À la Galerie Lélia Mordoch à Paris, Miguel Chevalier propose une immersion dans « l’œil » d'une machine. Portrait, mosaïque, abstraction… le pionnier de l’art numérique revisite les classiques picturaux avec des algorithmes et rend hommage à leur étonnante façon de voir l’humain et le monde.
À l’heure de la surveillance technologique, des échanges dématérialisés ou même des selfies, où se trouve la place du corps ? Quelles nouvelles façons de le représenter ? Surtout, comment les machines nous perçoivent-elles ? Pour sa deuxième exposition personnelle à la Galerie Lélia Mordoch, Miguel Chevalier présente, jusqu’au 25 mai 2019, ses dernières recherches sur le thème du « corps digitalisé ». Une seconde partie de l’exposition présente aussi son travail sur le thème de l’infini, où il explore les potentialités créatives de l’ordinateur.
© Miguel Chevalier, L’œil de la machine, 2019 -
Votre portrait en fragments d’algorithmes
Précurseur de l’art numérique et habitué à manipuler les outils informatiques depuis les années 80, l’artiste nous avait notamment marqués avec ses gigantesques fresques florales artificielles. Dans la continuité de l’exposition Artistes & Robots dont il était le conseiller artistique, il poursuit ses explorations technologiques avec « Machine Vision », une plongée immersive dans la vision protéiforme d’une machine.
Sur les murs de la galerie, différentes images fragmentées, fixes ou éphémères, imprimées ou numériques se succèdent. Elles nous laissent imaginer la façon dont l’ordinateur « dissèque » le monde et transforme l’objet qu’il regarde en une forme mouvante et abstraite. Interrogeant la notion d’autoportrait, l’installation « L’œil de la machine » diffuse les images produites via des caméras de surveillance dotées d’un système de reconnaissance faciale. Conçue avec un logiciel écrit par l’algorithmicien Claude Micheli, deux variations en sont présentées sur deux écrans. En se plaçant devant, les visiteurs voient leur reflet éclaté constamment évoluer en fonction de différentes « géométries algorithmiques » . On retrouve notamment le diagramme de voronoï et la triangulation de Delaunay, deux outils mathématiques utilisés pour cartographier un environnement donné.
© Miguel Chevalier, Cellule Multicolor 1, 2019
Questionner le rapport au réel
« L’oeil de la machine questionne la relation au réel », lit-on sur le site de l’artiste. Les corps des visiteurs, semblables à un enchevêtrement de réseaux, à un maillage cyberbernétique, sont l’image métaphorique de notre monde qui se dématérialise ». Lors de la visite, Miguel Chevalier affirme avoir aussi été inspiré par le traitement des données et les modes de surveillance de nos sociétés numériques. Mais rassurez-vous. Ici, rien n’est enregistré, tout se meut, tout change, jusqu’à ce que vous disparaissiez de l’écran…
MACHINE VISION : à découvrir jusqu’au 25 mai 2019 à la Galerie Lelia Mordoch
À LIRE AUSSI :
Art numérique : 3 500 m2 d'abysses sous-marines en totale immersion
Participer à la conversation