Sur Twitter, le compte @YassifyBot passe au filtre drag queen célébrités, tableaux iconiques et personnages de dessins animés.
Et non, l'application FaceApp ne sert plus uniquement à redonner le sourire aux œuvres d'art lymphatiques ou à se vieillir, elle rend aussi ultra glamour (faux cils, lèvres pulpeuses et maquillage outrancier…) l'acteur Adam Driver ou le méchant de Moi, moche et méchant. Signe d'une époque en manque de bling et d'outrance ?
Relooking digital : c'est quoi se faire « yassify » ?
Le mode opératoire du compte @YassifyBot est simple, il se décline en 3 étapes. 1 : passer plusieurs fois le visage d'une célébrité à la moulinette FaceApp (qui permet de retoucher les photos grâce à une IA) pour donner l'impression que la victime participe à la dernière saison de l'émission de téléréalité américaine RuPaul's Drag Race, qui met scène la quête de la drag queen la plus glamour. 2 : poster le résultat. 3 : recommencer. Durée de l'opération : quelques minutes. À la clé, plusieurs milliers de likes et la satisfaction de voir des visages familiers maquillés comme jamais.
Lancé mi novembre 2021, le compte Twitter @YassifyBot compte deux semaines plus tard presque 146 000 abonnés. Aux manettes, un étudiant et artiste américain de 22 ans vivant à Omaha. Connu sous le pseudonyme Denver Adams, il a choisi de ne pas révéler sa véritable identité, a-t-il expliqué au New York Times. Parmi les coups d'éclat de Yassify Bot, notons la yassification de : Bernie Sanders, l'Inspecteur Columbo, Mrs Doubtfire, Anne Boleyn ou encore Jésus et le modèle du portrait La jeune fille à la perle du peintre néerlandais Johannes Vermeer.
SLAY THE RICH!! pic.twitter.com/y2NAZYBX8B
— Yassify Bot (@YassifyBot) November 16, 2021
— Yassify Bot (@YassifyBot) November 15, 2021
— Yassify Bot (@YassifyBot) November 14, 2021
Interrogé par le média américain quant à ses influences, le créateur du compte aurait cité le désormais célèbre mème de l'actrice Toni Colette dans le film d'horreur de 2018 Hérédité, la montrant passée à la sauce yassify lors d'une scène où elle hurle face à la caméra. Pourquoi tant de succès avec une recette aussi simple ? À Teen Vogue, Denver Adams raconte : « Je pense que plus c'est ridicule, plus les gens trouvent ça drôle. (...) Je ne sais pas s'il y a une signification plus profonde derrière cette tendance des mèmes, mais si je devais la théoriser, ce serait qu'elle met en lumière à quel point cette technologie d'IA est ridicule, et à quel point elle est intelligente, comment elle est capable en un clic, en une seconde, de lire les visages et de les retoucher complètement en quelque chose d'aussi artificiel. Je ne sais pas si c'est une pensée effrayante, mais cela en fait une blague que je trouve amusante. Je dirais que c'est de la satire. »
— Yassify Bot (@YassifyBot) November 17, 2021
@YassifyBot : yaaas queen
Popularisé par Twitter, le terme « yassify » a rejoint le Urban Dictionnary le 12 novembre dernier sous la forme « yassified », soit « se faire yassifier ». La signification officielle du néologisme : « améliorer quelqu'un ou quelque chose, et soutenir la communauté LGBT. » Comment l'utiliser ? Comme ça : « My friend was boring until I yassified them. » (Mon ami·e était ennuyeux·se jusqu'à ce que je l'ai yassifié. »
Son origine : la langue vernaculaire de la communauté LGBTQA+ et le terme « yaas » (dont le nombre de A et de S peuvent varier selon les contextes et l'intonation de l'interlocuteur), synonyme tout simplement de « yes » (oui), « yaas » s'utilise pour marquer son approbation et proférer des encouragements. Selon The New York Times, la première occurrence notable du terme remonterait à 2013 et serait attribuée à un fan de la chanteuse Lady Gaga. D'après le site référence Know your Meme, le terme yassification aurait quant à lui fait sa première apparition sur Twitter en 2020 avant d'irriguer TikTok et Tumblr, inspirant également le concept (un peu flou) de yass pills.
Tout le monde veut se faire « yassify »
Sur TikTok, le #Yassify a généré quelques 11,3 millions de vues, et 38,6 millions pour le #yassification. Parmi les hashtags associés : #yassify, #yassified, #yassifying, #yasify, #yassifam. Ici, le hashtag s'utilise à tout bout de champ pour décrire une amélioration globale de son apparence ou de sa vie, comme dans la vidéo intitulée « me before vs after my $7 iced oatmilk latte with lavender syrop » (moi avant vs après mon latte glacé à 7$ au lait d'avoine et au sirop d'amande), où la jeune @anniespastaenjoyer se yassify au son du morceau Faceshopping de SOPHIE, devenu bande originale officielle de la yassification. Et comme le note The New York Times, les marques non plus ne sont pas à la traîne pour jouer du dernier mot-valise à la mode. Récemment, c'est Amtrak qui fait la promotion de la « yassification » de l'un de ses trains en utilisant le hashtag #Yassify.
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