une petite fille brune sur un banc dans la série Samuel

Comment la série animée Samuel, est devenue le préado totem de TikTok

Vue plus de 25 millions de fois sur les différents comptes et plateformes d'Arte, la série d’animation d’Emilie Tronche provoque un véritable culte sur les réseaux. Anatomie d’un succès.

« Salut je m’appelle Samuel, j’ai 10 ans et j’ai un problème. Mais bon j’ai pas trop envie d’en parler. » Si vous avez récité cette petite réplique dans votre tête et complété en chantonnant Winner take it’s all d’ABBA, alors pas la peine de vous présenter Samuel, cette série animée diffusée sur Arte, qui agite les réseaux depuis un mois. Pour ceux qui ne l'ont encore vue, Samuel est réalisée par Émilie Tronche – qui assure aussi les voix des personnages – et raconte le passage de l’école primaire au collège d’un garçon de 10 ans. Entre amitiés et rivalités, triangles amoureux et peurs enfantines, les épisodes dépeignent le quotidien sensible et mélancolique de ces petits personnages qui vivent leurs meilleures années au milieu des années 90. On ne peut s’empêcher de penser au travail de Riad Sattouf pour la justesse de l'écriture et du regard porté sur l’enfance avec en prime une animation dépouillée et rythmée et un rapport à la musique et à la danse très entraînant. 

Pas une, mais deux séries

Apparaissant par hasard sur votre feed TikTok ou Instagram, Samuel a tout de la petite série qui vous accroche dès le premier épisode et vous donne envie de voir la suite. C’est comme ça qu’elle a atteint les 25 millions de vues sur les réseaux, avec 10 millions pour TikTok, 10 autres millions pour Instagram et le reste pour YouTube et la plateforme Arte Creative. Mais pour en arriver là, la série a mis en place un dispositif assez étonnant. « En fait il n’y a pas une, mais deux séries distinctes, explique Marianne Levy-Leblond, Directrice de l’unité créations numérique d’Arte France. La première en format horizontal est plus un feuilleton qui se regarde sur YouTube, Instagram et sur notre plateforme. La seconde met en scène des instantanés surtout visibles sur TikTok. L’idée était de proposer des épisodes capsule qui ne dévoilent rien de l’intrigue et qui se centrent sur la musique ou sur la danse, afin de respecter les codes de la plateforme. » Perturbés par cette double proposition, les internautes ont rapidement constitué une communauté en ligne pour guider les petits nouveaux vers les épisodes encore invisibles. « On a clairement pu voir une organisation de la communauté de fans dans les commentaires qui guidaient les nouveaux venus entre TikTok et YouTube pour voir la série en intégralité indique Guillemette Trognon, Responsable des chaînes sociales d’ARTE France. C’était une bonne surprise pour beaucoup de gens qui ont vu ça comme des épisodes bonus. »

Mettre en scène son intimité sur les réseaux

En plus de ce bouche-à-oreille numérique, la communauté de fans a clairement investi la série dans les commentaires et sur les forums, un réflexe qui s’observe assez souvent quand une fiction décolle et que les spectateurs s’identifient aux personnages et spéculent sur la suite. « C’est le genre de série que les gens ont envie de regarder et de commenter ensemble, poursuit Guillemette. On a vu fleurir des serveurs Discord dédiés, mais aussi des quiz et des théories sur la psychologie des personnages. Plusieurs viewers pensent que Bérénice (l’une des copines et amoureuse de Samuel) est une ado gay qui s’ignore ou qui n’a pas encore fait son coming out. Enfin, beaucoup de personnes réagissent autour de la bande-son qu’ils découvrent et qu’ils intègrent dans leur propre playlist. » Sur TikTok, la tendance qui consiste à faire du playback sur des répliques cultes bat aussi son plein. « Certains extraits sonores ont été réutilisés plus de 33 000 fois pour créer des vidéos dans lesquelles on se met en scène ou bien qu’on envoie à ses amis ou à ses crushs, indique Marianne. Le côté sensible de cette série permet de se connecter et de partager aussi son intimité sur les réseaux ce qui n’est jamais un exercice évident. »

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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