À rebours des groupes de presse traditionnels, le changement de feed de Facebook a été accueilli avec enthousiasme par les médias 100% sociaux. Maxime Barbier de Minute Buzz et Guillaume Lacroix de Brut nous exposent leur point de vue.
La Presse a pourtant vu d’un mauvais oeil l’annonce de Mark Zuckerberg. Le magnat des réseaux sociaux a annoncé le 12 janvier que le nouvel algorithme du feed donnerait désormais la priorité aux messages des amis et de la famille plutôt qu’aux contenus postés par les organes de presse et les entreprises. Grogne, légitime, chez les médias traditionnels. La grande majorité des titres de presse a investi lourdement dans la construction d’une audience sur Facebook avec, pour seule carotte, l’espoir de récupérer une partie du trafic sur leur propre site.
La métric de l’engagement
Pendant que les médias dépriment, Maxime Barbier, lui, se frotte les mains. « Tu ne te rends pas compte ! ». Non en effet, on se rend pas compte. Intuitivement, on se dit que si les contenus médias ne remontent plus sur le mur des utilisateurs, il y a fort à parier que le «reach» (la diffusion), le nombre de vues et de likes du groupe baisseront également, entraînant la dégringolade des revenus publicitaires. Erreur : Facebook ne veut pas faire baisser le reach de tous les contenus. Seulement de ceux qui ne captent pas l’attention de son audience.
«Ce qu’ils veulent, ce sont des contenus meaningful (qui ont du sens, NDLR) et qui suscitent de l’engagement. Et c’est exactement ce que l’on fait, assure Maxime Barbier. On met en ligne entre 600 et 700 vidéos par mois sur nos 5 marques ». Selon lui, les médias qui vont être le plus touchés sont les moins engageants, «comme le Figaro».
Les médias traditionnels qui avaient muté vers un modèle plus social et investi lourdement dans la diffusion de leurs contenus sur le réseau social pour élargir leur lectorat voient aujourd’hui leurs chances de récupérer de l’audience via ce canal s’amoindrir.
Partenaires privilégiés de Facebook
Format “à la Brut”
Depuis son lancement, le média a rencontré un tel succès qu’on n’hésite plus à briefer des vidéastes en leur demandant des «formats à la Brut». Le 100% social ne se cache pas de la recette de son succès : miser sur le potentiel d’engagement et d’émotions d’un sujet tout en ayant un traitement journalistique. «En plus, nos commentaires ne sont pas “super lol”» analyse Guillaume Lacroix. Un moyen de dire que l’on peut avoir du succès sur Facebook sans pour autant faire de la fake ou lol news. Chez Minute Buzz, on vise l’émotion. Les verticales aux millions de fans (Hero, Fraîches, Super Bon, TF1 One et Social Shopping) exploitent savamment des contenus qui plaisent aux millennials. « Nous, on a pas peur » répète Maxime Barbier. Ce qui ne l’empêche pas, comme Brut, de diversifier ses plateformes de diffusion. Les deux médias se sont lancés sur SnapChat, Instagram, YouTube et évoquent même, la possibilité d’une application développée avec Apple pour Brut. Au cas où Facebook changerait - encore une fois - de stratégie ?
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