
On nous l'avait promis : le numérique allait nous faire monter le Q.I. Lol ! Ce qu'on constate surtout, c'est que notre cerveau est devenu un business, qu'il s'avère extrêmement juteux, et que dans ce grand game of neurones, c'est nous qui sommes le produit.
Sans vouloir dire du mal, on n'aurait pas loupé une marche ?
Franchement, on y a cru. Alexandrie et sa grande bibliothèque pouvaient bien aller se faire (re)cuire, les autoroutes de l’information allaient nous donner un accès libre, gratuit, immédiat et sans frontière à tous les savoirs du monde. Mais ça, c’était avant que les universitaires, geeks de la première heure, ne se fassent doubler par leurs brillants étudiants. Ceux-ci ne nourrissaient pas de grands rêves humanistes. Plus prosaïquement, ils voulaient noter le physique de leurs roommates, mettre de l’ordre dans les index et surtout trouver un modèle de rémunération apte à faire fructifier leurs talents. Depuis, l’information emprunte effectivement des autoroutes, mais beaucoup pour écouler des mégaoctets de selfies, de news plus ou moins faisandées, de sextapes et de noms d’oiseaux qui n’ont pas vraiment œuvré à l’avancée de l’ornithologie.
Autre promesse de la tech, le XXIe siècle aurait grand besoin d’esprits vifs et alertes. Au diable l’ère industrielle et ses contremaîtres ! Avec le numérique, c’en était fini des ordres qui tombent en cascade du haut vers le bas. Il fallait miser sur l’intelligence collective et les organisations organiques. Chacun, dans son métier et à son poste, devait apprendre à penser large et à se montrer créatif – très créatif. Las, cette injonction non plus n’a pas pris. Pour quelques jobs ultraqualifiés – et fort bien rémunérés –, le numérique a surtout produit du stress dans les rangs et des bataillons de micro-travailleurs – livreurs de pizzas, tâcherons du clic, empaqueteurs de boîtes à livrer.
Last but not least, voilà que les entrepreneurs de la tech qui nous ont « storytellé » à longueur de talks qu’ils étaient là pour changer le monde mettent toute leur énergie à développer des intelligences artificielles. Et ils nous expliquent à présent combien elles menacent de supplanter les nôtres.
Bref, la révolution promise, qui par ailleurs n’est peut-être même pas une révolution (confer les analyses de l’économiste Patrick Artus), a eu bien des effets..., mais n’a pas toujours contribué à faire décoller notre Q.I.
Votre temps de cerveau disponible a un prix... et la note est salée
OK, ne pas faire monter le Q.I., c'est une chose... mais fallait-il, en plus, que les Internets se mettent à le brader ? Car c'est désormais clair comme une petite notification : la toile est devenu un vaste champ de foire où la véritable monnaie d'échange n'est autre que votre temps d'attention disponible ! Si la situation venait à vous stresser... no problemo. Vous trouverez toujours une appli, un casque, des capteurs ou des cachets pour vous aider à vous relaxer ou à sombrer dans le sommeil. Et si vous deveniez trop mous, il existe encore une foule de gadgets pour assurer votre réveil, ou stimuler votre mémoire et même... votre si précieuse attention.
Hé oui, il va falloir s'y faire, notre cerveau est devenu un business comme les autres !
Dans le nouveau numéro de la revue de L'ADN, on fait le point sur ce Game of Neurones. Vous devriez en sortir pas mal averti, amusé on l'espère mais surtout, surtout, convaincu d'une chose : si votre cerveau vaut de l'or, c'est parce qu'il est formidable, qu'il a plein de capacités inexplorées et que, bonne nouvelle, rien ne vous oblige à le brader !
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