
Cinq coups d’éclat où le MMA a dépassé les sommets de l’entertainment. Ou le contraire ?
Téléréalité, prix du « baddest motherfucker », Fight Island… L’UFC, plus grand promoteur de MMA au monde, et son omniprésent et visionnaire président Dana White, manient l’art du marketing comme personne.
Une cage en grillage électrifié ou des crocodiles
Il y a des histoires qui ne s’inventent pas. C’est le cas de la naissance de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), la plus grande organisation de MMA au monde. Fondée par Rorion Gracie, fils de l’inventeur du brazilian jiu-jitsu (BJJ), qui voulait prouver la suprématie de son art martial, l’UFC allait faire s’affronter des combattants de tous les sports de combat. L’ambition était grande, mais Rorion Gracie voulait ajouter du spectacle. Pour ce faire, il s’est attaché les services de John Milius, le réalisateur de Conan le Barbare à la réputation sulfureuse. C’est lui qui invente le fameux octogone, la cage à huit côtés devenue iconique pour le MMA. Mais on a échappé aux idées plus délirantes du réalisateur : il voulait que la cage soit électrifiée voire entourée d’une mare aux crocodiles. Une fosse aux lions modernisée.
La Loft Story de la baston
Enfermer 16 combattants dans une maison, sans autres distractions que celles de s'entraîner à la castagne, quelques bières à disposition, sous l’œil des caméras. La recette du désastre ? Peut-être. Mais l’assurance d’une téléréalité aux chiffres d’audience "testostéronés". En 2005, l’UFC crée Ultimate Fighter, une émission télé qui chaque semaine fait s’affronter les meilleurs combattants des États-Unis – l’indéboulonnable président de l’UFC Dana White en Denis Brogniart. Ici, pas de vote du jury : celui qui perd le combat quitte la maison. À la clé pour le dernier homme debout, un contrat avec l’UFC. Des cris, des pleurs et de la vaisselle cassée sur une esthétique follement Y2K… Une émission de téléréalité comme les autres donc, quelques clés de bras en plus. De nombreux épisodes et extraits sont en accès libre sur YouTube. On recommande, pour l’expérience.
Certifié « baddest motherfucker »
Les combattants de MMA sont des gros durs. Mais qui est le plus méchant de tous les méchants ? La question a été tranchée en 2019 avec la mise en jeu de la ceinture « baddest motherfucker » (on vous épargne la traduction mais il est question de votre mère), lors d’un combat qui opposait les deux prétendants au titre, les Américains Nate Diaz et Jorge Masvidal. « Vous avez deux animaux, deux des mecs les plus sauvages de la planète, enfermés dans une cage et qui vont tout donner, a résumé Jorge Masvidal, futur lauréat de cette ceinture très convoitée, sur ESPN. On va voir qui est le plus sauvage, qui est un peu moins domestiqué. » Voilà qui annonce la couleur. L’idée est née de Nate Diaz, considérant, au micro du podcaster fan de MMA Joe Rogan, qu’il « n’y a plus tellement de gangsters dans ce game ». Un coup de maître marketing repris par Dana White avec délectation et qui confiera à l’acteur et ancien catcheur Dwayne "The Rock" Johnson le soin de remettre le titre. La ceinture aurait dû être unique mais le BMF officiel du MMA ayant pris sa retraite, elle a été remise en jeu. Depuis 2023, le nouveau baddest motherfucker est l’Américain Justin Gaethje. Bravo à lui.
Fight Island
Après le Loft, L'Île de la tentation. Alors que la planète est confinée par la pandémie de Covid, Dana White rameute ses meilleurs combattants sur Yas Island, une île artificielle à Abou Dabi, pour une série d’évènements à huis clos (mais diffusés, tout de même, en pay-per-view). Une poignée de journalistes y est invitée, business class et hôtel de luxe en prime. Les combats se tiennent sans public, dans une tente climatisée pour se protéger des brûlantes températures estivales. Le coût de l’opération n’a pas été rendu public mais selon les mots de Dana White « Fight Island est tellement p***** de cher, tellement p***** de fou et presque impossible à réaliser. » Mais impossible n’est pas Dana White.
Bagarre de claques
Non content de faire s’affronter les combattants les plus coriaces de la planète, Dana White veut également les voir s’échanger des claques à s’en décoller le tympan. C’est le concept du Power Slap, promoteur de combats de claques, fondé en 2022 par Dana White et qui consiste littéralement à se donner les claques les plus fortes possibles. D’abord diffusé sur TBS, une chaîne de Warner Bros, le concept, faute d’audience, est passé sur Rumble, le YouTube de l’alt-right. Sur les réseaux de l’UFC, le Power Slap n’est pas non plus bien accueilli. Il est notamment critiqué pour les risques de lésions cérébrales qu’il présente – censés être un point de vigilance pour l’UFC et ses athlètes – en plus de son sens du sport un peu idiot. « La version Shein de la roulette russe », commente un internaute. Et si c’était un compliment ?
C'est tout cela qui engendre la violence...
Bonjour,
L'inventeur de l'UFC s'appelle Rorion Gracie et pas Rorie.
Merci pour cette rectification. Nous avons corrigé.
le mma mailleur sport