
Si l'on vous offrait 43 euros par mois, seriez-vous prêt à quitter Facebook ? Pour tenter d’évaluer la valeur des services gratuits du web, la banque centrale américaine s’intéresse aux indemnités que les internautes demanderaient à toucher pour s’en passer.
Utiliser un moteur de recherche, recevoir un e-mail, s’orienter avec un GPS, scroller les réseaux sociaux… À combien estimez-vous la valeur de ces services accessibles pour 0 euro sur le net ? À quel point sont-ils indispensables à vos yeux ? La Réserve fédérale des États-Unis aimerait bien le savoir, rapporte CNBC.
La banque centrale cherche à évaluer l’impact de ces services sur l’économie américaine. Car les outils de mesure habituels, comme le PIB qui ne prend en considération que la vente de biens et de services, ne comptabilisent pas la valeur apportée par les services gratuits du web aux utilisateurs.
Plus dur de se priver d'un moteur de recherche que de Facebook
Pour tenter de l’évaluer, la Fed s’est notamment intéressée à une étude publiée en avril 2019 par des économistes du MIT et de l’Université de Groningen aux Pays-Bas, explique le média américain. Les chercheurs ont demandé à un panel d’internautes la somme qu’ils exigeraient pour abandonner tel ou tel service numérique. Il s’avère que les sommes sont plutôt élevées, même si elles diffèrent beaucoup d’un service à l’autre.
Selon cette étude, il semble bien plus facile de se séparer d’un réseau social que d’un moteur de recherche par exemple. Le participant médian serait prêt à abandonner Facebook pour 48 dollars (43 euros) par mois, contre 17 530 dollars (15 750 euros) par an pour se priver d’un moteur de recherche comme Google, Bing ou Qwant. 1 173 dollars (1 054 euros) par an suffiraient pour ne plus avoir accès à un service de vidéo en ligne comme YouTube ou Netflix. Et 842 dollars (756 euros) pour se priver d’un site d’e-commerce comme Amazon ou eBay.
Pour rappel, il s’agit dans chacun des cas de la valeur médiane. C’est-à-dire que la moitié des participants demanderait davantage, l’autre moitié moins.
Pas besoin d’être payé pour laisser tomber Twitter
Les mêmes chercheurs ont conduit un autre sondage plus resserré auprès d’étudiants européens pour évaluer la valeur des différents réseaux sociaux. LinkedIn et Twitter sont les moins précieux aux yeux des sondés. Ils abandonneraient ces services pendant un mois pour respectivement 1,52 euros et 0 euro... Il leur faudrait être payés 2,17 euros pour un mois sans Snapchat et 6,79 euros sans Instagram.
Plus étonnant, Facebook, pourtant moins utilisé par les plus jeunes selon certains sondages, est mieux valorisé par les étudiants que Snapchat et Instagram. Ils réclament 97 euros par mois pour s’en passer. WhatsApp est l’application la plus indispensable : la compensation devrait atteindre 536 euros par mois.
Quid du prix de nos données, la véritable monnaie du web ?
Ces services sont en apparence gratuits car ils ne nécessitent pas de débourser le moindre euro de son portefeuille. Par contre et ce n’est pas un secret : on en utilise certains en échange de nos données. Il serait donc également intéressant de connaître précisément la valeur de celles-ci pour évaluer le prix monétaire d’un service comme Facebook et Google. Problème : les plateformes ne sont pas très bavardes à ce sujet et il est compliqué techniquement d’évaluer la valeur d’une donnée isolée. Certains chercheurs se sont tout de même penchés sur le sujet : ceux de l’Université de Madrid ont par exemple créé une extension de navigateur permettant de calculer les revenus publicitaires générés par votre profil Facebook en temps réel.
En juin 2019, des sénateurs démocrates et américains ont déposé un projet de loi imposant aux géants du numérique de déclarer à la Securities and Exchange Commission (SEC) les bénéfices tirés de l'exploitation des données.
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