
Sur le papier, le KIKK Festival de Namur en Belgique crée des ponts entre art, culture, sciences et technologies. Dans les faits, on y va et on revient un peu transformé. Sa 8ème édition, baptisée « Species and beyond », explorait les frontières entre le vivant et le non-vivant, remettant en question notre vision anthropocentrée du monde.
Capitale de la Wallonie, ville natale de Benoît Poelvoorde, Namur accueillait du 1er au 4 novembre la 8ème édition du KIKK festival, un concentré de conférences, de speakers internationaux et de workshops interdisciplinaires gravitant autour des cultures numériques et créatives. Designers, ingénieurs, artistes, chercheurs, parents et enfants… en quatre jours, près de 25 000 visiteurs de tous horizons se sont réunis autour du thème « Species and beyond », une réflexion scientifique mais aussi citoyenne sur l’évolution de notre place dans le monde.
Water - Rejane Cantoni et Leonardo Crescenti
Maman, c’est quoi l’anthropocène ?
Face aux enjeux environnementaux actuels, comment renverser le mythe de l’Homme tout puissant ? Qu’est-ce qui définit une espèce ? Qu’apprend-on lorsque l’on se met à la place d’une bactérie, d’une plante ou d’un animal ? Quelles relations symbiotiques peut-on imaginer avec son écosystème ? Comment y travaillent scientifiques et artistes ? Autant de questions abordées par une cinquantaine de speakers.
En toile de fond, l’étude de l’anthropocène et de son impact sur les écosystèmes vivants et non-vivants. L’anthropo… quoi, vous dites ? L’Anthropocène, soit « l’Ère de l’Homme », l’époque géologique qui désigne le moment où les activités humaines ont eu un impact visible sur la Terre. Selon le père du terme, le chimiste Paul Josef Crutzen, l’Anthropocène aurait débuté lors de la révolution industrielle, à la fin du 18ème siècle.
On vous rassure, les conférences demeurent accessibles au plus grand nombre. D’ailleurs, les interlocuteurs ont été soigneusement briefés en amont. « Pas de jargon scientifique ou technique, nous assure Marie du Chastel, programmatrice et curatrice du festival. Il faut que tout le monde soit en mesure d’en comprendre les enjeux » . Outre le thème central du festival, d’autres sujets ont aussi été abordés comme la relation entre l’art et les marques, le numérique, l’analogique, le design ou encore l’éducation. Précédemment et en guise de fil rouge, les éditions du KIKK avaient abordé les thèmes de la narration et du storytelling, des « interférences » ou encore des « nouvelles utopies ».
Un parcours artistique dans la ville
Luce Moreau
Disséminées aux quatre coins de la ville, une vingtaine d’installations artistiques gratuites faisaient écho au thème du festival. Les visiteurs étaient également invités à découvrir Namur au travers d’un parcours en réalité augmenté. À la Maison de la Poésie, l’expérience « Hearing Gravity » de l’artiste Antoine Bertin nous invitait à tromper nos sens en plongeant dans un trou noir. Plus loin, la cathédrale Saint-Aubain ouvrait ses portes à l’installation « Water », une expérience interactive fluctuant en fonction du mouvement des spectateurs.
Puis, direction la galerie du Beffroi où une dizaine d’artistes étaient exposés. Parmi eux, Luce Moreau et ses ruches labyrinthiques à la croisée entre construction humaine et instinct animal, ou encore le musée futuriste d’Histoire naturelle de Julian Charrière. Sous une cloche de verre, des composant électroniques fondus avec de la lave sont ramenés à leur condition géologique. Une réflexion sur l’utilisation des matières premières et sur l’artificialité de nos produits transformés… à l’ère de l’Anthropocène.
Julian Charrière
Il faudra patienter encore un peu pour connaître la thématique fil rouge du prochain KIKK Festival. De notre côté, nous y serons encore l'année prochaine !
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