Les « gormiti », ces obsédés de muscu qui envahissent les soirées techno

Les « gormitis », ces obsédés de muscu qui envahissent les soirées techno

© Gormiti/ ismail cem aycan via pexel

Derrière une simple démonstration de muscles et de poses en rave, ces « go-muscu » s’imposent comme une présence de plus en plus visible..., et politique.

Deux hommes fendent la foule d’une soirée d’un air décidé, muscles contractés de haut en bas. Ils bombent leurs torses nus mais cachent leur visage, l’un à l’aide d’une cagoule, l’autre d’un foulard noué au-dessus du nez. Le flash du téléphone qui les filme souligne leur musculature saillante, mais capte aussi le regard interloqué des autres fêtards. Les acolytes exécutent ensuite quelques poses de bodybuilding, le tout sur un montage hyper nerveux abusant de ralentis.

Cette vidéo d’une vingtaine de secondes, publiée sur TikTok en septembre dernier, cumule plusieurs millions de vues. D’autres montages similaires ont envahi la plateforme depuis l’année dernière, reproduisant le même schéma : des groupes d’hommes masqués exhibant fièrement leurs abdos et leurs biceps en pleine rave. Parmi les hashtags utilisés pour recenser ces vidéos, on retrouve les classiques #rave, #techno ou #bodybuilding, mais aussi un curieux terme : #gormiti.

Techno-viking, en plus gênant

C’est à l’artiste DJ Schnake que l’on doit cette appellation désignant ces groupes d’hommes qui vont à la fois à la salle et en soirée techno en France. En septembre dernier, comme le rappelle StreetPress, elle les interpelle sur TikTok : « Mais vous pensez aller où comme ça avec votre dégaine de gormitis ? ». Les commentaires saluent alors sa référence au jeu de figurines italien dérivé en dessin animé dans les années 2000. Ce dernier suit les aventures de quatre amis dotés de pouvoirs extraordinaires leur permettant de se transformer en seigneurs de la nature, à la silhouette ridiculement imposante.

Le parallèle est tout trouvé. En commentaire, on accuse justement ces « prouveurs » d’intimider les habitués des soirées techno par leurs démonstrations de force masculinistes. Les internautes expriment leur consternation en mode « combo gênant + malaise », voire leur dégoût face à ce phénomène grandissant : « 10 ans de festival et soirée hardcore, j’ai tout arrêté à cause de la hype des réseaux, de ce genre de personne qui me mettent mal à l’aise », indique l'un d'entre eux dans les commentaires de la vidéo originelle.

« Ramener les valeurs françaises en soirée tech »

Car TikTok a bien « fait tout péter », selon Alex qui se considère comme un « go muscu », quelqu’un qui organise toute sa vie autour du sport. S’il affirme que sa communauté côtoie les soirées techno depuis plus de dix ans, ( « on écoute de la tech quand on s’entraîne à la salle » ), il a constaté une augmentation de fréquentation « stratosphérique », depuis qu’il les a découvertes l’année dernière. « C’est une safe place avant tout, nous explique-t-il. C’est pas comme une boîte de nuit, tous les gens se respectent, y a pas de jugement, tu viens habillé comme tu veux… » S’il vient, c’est pour « kiffer la musique » : « on cherche pas les emmerdes ». Il admet qu’il existe tout de même « une petite partie qui vient juste pour se montrer et qui n’aime pas la techno [...] et qui va être vachement désagréable.»

Alex, qui se dit « totalement de droite », raconte se rendre parfois en rave avec un drapeau français pour « ramener les valeurs françaises en soirée tech. » Pourtant, il estime que cela n’a rien à voir avec la politique : « C’est le seul endroit où les électeurs LFI, RN et Reconquête peuvent danser et taper du pied ensemble », s’amuse-t-il. Quand on lui demande justement s’il comprend que cette promiscuité peut poser problème aux habitués des soirées techno, il rétorque que les « go muscus » sont « les mecs les plus safe en soirée ». Selon lui, tant qu’ils respectent les règles du milieu, tout le monde y a sa place. Pas sûr que le milieu en question partage son avis : « Être électeur du RN, c’est en opposition avec les valeurs de la techno », martèle un internaute sous une de ses vidéos.

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