
Des chercheurs américains ont passé au crible d’un algorithme les textes du célèbre auteur américain.
Conclusion : il souffrait de dépression mais ne s’est sans doute pas suicidé. Les fans de hip-hop ont Tupac, ceux de littérature ont Edgar Allan Poe. Et les conditions mystérieuses qui entourent la mort de l'une des plus grandes figures du romantisme américain (Overdose ? Choléra ? Rage ? Suicide ? ) alimentent toujours les discussions et fantasmes des fanas de littérature.
Un algo identifie les marqueurs linguistiques de la dépression
Aujourd'hui, une intelligence artificielle entend clore le débat. Survenue en 1849 après plusieurs jours passés dans un état de délire, la mort d'Edgar Allan Poe intrigue les contemporains de l'artiste et génère de nombreux débats. Le poète Charles Baudelaire affirmait que la mort de l'artiste relevait du suicide, et pas n'importe lequel, « un suicide préparé depuis longtemps. » Plus récemment, Ryan Boyd, psychologue à Lancaster University, spéculait encore : « Mon intuition me dit qu'il a sombré dans une spirale de dépression, mais qu'il ne s'est pas suicidé... » Des chercheurs de l'University of Texas et de la Lancaster University ont fait analyser les écrits de l'auteur connu pour avoir préfiguré la science-fiction et le fantastique. Ainsi, 309 lettres, 49 poèmes, 63 nouvelles d'Edgar Allan Poe ont été décortiqués par un algorithme conçu pour identifier les marqueurs linguistiques de la dépression. Pour enfin élucider le mystère, l'algorithme est parti à la recherche d'indicateurs textuels. Parmi eux, l'utilisation fréquente de termes relatifs aux émotions négatives (mauvais, triste, en colère...) ou encore la rareté d'adjectifs positifs (bon, merveilleux...) et de pronoms pluriels (nous...).
Diagnostiquer les maladies psychiatriques grâce à l'IA ?
Selon de précédentes recherches, ce type de marqueurs abonderaient dans les échanges épistolaires avant les suicides. D'après l'équipe de chercheurs, l'auteur du Corbeau et du Masque de la mort rouge ne se serait pas suicidé. Si les chercheurs ont pris Allan Poe pour cobaye, c'est que lui comme l'ensemble des poètes fournissent une riche matière première. Une étude publiée en 2018 (Predictive Linguistic Markers of Suicidality in Poets) s'est aussi penchée sur le cas de poètes suicidés pour développer une méthode permettant de détecter les divers signes annonceurs de différents troubles mentaux. Une piste que de nombreux psychiatres des deux côtés de l’Atlantique estiment prometteuses.
Participer à la conversation