les lettres de Google sur un toit

Google finance les médias et dessine les nouvelles tendances du journalisme

© Photo by Paweł Czerwiński on Unsplash

Brief.me, Têtu, le Parisien ou bien encore La Croix font parti d’une vingtaine de médias français qui vont bénéficier du fonds d’aide à l’innovation de Google. Petit passage en revue des projets qui dessinent la presse de demain.

Google aime le journalisme et le crie haut et fort sur la home page de son site, News Inititative. Depuis 2015, ce fonds d’aide a financé plus de 622 projets numériques dans le monde afin de « soutenir un journalisme de qualité grâce aux technologies et à l’innovation ». Le 22 mars 2019, 21 médias français ont donc reçu des subventions à hauteur de 6,4 millions d’euros. Divisés en trois catégories, « large », « medium » et « prototype », ces projets touchent à la fois aux modes de financement, aux méthodes marketing et à la mise en place de nouvelles offres éditoriales. Ils donnent aussi un aperçu de ce que la presse va devenir dans quelques années. Entre les robots rédacteurs et la personnalisation extrême des articles en fonction des préférences des lecteurs, le travail des rédactions va radicalement changer. Voici les grandes tendances :

Vers une personnalisation du contenu

L’une des grandes thématiques de ce 6e round de financement reste la personnalisation de l’offre. Les médias La Croix, Corse Presse et l’Équipe ont notamment mis en avant le développement de systèmes de recommandations et de curation de contenus qui s’adaptent en fonction des préférences de leurs lecteurs. Dans le même ordre d’idée, CMBenchmark a remporté le financement de sa plateforme Nicheletters qui permet d’envoyer des newsletters portant sur un seul sujet et contenant de la publicité ultra-ciblée. 

Sauver la presse avec les datas ?

C’est ce que semble penser le groupe Le Parisien-Les Echos qui a remporté une aide pour un programme anti-désabonnement. Intitulé High Fidelity, ce projet doit permettre la mise en commun des données provenant des call centers, des newsletters, des envois de courriers et des interactions provenant des applis et des sites web. Finalement, cette stratégie doit permettre de prédire les désabonnements en cascades et éviter la perte massive de lecteurs. On retrouve cette même volonté chez Courrier International qui imagine une personnalisation des messages envoyés aux abonnés.

Du côté éditorial, les données sont aussi utiles pour le groupe Paris-Normandie qui compte utiliser sa base B2B EcoNormandie pour générer automatiquement des articles portant sur l'information locale. Ceux qui craignaient de voir les robots prendre la place des journalistes ont peut-être vu juste...

Quand les journalistes se font aider par la technologie

Un certain nombre de projets sont censés aider les rédactions à mieux fonctionner et permettre aux journalistes de trouver des sujets originaux. C’est surtout le cas de SoJoHub, la plateforme d’échange de Reporters d’Espoirs. Sur cette dernière, les journalistes et les analystes média pourront échanger afin de mettre en lumière des sujets qui sont passés sous le radar. Cette solution doit notamment remettre sur le devant de la scène des histoires issues des périphéries urbaines ou des milieux ruraux.

Plus pragmatique, le groupe Prisma a touché un financement pour développer un outil d’aide à la décision éditoriale. Ce dernier doit notamment déterminer quels sujets peuvent apporter le plus d’argent via la monétisation. Plutôt que de suivre les tendances, les journalistes pourront choisir leur article en fonction du meilleur « retour sur investissement ».

La traque des fake news est aussi au programme avec le projet de La Dépêche du Midi. Le média mise sur le développement d’Infox Tracker, une plateforme de data journalisme. Cette dernière permettra notamment la conception de cartes et de graphes mais aussi d’identifier et de traquer des fake news grâce à une interaction accrue avec le lectorat.

Vers de nouveaux formats

Enfin, la mise en place de nouveaux formats et de nouvelles formes de financement sont aussi soutenues par Google. Ainsi le magazine Têtu veut lancer Minority Report, une plateforme  de curation de contenus reliés aux réseaux sociaux. Cette dernière pourra notamment mettre en avant des histoires concernant des minorités sociales qui sont généralement ignorées par les algorithmes biaisés.

De son côté, le média brief.me veut cibler les jeunes lecteurs en leur proposant des dossiers sous forme de stories. Certains grands sujets comme le Brexit ou le changement climatique seront régulièrement mis à jour avec des graphes ou des timelines.

Enfin, Konbini va mettre en place Minis, un widget permettant aux lecteurs de donner de l’argent à une cause après la lecture d’un article sur le sujet. Une fois que cette cause sera financée, la rédaction rédigera des suivis réguliers pour tenir informés les lecteurs participant.

POUR ALLER PLUS LOIN :  

> Les médias doivent-ils passer au membership ?

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David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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commentaires

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  1. Avatar Martin Galène dit :

    Google fait l'aumône à la presse écrite après l'avoir pillée. Merci Monseigneur !

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