Suggérant le sexe féminin et montrant le sang des menstruations, la dernière publicité de la marque Nana avait fait l’objet d’un millier de saisines au CSA et d’une pétition exigeant son retrait de nos écrans. Mais c’est sans compter sur le soutien d’une majorité d’internautes... et du verdict final du gendarme de l'audiovisuel.
Mise à jour du 7 novembre 2019
Dans un message publié le 5 novembre, le CSA a rendu son verdict concernant l'éventuel retrait de la publicité "Viva la Vulva" de Nana.
Après examen du message publicitaire, le gendarme de l'audiovisuel s'est opposé à sa suppression en s'appuyant sur l'article 3-1 de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication. L'article prévoit notamment d'assurer « le respect des droits des femmes dans le domaine de la communication audiovisuelle. »
« (...) À cette fin, il veille (…) à l'image des femmes qui apparaît dans ces programmes, notamment en luttant contre les stéréotypes, les préjugés sexistes, les images dégradantes, les violences faites aux femmes et les violences commises au sein des couples ». L'article 14 de la loi de 1986 dispose que « le Conseil supérieur de l'audiovisuel veille au respect de la dignité de toutes les personnes et à l'image des femmes qui apparaissent dans ces émissions publicitaires. » Enfin, l'article 3 du décret du 27 mars 1992 relatif à la publicité, au parrainage et au téléachat prévoit que « la publicité doit être conforme aux exigences (…) de décence ».
Des coquillages, des porte-monnaie ou des origamis en forme de vulve, une serviette hygiénique tachée de sang (de vrai sang cette fois, et pas d’un liquide bleuâtre non identifié)… Primée aux Cannes Lions 2019, la dernière campagne de Nana Viva la Vulva n'a pourtant pas fait l’unanimité auprès des téléspectateurs français.
Selon Le Parisien, le spot publicitaire aurait fait l’objet de près d’un millier de saisines auprès du CSA. En ligne, une pétition exige même son retrait de nos écrans et comptabilise déjà plus de 11 000 signatures. Elle dénonce une publicité « choquante » et « dégradante » pour le corps de la femme. Sur les réseaux sociaux en revanche, les défenseurs de la marque (et/ou de la cause féministe) se mobilisent à coups de retweets et de hashtags. Lumière sur le phénomène avec l’outil de veille des réseaux sociaux Visibrain.
Le top des tweets les plus partagés
Au moment de la rédaction de cet article, 38 582 tweets ont été publiés au sujet de la publicité. « Dans l'ensemble, et même si une petite communauté s'est liguée contre la campagne de Nana, la majeure partie des internautes se demandent comment une simple publicité qui met à l'honneur le corps de la femme a pu choquer au point de se faire épingler par le CSA », rapporte une porte-parole de Visibrain.
Preuve à l’appui avec le top des tweets les plus partagés sur la campagne.
— ⭐ Ich Bin Lepoy ️⭐ (@IamLepoy) October 11, 2019
La pub Nana elle est pas "gênante pour les enfants" hein. Quand j'étais gosse, j'étais gêné par ce genre de trucs justement car mes parents m'ont appris à trouver ça tabou. Si vous communiquez et expliquez les choses a vos gosses, la pub nana ce sera le dernier de leur soucis.
— ? ???? ? ? ? ? ???? (@perturbe_) October 10, 2019
Il y a des zizis dessinés sur tous les murs des villes, on doit se fader des photos de bites non sollicitées et détourner le regard parce que des types pissent partout tout le temps mais un muffin en forme de teucha c’est dégradant ? Ok. https://t.co/WdACsbCdjV
— florencehainaut (@FloHeyNo) October 11, 2019
Je trouve géniale la nouvelle pub de #nana. On célèbre la diversité de la #vulve et on voit ENFIN du #sang rouge. Visiblement ils ont beaucoup de plaintes. J'ai envie de lancer #jesoutiensNana. Parce que des initiatives comme ça il en faudrait plus. Rt ♥️ https://t.co/676dpmv9ir
— Cassiopée Bas Bleu (@Cassi0p33) October 11, 2019
L'excuse des gens contre la pub nana ce sont les enfants... En maternelle les toilettes filles et garçons n'étaient pas séparés, en primaire les garçons dessinait des penis partout ou ils pouvait et en grand section tout le monde se marrait devant la page du corps humain 1/2
— ? ️?️ (@SailorKatycat_) October 11, 2019
Le top des hashtags les plus employés
Le constat se confirme avec le top des hashtags les plus employés sur Twitter.
On retrouve parmi eux :
1- #Jesoutiensnana (plus de 1 200 tweets publiés)
2- #Vulve (1 172 tweets)
4- #Sang (1 056 tweets)
3- #Lesgoutsetlescouleurs (376 tweets)
Un petit bad buzz comparé à d'autres
À noter qu'un millier de plaintes n'est pas grand chose comparé à d'autres séquences précédemment épinglées, précise le CSA à RTL.
?Le CSA
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? Interdire Zemmour |
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? Emmerder Nana pour une pub ou on suggère que la vulve existe. pic.twitter.com/bgNiQ2zY5R— ⭐ Ich Bin Lepoy ️⭐ (@IamLepoy) October 11, 2019
Ce qui permet de relativiser, du moins un peu. Car Nana enregistre tout de même plus de plaintes qu'Éric Zemmour, récemment épinglé lors de la Convention de la droite pour incitation à la haine. Le polémiste avait entraîné à peine plus de 400 saisines auprès du CSA.
Publicité nulle à chier... je boycotte Nana