
Propos outrageux, excuses bidons, comportement indécent… la semaine a été marquée par trois affaires médiatiques qui prouvent que Donald Trump a laissé des traces.
On ne va pas se mentir, la semaine a été plutôt compliquée côté médias avec une succession de trois bad buzz absurdes. Retour sur ces affaires.
« Poisson d’avril ! »
L'homme d'affaires et collectionneur Pierre-Jean Chalençon est pointé du doigt pour avoir organisé depuis plusieurs mois des diners clandestins auquel auraient été conviés plusieurs ministres et personnalités politiques. L'affaire, révélée par M6 le 2 avril, a fait du bruit après la diffusion de l'enquête. Tandis que les réseaux sociaux s’offusquent du manque de réaction de la part du gouvernement et de la police (à l’heure où ces lignes sont écrites, l’organisateur des soirées et son chef Christophe Leroy sont en garde à vue), ce dernier va assumer une défense absurde sur BFMTV le 6 avril. En effet, les journalistes de M6 auraient été victimes d’un gigantesque canular, un « poisson d’avril » très élaboré. « Si les gens n'ont pas un peu d'humour, c'est qu'ils n'ont rien compris » avait alors conclus l’intéressé face caméra, dans le plus grand calme.
"C'est un énorme poisson d'avril"
Pierre-Jean Chalençon assure ne pas "organiser de dîners, ni de soirées" https://t.co/kuWrDxPEn8 pic.twitter.com/Xg0MHvYnfU
— BFMTV (@BFMTV) April 6, 2021
Se jeter d'un pont
Le lendemain, mais sur une autre chaîne d’information, un nouveau bad buzz apparait. En plein débat sur le projet de loi légalisant l’euthanasie, l’essayiste et habituée des plateaux Barbara Lefebvre déclare que les personnes souffrant de maladies incurables ont toujours la possibilité de sauter d’un pont pour abréger leur souffrance. Des déclarations qui vont bien évidemment choquer beaucoup de monde et notamment l’association ADMD qui milite pour le droit à mourir dans la dignité.
Ces propos sont effarants. Barbara Lefebvre s'oppose à la légalisation de l'euthanasie en évoquant la possibilité de sauter d'un pont 🤯pic.twitter.com/kkIVqjJ0SN
— ADMD Vendée (@AdmdVendee) April 7, 2021
Une chanteuse effrayante
Mais ce n’est pas tout. Le même jour la chanteuse Hoshi publie un tweet montrant un extrait d'une émission diffusée sur la webradio Art-Mada. Dans ce dernier, le chroniqueur musique Fabien Lecoeuvre explique dans le plus grand des calmes que la chanteuse « qui a du talent » est « effrayante » physiquement et devrait donner ses chansons à des filles plus jolies qu’elle. Les propos provoquent un tollé sur les réseaux. Le chroniqueur sera d’ailleurs écarté de l’antenne d’Europe1.
Tellement grave de tenir ce genre de propos @FabienLecoeuvre
On lui offre un poster ou un miroir ? J’hésite pic.twitter.com/v0L98QzLj5
— Hoshi (@HoshiOfficial) April 7, 2021
Le monde se Gorafise
Cette succession d’épisodes médiatiques absurdes ou choquants dans un temps aussi rapproché participe à une tendance de fond. Elle semble s’être accélérée depuis quelques mois et toucher tout le monde. Dans un billet de blog récent, le philosophe et économiste français Frédérique Lordon estime que nous sommes entrés dans une période « gorafique », en référence au fameux média satirique Le Gorafi. « À quoi reconnait-on le gorafique ? s'interroge-t-il. À ce qu’il nous fait entrer dans une zone d’indistinction. Il y a du gorafique chaque fois que, confronté à une déclaration politique, on n’est plus en état de déterminer si elle est réelle ou grossièrement contrefaite à des fins d’épaisse caricature. Le gorafique est donc bien une histoire de réalité et de fiction, plus précisément de réalité désormais systématiquement en avance de la fiction. »
Et si c'était la faute de Trump ?
Cette impossibilité de distinguer la réalité de son absurde parodie a déjà été théorisée en tant que phénomène web. Il s’agit de la loi de Poe qui indique que sans une indication claire de son auteur, il est difficile de faire la différence entre un point de vue extrémiste ou outrancier et sa propre parodie sur le web. Ce principe, décrété « phénomène internet le plus important » par le magazine Wired explique en partie le succès de certains personnages qui sont devenus au fil du temps des mèmes. C’est notamment le cas de Donald Trump qui a su surfer sur la loi de Poe pour lancer des tweets ou des déclarations chocs lui assurant le succès dans sa base électorale, mais aussi un écran de fumée idéal pour cacher les ratés de sa politique. Après avoir été digérée pendant 5 ans, il est tout à fait possible que cette outrance médiatique qui ne s’excuse de rien soit arrivée en France.
Le clickbait étend son influence à tout l'espace médiatique. Guerre de l'attention. Abîme du ridicule.
En effet ces trois personnalités pour des raisons très différentes sont pathétiques même si je nuencerai toutefois les propos de Lecoeuvre qui s'est excusé... Enfin, il a dit ces propos de manière assez violente. Sinon Frédéric Lordon n'est pas le mieux placé pour souligner ces égards...