Dix ans après sa sortie, Les Sims 4 restait un jeu asexué. Grâce à des extensions très décomplexées, le jeu de simulation entre dans l'âge adulte.
Les fans de simulation de vie sont du genre patient. Alors qu’Electronic Arts, l’éditeur historique des Sims, a annoncé qu’il n’y aura pas vraiment de suite à son titre emblématique, la communauté attend la sortie d’InZoi, annoncée d’ici 2025 par le studio sud-coréen Krafton Inc. Ce jeu promet une expérience inédite, grâce à des environnements interactifs, des mécanismes sociaux complexes et des avatars hyperréalistes capables de reproduire en temps réel, via une application, les expressions faciales des joueurs. Autant dire qu’InZoi se positionne comme le successeur légitime des Sims 4, qui doit ses 10 ans de règne sans partage à sa communauté de joueurs mais aussi de créateurs.
Depuis sa sortie en 2014, Les Sims 4 a marqué l’industrie du jeu vidéo avec ses 70 millions de joueurs uniques (chiffres de 2023), ses 205 479 années de jeu cumulées et ses multiples extensions (16 extensions, 12 packs et 20 kits, pour un coût global atteignant environ 1 030 €). Cependant, après dix années de garden-party et de vies dans des maisons aux allures de catalogues IKEA, la monotonie s’est installée, tandis qu’un moteur vieillissant et la répétitivité des actions finissent par lasser une partie des joueurs. Pour contrer cet ennui, certains membres de la communauté ont choisi d’enrichir le jeu avec des « mods », c’est-à-dire des ajouts créés par des amateurs. Parmi ces ajouts, WickedWhims, lancé en 2016, s’est imposé comme une référence incontournable.
À 24 ans, Les Sims entrent dans l’âge adulte
WickedWhims (traduisible par « Vilains Caprices » ) enrichit l’expérience des joueurs adultes en intégrant plus de 10 000 animations sexuelles, classées par « catégories » (vaginal, anal, oral) ou par « contexte » (masturbation, cunnilingus, climax). Ce mod introduit aussi une dimension réaliste avec des éléments tels que la contraception, les menstruations, l’orientation sexuelle, sans oublier l’exhibitionnisme, le voyeurisme, et même les morpions. Attention à la configuration du comportement de vos Sims : une simple sortie shopping peut rapidement dégénérer en orgie. Bien évidemment, il est impossible d’interagir avec les enfants et adolescents présents dans le jeu ou de commettre des actes sexuels violents. Par ailleurs, une alternative plus soft existe sous le nom de WonderfulWhims, qui se focalise principalement sur les romances.
Après huit ans de développement, WickedWhims est devenu un mod essentiel pour une large communauté de joueurs. Son créateur, Turbodriver, observe l’évolution de son projet : « Il n’y aurait pas de meilleur résultat que celui-ci. J’ai commencé seul, en tant que premier créateur de mods pour The Sims 4 sur Patreon, et maintenant j’ai des dizaines de créateurs de contenu additionnel dédiés à WickedWhims autour de moi qui en font leur travail. C’est magique. » Au départ, l’inexpérience des moddeurs constituait un défi majeur, les outils étaient limités et les ressources rares. La communauté de modding a depuis évolué, ouvrant de nouvelles perspectives, tandis que WickedWhims gagnait en popularité. Aujourd’hui, Turbodriver déclare recevoir un immense soutien sur Patreon de la part de millions de joueurs, générant des revenus atteignant environ 41500 € par mois.
Pour un simulateur qui embrasse tous les aspects de la vie
WickedWhims dépasse le simple mod : il reflète la quête de millions de joueurs pour une expérience adulte. Alors qu’InZoi s’apprête à faire son entrée sur le marché, les discussions autour de sa bande-annonce sur YouTube anticipent déjà l’intégration d’un mod similaire dans ce jeu a priori trop sage. Au-delà du simple plaisir de transgresser les codes d’une simulation conformiste ou de détourner le jeu à des fins autoérotiques, émerge une tendance à explorer des thématiques sensibles telles que la violence ou la santé mentale dans l’expérience vidéoludique. Ces sujets demeurent encore marginaux dans une industrie dominée par des titres destinés à un jeune public, à l’image de Hogwarts Legacy, The Legend of Zelda: Breath of the Wild ou Minecraft. Toutefois, une audience mature s’impose, comme en témoignent Senua’s Saga: Hellblade II, qui met le joueur dans la tête d’une guerrière atteinte de schizophrénie, ou The Last of Us Part II, qui fait la part belle aux émotions et tourments psychiques des personnages. Ce phénomène souligne également l’attrait naturel des adolescents et jeunes adultes pour une exploration immersive et sentimentale des corps virtuels, illustrée par les fonctionnalités avancées d'InZoi et les possibilités offertes par la réalité virtuelle.
Participer à la conversation