
À SXSW, les progrès de l'intelligence artificielle sont impressionnants et c'est sans surprise l'un des thèmes les plus récurrents de ce cru 2018. Une tribune d'Olivier Vigneaux, CEO de BETC Digital.
Les progrès de l'intelligence artificielle sont impressionnants et c'est sans surprise l'un des thèmes les plus récurrents de ce cru 2018. La possibilité qu’ont les algorithmes d’identifier des récurrences ( « patterns » ) parmi des quantités de données gigantesques leur donne une puissance inégalée. Concrètement ? Le diagnostic beaucoup plus fiable de nombreux cancers est à notre portée : la plateforme d'oncologie d'IBM Watson, par exemple, a mis seulement 10 minutes - contre 160 heures pour les cliniciens - à analyser un génome complet. Les machines, de par leur inégalable puissance de travail et de calcul, auront tendance, en tout, à être toujours plus expérimentées que les hommes. Notre cerveau n'ayant, lui, jamais que le temps d'une vie humaine pour apprendre et progresser. Voilà.
Quelques exemples d'avancées qui vont changer significativement nos vies
o De même, la traduction des langues est devenue, encore une fois grâce à l’entrainement, pertinente et efficace. D’après Daphne Koller, de Calico Labs, nous sommes à quelques années seulement de la compréhension orale des langues étrangères en direct. Dans ce contexte, allons-nous arrêter d’apprendre les langues étrangères, un peu comme nous avons arrêté d’effectuer des calculs complexes de tête depuis l’avènement des machines à calculer ?
o La reconnaissance d’images a également évolué de façon spectaculaire. Nous sommes aux prémices d’un nouveau rapport au monde physique, demain décryptable à travers le viseur de nos téléphones. Je saurai, par exemple devant un bâtiment (célèbre ou non), identifier son architecte et potentiellement connaître son histoire. L’intelligence des machines va déjà très loin et parvient à décrire, à partir d’une simple photo, des concepts aussi sophistiqués que “un groupe de jeunes gens en train de jouer au frisbee “ nous dit Nell Watson, de la Singularity University.
- la reconnaissance n'est pas encore parfaite, on le voit ici, mais les progrès sont extrêmement rapides -
o Sans parler de la reconnaissance des visages, fortement utilisée en Chine et déjà mise en place de façon opérationnelle par un distributeur comme Saks pour identifier ses meilleurs clients. La machine sait identifier à partir d'éléments rationnels tous les visages mieux que n'importe quel humain, bien entendu. Incroyablement efficace pour bien traiter ses clients, certes, et aussi assez flippant, oui.
Parlons justement de quelques unes des vertigineuses questions que ces progrès soulèvent
o Enfin, l'algorithme ne faisant toujours que travailler à partir d’un corpus de données, par définition jamais neutre, comment gérer le biais inhérent à tout set de données ? Le buzzword de l’année à Austin, c’est sans aucun doute Inclusivity. Il faut que tout (et en particulier la conception des algorithmes) soit « inclusive », c’est-à-dire respectueux de tous, de chacun. Des toutes les femmes, tous les hommes, toutes leurs minorités. Une manière, semble-t-il, pour la Silicon-Valley de se justifier de n’avoir pas assez tôt réalisé que les pouvoirs immenses qu’elle avait acquis lui donnait l’obligation de ne mettre personne de côté sur la planète. Adam Cheyer, de Viv Labs nous pose la question : si on voulait doter les intelligences artificielles de valeurs, quelles seraient-elles ? Comment les choisir pour inclure vraiment tout le monde, et minimiser les effets de biais ? Faudrait-il créer un Comité Supérieur de l’Humanité qui identifierait le corpus de data le plus approprié ?
Improve bias that favors the world we want.
Si la tech veut penser à tous, a-t-elle seulement réalisé combien elle était encore et toujours centrée sur le monde des occidentaux anglo-saxons ? Certes, à Austin, il est bien sûr beaucoup question de la Chine et de son avance technologique, mais sans vraiment tout à fait admettre, soyons honnête, que ses innovations pourraient être le signe d'un déplacement plus profond qu'il n'y paraît du centre de gravité du progrès technologique mondial. Question de biais, probablement : -)
Participer à la conversation