Une carte interactive pour localiser les victimes

Crowdmapping, portails Web... la tech turque se mobilise après le séisme

© afetharita

Quelque 15 000 professionnels de la tech, turcs et internationaux, s’organisent sur Twitter et Discord pour aider les équipes de secours. 

En quelques jours, les professionnels de la tech se sont mobilisés pour apporter leur aide après le tremblement de terre survenu lundi 6 février en Turquie et en Syrie. Ce séisme d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter a déjà fait 17 500 morts selon les derniers bilans. Les secours cherchent encore les victimes sous les décombres, tâche qui n’est pas facilitée par les mauvaises conditions climatiques (pluie, neige et froid extrême). 

En Turquie, des salariés de la tech se sont organisés pour accompagner les équipes de secours et les ONG sur place, rapporte Wired. Ensemble, ils ont créé des applications pour localiser les victimes, des portails Web permettant de trouver rapidement des informations nécessaires (numéros d’urgence, places dans des établissements d’accueil…), un formulaire en ligne permettant de se déclarer en sécurité. L’une des applications collecte et affine différentes infos venant de réseaux sociaux comme Twitter, Instagram et Whatsapp afin de créer une carte localisant les victimes. 

Blocage de Twitter pendant 12 heures 

La communauté s’est d’abord rassemblée sur Twitter, suite à l’appel de Furkan Kiliç et Eser Özvataf, respectivement fondateur et CTO de la startup Datapad, deux figures de la tech reconnues en Turquie, pointe Wired. Le mouvement simplement baptisé Earthquake Help Project rassemble désormais 15 000 ingénieurs, développeurs et chefs de projet sur Discord. Ils cherchent à entrer en contact avec des ONG syriennes, car pour le moment ces outils sont uniquement à destination des équipes turques. 

Tous les projets sont open source et codés très simplement de manière à rendre les outils les plus légers possibles compte tenu du difficile accès à Internet dans certaines zones. Au total, les différents sites auraient reçu 100 000 visites, rapporte le média américain. « Nous recevons des messages indiquant que des personnes sont retrouvées dans les décombres et sauvées grâce à ces applications », explique Furkan Kılıç, l’un des ingénieurs à l’origine du projet. 

Crowdmapping 

Ce travail collectif a toutefois été légèrement freiné par le blocage de Twitter pendant 12 heures le 8 février. Puisqu’il s'agit de l’une des principales plateformes sur lesquelles des informations sont glanées. Les raisons de ce blocage n’ont pas été officiellement communiquées. Mais nombreux soupçonnent le gouvernement de vouloir étouffer les critiques de sa gestion de la crise. Ankara est habituée à bloquer les réseaux sociaux lors de situations critiques : notamment en 2015 et 2016, après des attentats et le coup d’État raté contre Recep Tayyip Erdogan. 

Ce n’est pas la première fois que des outils tech open source sont déployés suite à des catastrophes humanitaires. Le crowdmapping – technique qui consiste à mettre à jour une carte de manière collective – a déjà été utilisé en 2010 à Haïti, ou en 2012 et 2015 après des ouragans aux États-Unis. 

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
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