
Le design, c'est sexy : tout le monde en parle, tout le monde en fait, y compris dans les domaines les plus improbables. Entre joyeux bordel et vraie expertise, sommes-nous vraiment tous designers en 2019 ?
Le joyeux bordel des métiers du design
Graphic / Web / UI / UX / Product / Service designer... Dans le domaine du digital, les intitulés de poste de designers se multiplient chaque année sous le coup d’un effet de mode. Ils sont inconnus, reconnus et enfin galvaudés, laissant aux designers eux-mêmes le sentiment amer d’être incompris, même au sein de leur propre communauté. Il suffit de regarder les mèmes qui fleurissent sur le sujet... Finalement, les définitions restent floues, les titres font débat et cela malgré de courageuses mais vaines tentatives de certains pour "débroussailler" le champ du design.
Plus qu’une véritable évolution sur le fond, ces changements sémantiques montrent surtout l’évolution de la perception de la discipline. Du point de vue anglo-saxon, le concept de design a toujours été lié à l’élaboration d’un objet. Mais dans la langue française, il représente l’aspect visuel et l’harmonie d’un objet dans son ensemble. Enfin, il aura fallu un Américain, Tim Brown, pour populariser le design thinking, et étirer la notion de design au-delà de sa forme et de sa fonction première.
Le “petit” design, selon Brown, est celui qui se réduit à un “outil marketing”, dicté par les modes et qui permet de rendre les formes plus attractives et les usages plus fluides. A contrario, le design “noble” n’est pas “juste” un résultat mais une approche globale qui doit permettre de résoudre de manière innovante des “wicked problems”.
Psychologie, neurosciences, ethnographie : quand les designers deviennent des couteaux suisses
“Le design était l'assaisonnement qu’on ajoutait par touche pour relever le goût, maintenant c’est la base dont on a besoin pour confectionner le plat”. John Maeda
Le design thinking, c’est l’idée que l’innovation se trouve à l’intersection de 3 notions :
- la désirabilité : l’étude et la compréhension d’un besoin
- la compréhension d’un projet et sa mise en production
- et enfin la rentabilité : la mise en place d’un business modèle.
Le résultat de cette approche complète du design est que le designer se trouve à devoir étendre sérieusement son champ de compétences ! Psychologie pour comprendre les gens, comptabilité pour le business model… Les écoles de design ouvrent des cours de neurosciences et les designers pro ouvrent leurs équipes à des ethnographes.
Le design prend aussi de plus en plus de place dans l’aspect opérationnel et stratégique des projets. La preuve ? Les agences de conseil créatives se font régulièrement racheter par de grands groupes de conseil.
Les limites : être ou ne pas être designer
En parallèle, tout le monde utilise Photoshop, Adobe XD, Figma ou Canva. Cela fait briller l’expertise des talents, mais cela crée aussi une paupérisation de la profession. Si tout le monde peut manier les outils, il devient parfois difficile de revendiquer son travail – et son salaire.
Paradoxalement, nous n’avons jamais autant eu besoin les uns des autres. Aucun d’entre nous ne saurait maîtriser toutes les compétences et savoirs nécessaires à la fabrication d’un produit. Nous sommes complémentaires et devons apprendre à travailler ensemble, clé de la réussite d’un projet bien designé.
Le véritable enjeu de demain ne sera pas de définir si telle ou telle compétence nécessite le titre de “designer”, mais plutôt d’oeuvrer au dé-silotage des compétences au sein des entreprises.
Nous ne serons donc pas tous designers et c’est tant mieux !
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Chez CosaVostra, notre team de designers (aux titres, on l’espère, compréhensibles) travaille main dans la main avec les directeurs de clientèle et les chargés de contenu lors de missions de conseil pour mettre en place des dispositifs digitaux bien pensés. Aux profils divers et variés, ils ont tous une mission en commun : joindre le beau à l’efficace, à l’utile, au rentable. À vous de les mettre au défi.
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