
Le monde du bizarre, un fanzine rétro et la pop culture à travers les yeux de ses créateurs...
Malgré l'omniprésence des écrans et la baisse inexorable des ventes de la presse papier (-4,6 % entre 2022 et 2023 d'après l'ACPM), il existe encore des gens assez fous pour lancer des magazines et revues avec du vrai papier, des mots et des images imprimés dessus... Lancées par des éditeurs indépendants, ces nouvelles publications font le pari d'un public niche, prêt à payer un abonnement directement sur le Web.
Estrange, la revue qui explore les frontières du monde invisible
Lancée par le youtubeur François Theurel qui anime la chaîne Le fossoyeur de film, la revue Estrange revendique son statut l'enfant illégitime de Metal Hurlant et de Planètes, une publication des années 60 centrée sur le réalisme fantastique. Dans les pages de ses deux numéros déjà parus, on trouve des articles sur les OVNIS et leur traitement au cinéma, des décryptages sur l'horreur analogique mise en scène sur le Web, des nouvelles fantastiques, des portfolios, et des interviews d'artistes comme Olivier de Sagazan, connu pour les masques en argile dérangeants qu'il applique sur son visage. Le tout est maquetté avec goût : les images sont nombreuses et la mise en page fait de cette revue une belle création à exposer dans sa bibliothèque. Prix : 20 euros.

S!ck magazine, aux croisements des cultures
Avec son format trapu et sa couverture dessinée toujours avec goût, S!ck propose de sortir des silos imposés par la pop culture. La revue prend comme point de départ une œuvre marquante, qu’elle soit cinématographique, télévisuelle ou vidéo ludique, et va à la rencontre d'artistes, designers ou scénaristes qui se situent dans son sillage pour les laisser dérouler leur processus de création. Chaque numéro se compose notamment d'un grand dossier de plus de 70 pages consacrées à une œuvre en particulier. Le dernier numéro se concentre sur le jeu vidéo Alan Wake 2. Il donne la parole à toute l'équipe derrière l'écriture et la mise en scène de ce titre horrifique qui va autant chercher du côté de Twin Peaks que de l’œuvre de Stephen King. Les passionnés de making-of en auront pour leur argent. Prix : 15 euros.

Digital Burnout, le revival des années 2000
La première chose qui vient a l'esprit quand on tient ce magazine entre les mains (et qu'on a dans les 40 ans), c'est un gigantesque flash-back des années 90-2000. Depuis sa couverture bordélique à son blister protecteur enfermant des goodies (un autocollant, un bonbon et une carte à gratter...), Digital Burnout semble clairement jouer la carte de la nostalgie. Conçu comme un projet passion par Louis Ponthieux, un commercial travaillant pour la newsletter Brief.me, Digital Burnout est un magazine papier qui vise les 20-30 ans qui en ont marre de doomscroller sur leurs téléphones. Au programme, articles sur la sexualité sous forme de chat, sur la musique en accéléré qui se répand sur TikTok ou bien sur le Luddite Club de New York, un groupe d'adolescents et jeunes adultes qui refuse d'utiliser des smartphones. L'objet, très amateur, oscille entre le fanzine et la revue Vice de l'époque. Pour le moment, ce numéro 1 tiré a quelques centaines d'exemplaires est épuisé et il faudra attendre le mois de décembre avant de voir arriver le numéro 2, au prix de 14 euros.

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