
À Bordeaux, l’exposition « Digital Abysses » du pionnier de l’art tech Miguel Chevalier propose une plongée obscure à 20 000 lieues sous les mers et explore les relations entre écosystèmes vivants et artifices numériques.
Transformée en un gigantesque aquarium artificiel, la base sous-marine de Bordeaux ouvre ses portes, du 9 mars au 20 mai 2018, aux « cabinets de curiosités » de l’artiste Miguel Chevalier. Sur les 3 500 m2 investis, 10 installations colossales dont 8 numériques configurées à l’échelle même du lieu. Au total, plus de 40 œuvres (sculptures, tableaux, boîtes lumineuses, impressions 3D…) s’inspirent des grands fonds marins et font la part belle à ses écosystèmes visibles et invisibles. Du plancton, des algues, des coraux, des radiolaires et toute une panoplie de micro-organismes se transforment, au fil de l’eau, en œuvres génératives, hypnotiques, parfois interactives.
Le propos n’est pas de faire l’illustration de la mémoire de ce lieu, mais d’en faire le point de départ d’une nouvelle histoire inspirée des grands fonds marins : les abysses.
- Miguel Chevalier

A l’intérieur de ce Léviathan bétonné, l’artiste propose un parcours jalonné de salles aux ambiances singulières, parmi lesquelles une Atlantide engloutie par les flots, un cabinet à fossiles luminescents, des vagues de pixels, une jungle d’algues ou encore des écrans interactifs retraçant le parcours d’univers liquides et gazeux. Un méli-mélo d’étrangetés venant questionner le lien invisible entre la nature et le numérique et sensibiliser, dans le même temps, à la fragilité des écosystèmes marins (l'exposition a été développée en partenariat avec la Surfrider Foundation).
« J'avais visité la base sous-marine de Bordeaux il y a quelques années et l'endroit m'a tout de suite fasciné, pour son rapport à l'eau, sa monumentalité, son brutalisme, son obscurité. Un lieu idéal pour présenter des oeuvres numériques » , explique Miguel Chevalier. « Il y a, dans cette exposition, l'idée que si nous continuons à détruire la nature et à y déverser des hydrocarbures, le monde des abysses qui nous est encore méconnu, le restera à jamais ».
Comparables aux performances évolutives et interactives des « ultra-technologistes » de teamLab, collectif japonais d’art numérique, les œuvres de Miguel Chevalier sont fondamentalement technologiques.
« C’est, selon moi, un artiste entrepreneur, l’un des pionniers en art génératif. Il a dès le départ eu le réflexe de s’associer à des développeurs et des ingénieurs pour confectionner ses œuvres », explique Anne-Cécile Worms, co-fondatrice de la marketplace Artjaws dédiée à l’art contemporain numérique. « Son travail se nourrit aussi d’une très grande culture en peinture et en histoire de l’art classique, puisqu’il a commencé par là. Il s’agit sûrement de l’artiste art tech français qui s’exporte le mieux dans le monde aujourd’hui ».
Pour en savoir plus : www.bordeaux.fr
Les œuvres de Miguel Chevalier seront également présentées au Grand Palais, à Paris, à l’occasion de l’exposition Artistes & Robots du 5 avril au 9 juillet 2018.
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