
Il est à l’affiche des productions les plus en vue du moment, assume une masculinité qui n’est pas virile et n’hésite jamais à défendre les droits LGBT. Faut-il s’en réjouir ?
Si vous êtes passé à côté du phénomène Pedro Pascal, une mise à jour s’impose ! L’acteur américano-chilien a ému les fans de la série The Last of us avec sa mort tragique dans la deuxième saison. Il a aussi émoustillé le public du festival de Cannes avec ses (gros) biceps, révélés par de flatteurs hauts échancrés. Renversant de charme selon ses fans, Pedro Pascal déchaine aussi les clics avec des prises de position très progressistes – et si peu courantes par les temps qui courent. L’acteur défend depuis toujours la communauté LGBT et en adopte les codes vestimentaires. Il fut l’un des premiers à arborer le tee-shirt au slogan pro-trans « Protect the dolls » , il rappelle régulièrement qu’il « emmerde » Donald Trump et, plus globalement, tous les protagonistes de la révolution conservatrice en cours aux États-Unis.
Bref. Internet raffole de Pedro Pascal. Sa popularité a grimpé en flèche ces dernières années et lui s’est forgé une image de nice guy. Sur X, les fans ne manquent pas d’imagination (ni d’humour) pour saluer ses qualités : « L’événement le plus important depuis l’invention de la roue et du feu ? Le décolleté de Pedro Pascal. » Un de ces mèmes est devenu un slogan et une internaute a fait un tee-shirt : « No men. Only Pedro Pascal. »
Une mania de plus, c'est tout ?
Cet engouement pour l’acteur rappelle la « Chalamania » (contraction de Timothée Chalamet et de mania), qui a donné lieu à un documentaire de France Télévisions. L’énorme hype autour du jeune Américain était due au fait qu’il était l’étendard d’une masculinité nouvelle, moins agressive et moins virile. L’histoire serait-elle en train de se répéter ? « On a des manias avec des hommes depuis que la culture populaire existe », explique Aline Laurent-Mayard, autrice de l’essai Libérés de la masculinité : comment Timothée Chalamet m’a fait croire à l’homme nouveau (éd. JC Lattès, 2022). Le schéma est toujours le même : que ce soit Elvis, Sinatra ou les Beatles, de jeunes hommes font rêver parce qu’ils arborent un nouveau type de masculinité, moins violent, qui assume une part de féminin. »
Notre constant et démesuré désir d’adorer
Notre désir profond d’adorer des hommes est-il à la base de toute cette starification ? « De nombreux travaux montrent qu’à notre époque, les gens essaient de remplacer la religion par d’autres choses », abonde Aline Laurent-Mayard. « Parmi ces nouveautés, il y a le couple, l’amour romantique… Et donc ces célébrités qui ont des airs d’homme nouveau. C’est un réflexe humain : c’est dans notre culture d’adorer. »
S’il est un peu naïf de croire à l’ « homme nouveau » – quelques années plus tard, le beau Timothée Chalamet est devenu une star de cinéma installée et un homme alpha ordinaire –, cette propension à ériger des modèles de masculinité « nouvelle » aurait-elle quelques vertus : montrer aux autres hommes que c’est possible, d’être un mec bien, par exemple ? « Cela permet aussi aux filles de réaliser ce qu’elles veulent ! C’est-à-dire des hommes gentils, qui n’ont pas peur de défendre les minorités », poursuit Aline Laurent Mayard. De quoi endiguer la montée du masculinisme, dont l’idéologie se répand un peu partout dans le monde ? « Pas sûr, mais cela prouve que le féminisme n’enlève rien aux hommes, comme beaucoup d’entre eux ont l’air de le redouter. Un modèle comme Pedro Pascal permet de contrecarrer ce discours. En gros, on peut être attirant et heureux sans être un macho. » Et c’est déjà une bonne nouvelle.
Merci pour le spoil sur Last Of Us...
Même commentaire que le précédent :'(