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En Mode VHS, la chaîne YouTube qui vous replonge dans les vidéoclubs des années 80

© En mode VHS

Passion pour les films de la fin du siècle dernier, punchlines haut débit et montage de malade : la chaîne YouTube "En Mode VHS" nous explique ses secrets de fabrication.

Si vous vous rendez sur le TikTok d'Arte, il y a de fortes chances pour que vous tombiez sur une drôle de speakerine qui vous fait la promotion des prochains films et documentaires. La chaîne de télé a l'habitude d'aller puiser directement dans les talents du Web pour animer des émissions ou des pastilles humoristiques.

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Comment réagiriez-vous au milieu de tous ces requins ? 🦈 @enmodevhs vous parle du documentaire « 700 requins dans la nuit », à voir en deuspi sur ARTE #ocean #tiktokacademie #nature

♬ son original - ARTE

Pour ces vidéos courtes qui reviendront toutes les deux semaines, Arte est allé chercher Chahine Beriah (celui qui est en combinaison de plongée dans la vidéo ci-dessus) et Julien Gonthier de la chaîne YouTube En Mode VHS.

Passion films de genre

Créée il y a cinq ans, En Mode VHS reste une chaîne YouTube très atypique. D'abord parce que ces deux fondateurs ne sortent que 5 vidéos par an, un rythme particulièrement lent au regard des standards actuels, mais aussi parce qu'ils apportent un soin tout particulier à l'écriture et au montage.

Les épisodes sont tous calqués sur la même recette. Dans une première partie, on nous fait le résumé d'un film emblématique des années 80 ou 90 comme Commando avec Schwarzenegger ou Bloodsport avec Van Damme. Dans la seconde partie, on passe en revue la filmographie du réalisateur, du producteur et des acteurs qui sont à l'affiche. Ce qui fait le sel de ces vidéos, c'est à la fois le phrasé argotique de Chahine ainsi que le montage tout aussi déchaîné de Julien. Les extraits et les répliques cultes sont ainsi entrecoupés par la mitraillette à punchline de Chahine, donnant l'impression d'un dialogue incessant entre les œuvres originales et le traitement que leur réservent les deux youtubeurs. Le tout est enrobé par un habillage visuel faisant fortement penser à l'esthétique de la grande époque des « cassettes vidéo ». Avec de telles pépites, on a forcément voulu en savoir plus sur le secret de leur fabrication.

Comment est née la chaîne En Mode VHS ?

Julien Gonthier : Chahine et moi, ça fait 20 ans qu'on se connaît, on a fait la fac de cinéma ensemble. Depuis quelques années on écrit de la fiction et on tente de réaliser des films. Mais comme on n’est pas du milieu, c'est un peu compliqué. Du coup, on s'est dit qu'on devait produire un truc dans nos chambres, de manière simple et sans l'aide de 40 personnes. On est parti sur une habitude que l'on aime bien : celle de se raconter les histoires qu'on a écrites. On a transposé cette manière de faire aux vieux films des années 80 et 90 avec lesquels on a grandi ou qu'on a découverts pendant nos études.

Vous avez une manière très particulière de monter vos sujets, avec beaucoup d'extraits de film. Comment faites-vous ?

Julien Gonthier : J'ai toujours aimé isoler des petits bouts de répliques ou de scènes cultes pour les réutiliser ensuite afin qu'elle puisse compléter les phrases de Chahine. En ce moment, on prépare la prochaine vidéo qui portera sur un film de Patrick Swayze. Pour préparer le montage, j'ai regardé tous les films dans lesquels il a tourné et j'ai isolé sur mon poste plein de petits extraits qu'on va pouvoir placer ici où là dans l'écriture. C'est ce qui fait que les tournages ne durent qu'une après-midi tandis que l'écriture et le montage nous prennent trois mois.

Pourquoi avoir fait ce choix des films de genre des années 80 et 90 ?

Chahine Beriah : L'idée c'est de mettre en avant des films qu'on a beaucoup regardés quand on était petit. Mais on va tout autant taper dans des classiques comme Scarface que dans des films moins connus comme Street Trash. Je pense que pas mal de gens de notre génération (ils ont la quarantaine - NDRL) se rappellent de cette période où on s'échangeait les VHS dans le quartier. On aime bien aussi le côté un peu « sale » et politiquement incorrect des films de genre de cette période. On y trouve des mercenaires, des ninjas, des cyborgs, des schémas stéréotypés et pas mal de misogynie. Ça produit un gros décalage avec notre époque. On se demande parfois si on peut se permettre de mettre certains extraits tellement ils sont hardcores, mais il se trouve qu'avec YouTube, on a une liberté de ton qu'on ne pourrait pas avoir autre part.

Sur ce point, c'est étonnant, car la plupart des youtubeurs se plaignent d'être de plus en plus censurés.

Chahine : On n’est pas vraiment youtubeurs et la chaîne n'est pas monétisée puisque nous avons nos métiers à côté. Du coup, on n’a pas de problème de copyright et c'est tant mieux. Car sans les extraits vidéos ou les musiques originales des films, le résultat serait beaucoup moins bien. On utilise YouTube pour faire ce qui nous plaît et produire des vidéos qui peuvent continuer à nous faire marrer 5 ans après leur diffusion. On fait ça sur notre temps libre et on est déjà très content de proposer des choses à notre petite communauté. Si cela peut nous servir de tremplin pour produire d'autres choses, comme la pastille avec Arte, c'est encore mieux.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.
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