
À quoi ressemblera le travail à l’ère des robots ? De l’automatisation à la collaboration humain-machine, on fait le point.
Dans son usine située en plein coeur du Michigan, le constructeur automobile Ford innove. Depuis Novembre 2017 certains de ses opérateurs et opératrices sont muni•e•s d’un gilet d’un genre particulier. Baptisé EksoVest, cette armature connectée et robotisée permet aux employé•e•s qui la revêtent de soulever des charges de 3 à 6 fois plus lourdes, sans se fatiguer. Une assistance précieuse pour ces ouvrier•e•s habitué•e•s à effectuer les mêmes gestes en moyenne 4 000 fois par jour. Pour créer ces modèles personnalisés, le constructeur a travaillé main dans la main avec une entreprise spécialisée dans les exosquelettes: EksoBionics. Pionnière sur ce marché, l’entreprise affiche une croissance à deux chiffres qui témoigne de la vitalité d’un marché nouveau : la robotique industrielle.
L’âge d’or de la robotique industrielle
D’abords discrets, les robots sont devenus de plus en plus présents dans les usines et les entrepôts. À tel point qu’aujourd’hui, la robotique logistique connaît une croissance annuelle supérieure à 30%. On parle de robotique avancée, ou de robotique « nouvelle génération » . Les bras robotisés sont par exemple utilisés pour la collecte et le déplacement d’objets (comme dans les entrepôts d’Amazon). Les véhicules autoguidés (AGV) servent quant à eux à transporter des charges lourdes d’un point A à un point B. On estime ainsi que 3 millions de robots industriels seront utilisés par des entreprise d’ici 2020, et ce partout dans le monde (International Federation of Robotics). Demain, les robots seront donc des collègues de travail comme les autres !
C’est en tout cas ce que pressent le cabinet Boston Consulting Group. D’après leurs prévisions, les robots « nouvelle génération » pourraient traiter 25% des tâches automatisables d’ici 2025, contre seulement 10% aujourd’hui pour les robots traditionnels. Pour certains, cette perspective laisse entrevoir le spectre de la destruction d’emploi. Pour d’autres l’enjeu est ailleurs : les robots sont déjà dans les usines, alors autant apprendre à travailler avec eux, quitte à favoriser les reconversions et l’évolution professionnelle.
De la robotique à la « cobotique »
Les cobots, littéralement « robots collaboratifs », sont conçus pour s’intégrer parfaitement à l’environnement professionnel. Dans le futur, nous travaillerons main dans la main avec ces collaborateurs dotés d’intelligence artificielle. Ils nous assisteront sur des tâches très déterminées, et se chargeront de l’exécution des tâches pénibles. L’aéronautique est le premier secteur à avoir exploré cette nouvelle voie, par exemple avec les programmes de pilotage automatique. Dans ce cas précis, la machine ne fonctionne pas seule, elle est programmée pour s’appuyer sur une assistance humaine, notamment en cas de problème. La cobotique prévoit d’aller plus loin : robots chirurgiens, robots assistants de vie, robots cuisiniers…tous les secteurs seront concernés.
Pour le psychiatre Serge Tisseron, la multiplication de ces collaborateurs d’un genre nouveau ne manquera pas de bouleverser nos modes relationnels. Ainsi, il écrit : « Le cobot n’est (…) ni un esclave ni un maître, (…) il est un collaborateur dont les capacités non-humaines sont destinées à s’imbriquer avec les possibilités humaines, et à les compléter. Avec lui, des relations originales seront à construire. Des relations de service réciproques mais non symétriques. Le robot ne sera jamais un collègue comme un autre, car sa capacité d’initiative sera volontairement bridée pour en faire un collaborateur efficace. » Pour lui, les cobots doivent être envisagés comme des partenaires d’un genre nouveau, des collaborateurs•rices à qui l’homme aura énormément à apprendre.
Job du futur : faire le lien entre les humains et les machines
Cette perspective inédite nous pousse à envisager de nouveaux modes de relation avec les machines, des relations basées sur de l’apprentissage et de l’échange. Ainsi, les opérateurs et opératrices des usines deviendront probablement des médiateurs et médiatrices. Et la liste de leurs tâches quotidiennes risque de se diversifier, entre réglages de la machine et ajustements des opérations menées par le robot. Par exemple, les véhicules automatisés devront absolument éviter toute collision avec leur environnement, et les bras articulés devront apprendre à se saisir d’une charge sans la faire tomber.
Plus encore, il leur faudra apprendre à communiquer avec ces nouveaux partenaires configurés comme des robots sociaux ( « sobots » ). Douées d’empathie et d’émotions ces machines pourront rassurer, conseiller ou divertir. D’ailleurs, une nouvelle branche de l’éthique sera développée pour garantir les droits de ces nouveaux travailleurs•euses : le droit des robots.
Les années qui viennent seront celles de la coévolution entre l’homme et la machine. Le travail s’en trouvera bouleversé. À tel point que d’aucuns prophétisent déjà un monde où les hommes en seraient libérés. Dès lors, la question ne serait plus de comprendre comment travailler à l’ère des robots, mais comment redonner un sens à nos vie sans travail.
À LIRE
Serge Tisseron, Petit traité de cyber-psychologie pour ne pas prendre les robots pour des messies et l’IA pour une lanterne, Éditions Le Pommier, 2018
Crédit Image : Getty Images
Cet article est paru dans le hors-série Le Génie Collectif réalisé en partenariat avec EDF dans le cadre des Electric Days 2018.
Bonjour
Vos articles sont intéressants mais SVP arretez d écrire en français écorché. Tous ça sous prétexte d'un féminisme mal compris. Je sais qu'en écrivant cela je serai traité de vieux reac mais nous avons la chance d'hériter d'une langue magnifique, alors respectons la! Comme nous respectons toutes les femmes et leur évolution dans la société à égalité avec les hommes. Merci, Jacques.