
On connaissait l’éolien terrestre. On se met peu à peu à l’éolien offshore… et voilà que débarque à grand bruit l’éolien aéroporté. La hype est-elle méritée ?
L’éolien se voit pousser des ailes
Quand le concept d’éolien aéroporté a émergé il y a une dizaine d’années, les acteurs du renouvelable ont retenu leur souffle. Après l’éolien terrestre et l’éolien offshore, on semblait avoir trouvé la troisième révolution de l’éolien.
Une éolienne aéroportée fonctionne exactement comme une éolienne terrestre ou offshore, à ceci près que l’hélice flotte à quelques centaines de mètres au-dessus du sol, reliée à la terre ferme par un câble. Ses avantages sont nombreux. En premier lieu, construire un cerf-volant requiert jusqu’à 90 % de moins de matériaux qu’une éolienne classique, selon la startup allemande Kitekraft. C’est un avantage considérable. Par ailleurs, à l’instar de sa grande sœur l’éolienne offshore, l’éolienne cerf-volant capte des vents bien plus puissants que ceux de l’éolienne terrestre, car elle peut monter jusqu’à 600 mètres quand une éolienne terrestre dépasse rarement les 150 mètres. Enfin – et c’est un argument de taille pour les esthètes qui se plaignent de la laideur des éoliennes terrestres : le dispositif est beaucoup plus discret.
Sur le papier, l’éolien aéroporté a donc tout pour plaire. Une soixantaine d'entreprises dans le monde se consacrent aujourd'hui au développement de cette solution d'avenir. Le seul problème, c’est qu’aucun modèle convaincant n’a pour l’instant été commercialisé sur le marché du grand éolien.
Redescendre sur terre
Pour Olivier Normand, un des deux fondateurs de la startup Kitewinder, la prudence est de mise. « Ce sont les mêmes acteurs qui promettent depuis des années qu’ils vont révolutionner le monde de l’éolien en divisant les coûts par deux », note-t-il. « En réalité, on n’a toujours pas de modèle convaincant. »
Kitewinder, elle, a trouvé son modèle. Elle est devenue en 2019 la première entreprise à avoir commercialisé une éolienne aéroportée. Mais pour arriver à un tel résultat, il a fallu cibler un marché très spécifique : celui de l’éolien individuel nomade. L’éolienne Kiwee One, dont un peu plus de cent exemplaires ont été écoulés à ce jour, est un cerf-volant de six kilos utilisé par des écoles, des particuliers et des ONG pour des besoins spécifiques tels que l’approvisionnement en électricité d’un campement éphémère. L’entreprise n’envisage pas de se positionner sur le marché du grand éolien, où il y a « trop d’acteurs » et « trop d’incertitudes ».
Pour Olivier Normand, il n’est pas certain que l’industrialisation du dispositif soit pour demain. Les signaux sont contraires : l’allemande Kitekraft a annoncé qu’elle sortirait son premier modèle en 2024… Mais pas plus tard que la semaine dernière, la startup néerlandaise Ampyx Power, acteur majeur de l’éolien aéroporté, a annoncé sa faillite. « Cette technologie a-t-elle la capacité de révolutionner le secteur ? », s’interroge Olivier Normand. « Peut-être, mais pour l’instant, on n’en est pas du tout là. » Affaire à suivre.
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