
Snowden, d’Oliver Stone, sort sur les écrans français le 2 novembre prochain. L’ADN a eu le privilège de découvrir le film en avant-première.
Quand le scandale Snowden secoue la sphère sécuritaire en 2013, on ignore alors que le personnage alimentera les conversations pendant les années à venir. Avec son biopic, Oliver Stone revient sur les motivations de son héros, avec l’objectif de répondre à une seule question : pourquoi ?
Côté réalisation, on peut, au début, avoir peur du huis-clos. On retrouve « Ed » dans sa chambre d’hôtel à Hong-Kong, en présence de la réalisatrice Laura Poitras et du journaliste Glenn Greenwald, avant qu’il ne leur confie les informations dérobées à la NSA.
Mais les flashbacks qui s’enchaînent nous plongent assez vite dans le vif du sujet. Et c’est aux côtés d’un Edward Snowden pimpant de patriotisme et d’une envie farouche de rejoindre les forces armées que le récit commence vraiment.
Et il n’y a pas à dire : campé par un Joseph Gordon-Levitt plus vrai que nature, notamment grâce à un jeu de voix bluffant, on a envie de suivre l’Edward Snowden d’Oliver Stone les yeux fermés. Véritable petit génie de l’informatique, il gravit les échelons, conquiert la confiance de ses supérieurs, vit le grand amour, et possède une morale à toute épreuve, quitte à mettre en péril sa vie de paradis pour le bien commun.
Alors certes, c’est romancé, et il est à parier que si Ed Snowden est aujourd’hui un personnage aussi controversé, c’est qu’il n’est pas le héros sans fausses notes du film. Et si les puristes se seraient bien passé des fantaisies du réalisateur (références et hommages à 1984, une histoire d’amour qui prend peut-être plus d’importance que nécessaire…), Snowden n’en reste pas moins une excellente introduction à un sujet complexe. Il pose les bonnes questions, incarne les doutes d’une génération post 11 septembre, bercée par les cyberguerres et où le spectre de la violation des données plane comme une ombre sur un tableau déjà incertain.
Pour Joseph Gordon-Levitt, Edward Snowden représente un « héros de sa génération ». Et c’est vrai que pendant les 2h que dure le film, on ne peut s’empêcher d’admirer sa résignation et son envie de bien faire. De changer, à son niveau, un système qui ne fonctionne plus comme il le devrait : si la collecte automatisée et systématisée des données avait, pour prétexte, la lutte contre le terrorisme, elle servait en réalité à asseoir le contrôle économique et social du pays.
« Les gens ne veulent pas la liberté, ils veulent la sécurité », confie le personnage de Corbin O’Brian, un instructeur de le CIA. « Le secret, c’est la sécurité ; et la sécurité, c’est la victoire ». Des propos qui semblent justifier l’accès aux webcams des internautes et à leurs messages privés, mais aussi des réalités beaucoup plus violentes comme des bombardements opérés via les caméras des drones de surveillance.
On imagine, évidemment, que le quotidien du jeune Snowden ne se résumait pas qu’à des missions d’infiltration et que le glamour de ses années d’espionnage au service de l’Etat devait aussi être teinté de multiples rapports à taper et de cours de codes… Mais c’est aussi ça, la magie du cinéma : rendre sexy un sujet complexe, donner envie d’en savoir plus, et d’apprendre à décrypter la difficulté d’une actualité avec des outils grand public… Foncez.
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