Ça ressemble à un jeu en ligne, ça fait rire les internautes... mais le score social que la Chine met en place pour noter ses citoyens - et les contraindre dans toutes les dimensions de leur vie réelle - a déjà empêché 11,4 millions de trajet en avion et 4, 24 millions en train. Article publié initialement le 20 mars 2018 et mis à jour le 22 mai 2018.
À l'heure où l'Europe entière est en chambranle pour se mettre au pas du RGPD, la République populaire de Chine n'a pas peur d'un score social qui vous classifie parmi les honnêtes gens, ou les autres. La Chine avait annoncé que ceux dont le score serait trop bas seraient purement et simplement privés d’achat de billets d’avion ou de train. On a aujourd'hui les premiers chiffres. Le quotidien chinois Global Times affirme que le système de crédit social mis en place aurait déjà empêché 11,14 millions de vols et 4,25 millions de trains à grande vitesse.
Pour l'heure, cette base de données géante dans laquelle toute la vie numérique des citoyens chinois figure fonctionne sur la base du volontariat. Mais elle sera étendue à toute la population d’ici 2020. En attendant, certaines expérimentations, comme l’interdiction d’achat de billets d’avion/train sont donc mis en place.
Ces premières interdictions ont en effet été appliquées à certains entrepreneurs mis à l’index par le pouvoir. C’est par exemple le cas du fondateur de la société automobile Faraday et LeEco Jia Yueting dont les avoirs ont été bloqués. Outre ce cas visible, environ 7 millions de citoyens seraient déjà sous le coup d’une sanction. Selon Reuters, des personnes soupçonnées d’avoir publié des informations de nature a priori terroristes, accusés de fraudes à l’achat de billets d’avions, ou simplement d’avoir fumé dans des wagons pourraient ainsi être bannis.
Hou Yunchun, l'ancien directeur du centre de recherches du conseil d'État chinois ne s'en est pas caché : l'objectif de ces mesures, qui ne sont pas sans rappeler le Big Brother du roman d'anticipation 1984 de George Orwel, est que « personne discréditées sombrent dans la faillite ».
Opacité et petites récompenses
À l’inverse, un bon score social est censé être gratifiant. Un total de 600 points peut ainsi permettre de contracter un crédit à la consommation de 500 dollars environ, somme utilisable sur les plateformes partenaires de la constellation Alibaba. Mieux, pour 700 points, il est possible d’acheter un billet d’avion pour Singapour sans avoir à fournir certains documents officiels.
Sur les réseaux sociaux tels que Weibo, chacun se targue d’accumuler X points en vue d’acquérir tel ou tel bien. Un indice devenu symbole social à tel point que certaines personnes n’hésitent même plus à le mettre en avant pour montrer qu’elles seront de bons partenaires de vie.
Avec un bon score, une bonne situation, les portes du paradis de la consommation semblent ainsi ouvertes…
L’union des banques de crédit et du gouvernement
A l’horizon 2020, n’importe quelle transaction réalisée par un particulier auprès de ces plateformes sera prise en charge par ce score social. L’idée est que l’ensemble de l’économie du pays utilise cet indice de réputation pour garantir ou refuser un service à un citoyen.
Par ce moyen, le gouvernement chinois parvient à limiter, sans violence apparente, les mouvements de ses habitants. Leurs consommations quotidiennes sont utilisées, parfois à leurs dépens, pour les contraindre à suivre la voie jugée la plus correcte. A défaut, ils risquent le déclassement et la mise à l’écart. Privés d’achat, de liberté, leur seul moyen de faire amende honorable étant alors la repentance.
...voir Black Mirror Saison 3, Episode 1 "Chute libre"... on y est. Flippant.
Faut se relire avant de poster un article...
[…] estiment que la mise en place de ces outils de notation ressemble en tout point au système de crédit social surnommé SCS et placé en phase de test par le gouvernement chinois en mai pour modeler la […]