiter les mouvements exagérés que les personnages faisaient dans les premiers RPG (jeux vidéo de rôle). »
De premières parodies sur YouTube
On s’en doute, la tendance ne date pas d’hier donc. Selon le site Know Your Meme, expert des phénomènes viraux d’Internet, il faut remonter à 2007 pour trouver les premières imitations parodiques de PNJ. À l’époque, c’est sur YouTube que ça se passe. On y moque les dialogues gênants entretenus avec des personnages non-joueurs, notamment dans le jeu de rôle The Elder Scrolls IV: Oblivion.
C'est plus tard, en 2019, que le phénomène perce sur TikTok avec notamment la suite de la saga, The Elder Scrolls V: Skyrim. C’est alors un certain @JinnKid, imitateur pro et fan de jeux vidéo, qu’il faut remercier. Il remporte en effet un franc succès en imitant la manière dont un personnage non-joueur se comporterait dans la vraie vie. Le résultat est hilarant et mimé à la perfection.
Entre nostalgie et réappropriation
Le phénomène a depuis fait des petits, laissant chacun se le réapproprier en fonction de son ou ses jeux de prédilection. En juin dernier, c’est une jeune femme russe répondant au pseudo @gtamillionnata qui fait le buzz en imitant la démarche exagérément chaloupée des personnages de la saga GTA (Grand Theft Auto). Elle compte aujourd’hui plus de 4 millions d’abonnés sur son compte.
La tendance va même jusqu’à séduire les danseurs professionnels. Depuis la Pologne, les danseurs de popping Nicole et Oskar s’amusent à imiter des personnages de jeux standardisés comme ceux des Sims pour entraîner différemment leur motricité. « C’est intéressant de mélanger danse et jeux vidéo, ça nous permet de mieux comprendre certains mouvements. Notre conscience corporelle s'améliore également, et puis c'est amusant », explique le duo d’une vingtaine d’années. La meilleure explication du succès de cette tendance ? Peut-être ?
C'est une version moderne et vidéoludique du bon vieux nanar de cinéma.
Les PNJ n'ont pas été créés pour être ridicules mais bien convaincants.
On se moque gentiment du contraste entre la bonne intention des créateurs et le résultat incroyablement ridicule.