
Vous faire materner par votre voiture et votre smartphone sans cesse, ça vous dit ?
Sans grande surprise, le CES de Las Vegas ressemble cette année à un grand déballage de gadgets dopés à l’intelligence artificielle. Un peu comme en 2017 quand l’IA connaissait une précédente vague de hype, mais en mieux évidemment. Comme le note le Wall Street Journal, les objets ne sont plus désignés comme « smart » (intelligents), mais « AI powered ». Sont présents dans cette catégorie : un robot assistant LG aux yeux ronds, capable de gérer votre maison et de vous passer une playlist réconfortante en cas de coup de mou, un fumoir à viande connecté, un détecteur de bouffées de chaleur pour les femmes ménopausées, une mangeoire pour oiseau capable d’identifier les espèces (certainement le plus utile)… « L’IA est dans tout, même si dans 75 % des cas elle ne fait pas grand-chose », résume Julian Chokkattu, journaliste pour Wired dans un podcast consacré aux tendances vues sur le salon.
En voiture ChatGPT
Tout cela a un sacré air de déjà-vu. Mais concrètement qu'apporte la nouvelle vague d’IA dite générative (pensez à ChatGPT ou aux générateurs d’images) intégrée à nos smartphones, télé, ordinateurs, voitures et autres robots ménagers ? La réponse ne se trouve pas tellement au salon des nouvelles technologies, où peu d’objets intègrent réellement ce type d’IA. Même si l’on y trouve tout de même un vélo de la marque Urtopia incluant ChatGPT, avec lequel vous pouvez donc converser pour savoir où trouver un café, orienter votre visite touristique ou juste avoir une petite conversation. Il faut le voir comme « un smartphone sur lequel vous pouvez monter », explique son créateur. Chouette. Volkswagen a également fait la démonstration de véhicules embarquant ChatGPT, une fonctionnalité qui sera disponible dès le deuxième semestre de 2024, précise L'Usine Digitale. L’idée est de simplement rendre l’assistant vocal du constructeur (IDA) plus « conversationnel ».
On trouve aussi quelques pistes de réflexion dans la bouche de Christiano Amon, le PDG du fabricant de puces Qualcomm, interviewé récemment par le Financial Times. Il estime que l’IA générative est en train d’arriver à vitesse grand V dans les smartphones et autres équipements connectés.
Prédire le moindre de nos gestes
Pour le dirigeant, ce futur très proche ressemblera à un monde où notre smartphone sera capable d’anticiper le moindre de nos gestes. Intégrée à du matériel, l’IA devient selon lui « omniprésente » et son rôle est « de prédire chacun de vos mouvements ». C'est très, très différent de notre usage de l’IA sur cloud (accessible via le Web) aujourd’hui, où vous devez lancer une requête, poser une question pour obtenir une réponse. » Il donne un exemple : « lorsque vous taperez un message, l’IA réfléchira, et se demandera s’il y a quelque chose à faire pour vous aider. Vous venez de dire que vous vouliez appeler Clare la semaine prochaine et vous avez suggéré mardi, donc l’IA ouvrira votre appli calendrier et dira "Tim, tu as ces deux créneaux disponibles, tu veux que j’envoie une invitation à Clare?”. » Autre exemple : vous dites à votre famille à quel point les vacances étaient super, et l’IA vous propose donc de leur envoyer les photos que vous avez prises pendant votre séjour. Un peu comme Clippy (le petit trombonne-assistant très agaçant de Microsoft) il y a vingt ans, compare le journaliste du Financial Times. Oui, mais en bien mieux, promet Amon.
Christiano Amon imagine aussi une voiture très prévenante (et du coup légèrement oppressante) : « Voilà où vous devez aller, j'ai déjà programmé la navigation pour vous. » Elle peut aussi vous dire : « J'ai remarqué que vous appelez toujours quelqu'un, votre femme ou votre ami, voulez-vous que je les appelle pour vous ? Je sais que vous devez faire des courses, voulez-vous que je m'arrête à l'épicerie ? » Pénible.
Le PDG de Qualcomm nous apporte une autre nouvelle : l’intégration de l’IA aux équipements va permettre d’entamer un nouveau cycle de remplacement des smartphones. Les gens voudront de nouveaux téléphones pour avoir ces nouvelles fonctionnalités, observe-t-il. De quoi redynamiser un marché quelque peu atone ces dernières années. De nouveaux déchets électroniques : c’est tout ce qu’on pouvait espérer pour commencer 2024.
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