
Couffins qui bercent juniors la nuit, chaussettes connectées pour capter le rythme cardiaque des tout-petits, poussette autonome… Où s’arrêtera le progrès ?
Depuis le lancement du sommet annuel BabyTech du CES en 2016, les innovations qui promettent d’aider les jeunes parents dans les premiers mois (éprouvants) suivant la naissance se multiplient. En 2016, le Snoo apparaissait sur le marché. Ce couffin au design épuré est censé aider le bébé à s’endormir en déclenchant un bercement aux premiers cris. Et ce, pour la modique somme de 1 500 euros (ou en location à 160 dollars par mois aux États-Unis). Depuis sa sortie, le Snoo nourrit la controverse. Sur TikTok, certains parents ne jurent que par lui : « Le meilleur conseil que je puisse donner à une nouvelle maman est d’acheter un Snoo », affirme Makenzie, ravie de ne se réveiller « qu’une fois par nuit » ; d’autres reprochent au couffin d’être inutile, voire néfaste pour le bébé, comme Milestonemama qui détaille : « Je ne veux pas que mon bébé de plus de 3 mois soit emmailloté et empêché de bouger », et d’ajouter : « J’apprends beaucoup sur mon bébé lorsque je réponds moi-même à ses besoins la nuit. »
Pimp mon couffin et au-delà
Si le Snoo a pour objectif d’aider bébés et parents à mieux dormir, de nombreuses innovations sont destinées à la sécurité, comme la chaussette Owlet Dream Sock, permettant de mesurer les fonctions vitales des nourrissons, ou l’application Awa baby, qui, grâce à l’intelligence artificielle, peut analyser leurs pleurs. Cette tendance de la baby tech n’est pas près de ralentir puisque la valeur du marché mondial de la sécurité et du confort pour les bébés atteindra 2,05 milliards de dollars (soit 2,7 milliards d’euros) d'ici 2026, le marché général des produits pour bébés atteignant 12,82 milliards de dollars, souligne The Guardian.
« Des parents sous pression »
Les millenials et la GenZ pourraient être particulièrement friands de ces gadgets tech. Non seulement ils ont grandi avec les technologies numériques, mais il semblerait qu’ils soient également plus soumis au stress postnatal que les générations de leurs aînés. En août 2024, Vivek Murthy, alors administrateur général de la santé publique aux États-Unis, publiait un rapport intitulé : « Des parents sous pression ». En se basant sur une étude de l’American Psychological Association de 2023 qui révélait que 46 % des parents sont souvent si angoissés qu’ils en sont paralysés, il notait que « la complexité de gérer les réseaux sociaux, la crise de la santé mentale de la jeunesse, l’épidémie de solitude qui atteint de façon disproportionnée les jeunes et les parents » ou encore « une culture croissante de la comparaison » aggravent le stress ressenti par les jeunes parents.
En promettant sécurité et confort, la baby tech tire profit des angoisses parentales et de notre volonté contemporaine de toujours tout optimiser. Présenté au CES 2025, le transat Elvie Rise promet ainsi d’offrir, pour environ 800 dollars, un environnement entièrement sécurisé pour éviter que le bébé ne s’étouffe dans son sommeil. Selon une étude réalisée par la marque, 67 % des bébés dorment régulièrement dans des berceaux et couffins considérés comme non sécurisés : acheter l’Elvie Rise est donc présenté comme un achat responsable et indispensable pour la survie du nourrisson.
« Décider d’acheter ces objets dit si vous êtes un bon parent », explique une mère dans The Guardian, dont la vie est devenue « une série de recommandations de produits » lors de sa grossesse. Là où ces technologies prétendent faciliter la vie, l’injonction à être un parent parfait risque surtout de générer de grosses dépenses.
Participer à la conversation