
Trois instituts de recherche de Grenoble ont remporté un financement européen de 14 millions d’euros pour développer un ordinateur quantique. Le projet QuCube (ce nom ridicule était-il vraiment nécessaire ? ) va s'étendre sur 6 ans et doit permettre à l'Europe de se lancer dans la compétition contre Google, Intel ou Alibaba.
Ça y est, la France vient de rejoindre la grande course à l'informatique quantique. Alors que l'Europe vient de débloquer un financement d’un milliard d’euros sur 10 ans pour développer cette nouvelle branche scientifique, trois laboratoires grenoblois ont récupéré 14 millions d’euros pour le projet QuCube.
Les Qubits, c'est quoi ?
En général, c’est à ce moment-là que l’on se demande ce qu’est véritablement l’informatique quantique. Concrètement, il s’agit d’un nouveau type d'ordinateur beaucoup plus rapide que nos machines actuelles. Alors que ces derniers codent les informations en binaire avec des suites de 0 et de 1 (que l’on appelle des bits) un ordinateur quantique utilise des qubits, la version quantique du bit. En gros, il peut s’agir d’un photon ou d’un atome pouvant prendre comme valeur, le 0, le 1 ou les deux états à la fois. Pour vous donner une idée de la puissance de ce système, le physicien britannique Colin P. Williams estime qu’un ordinateur quantique possédant 300 qubits pourrait réaliser en une fraction de seconde plus d'opérations qu'il n'y a d'atomes dans tout l'univers. Ça pose... en théorie.
Cependant, les qubits produits actuellement sont loin d’être aussi efficaces que ceux prévus par les théories de physique quantique. La fabrication de ces unités pose un problème physique nommé phénomène de décohérence (une instabilité et la perte des effets quantiques avant que le calcul sur lequel travaille l’ordinateur n’aboutisse). Voilà pourquoi il a fallu attendre 2009 pour que des chercheurs de l’université de Yale créent le premier processeur quantique complexe.
La course au Qubit stable est lancée
Depuis, la course aux Qubits continue entre les géants de la tech. Google dévoilait en mars dernier un processeur quantique d’une puissance de 72 qubits, une puissance jusqu’ici inégalée. Intel et QuTech ont annoncé avancer sur la production de « qubit spin », des qubits gravés sur du silicium, ce qui rendrait possible une exploitation commerciale. Enfin, côté chinois, Alibaba a promis d’injecter 12,7 milliards d’euros dans des projets de R&D visant notamment à développer ce super-ordinateur.
Côté français, ce sont les instituts du CEA-Leti, INAC et l'Institut Néel qui vont travailler pendant 6 ans sur le projet QuCube. Les travaux se dérouleront sous la direction de Silvano De Franceschi, Tristan Meunier et Maud Vinet. Les scientifiques espèrent réaliser un processeur rassemblant au moins une centaine de qubits physiques. De quoi franchir une étape décisive vers la réalisation de l’ordinateur quantique. À terme, ces machines pourraient accélérer les phases d’apprentissage des IA, révolutionner le chiffrement des données, modéliser de nouvelles molécules médicales ou bien encore prédire avec plus d’exactitude la météo. Vaste programme en perspective.
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14 millions d'euros répartis entre 3 laboratoires fait de la France le fer de lance européen ? Est-ce une erreur ? Vous parlez de milliards ?
Si une entreprise comme Alibaba a mis un budget de 12,7 milliards d'euros... que peut faire 3 labos avec 14 millions ?