Entre les late shows penchant traditionnellement du côté des démocrates et les podcasts libertariens réceptifs aux idées de Trump, quel est le paysage médiatique de la campagne américaine ?
Dis-moi dans quel média tu vas, je te dirai de quel bord politique tu es. Depuis le début de la campagne, les candidats font le tour des grandes places médiatiques avec l’idée de convaincre les derniers indécis. Petit passage en revue des places to be censées rapporter des voix à Kamala Harris et Donald Trump.
Late show progressiste et podcast féminin pour Kamala
Famille recomposée, éducation des enfants en tant que belle-mère, amitié avec l’ex-femme de son actuel mari… Au micro d’Alex Cooper, l’animatrice du podcast Call Her Daddy, la candidate démocrate Kamala Harris a joué la carte de la mère de famille moderne et cool. Les questions auraient pu être plus osées, d’autant plus que cette émission, la plus écoutée, juste derrière le podcast de Joe Rogan, tourne plus souvent autour des questions de sexualité. Mais le choix de cette apparition est clairement stratégique. Call Her Daddy fait un carton chez les jeunes femmes et la ligne éditoriale d’Alex Cooper, plutôt éloignée de la politique et plus proche des sujets lifestyle, fait penser aux équipes de communication de la candidate démocrate que certaines voix indécises peuvent être gagnées ici.
C’est la première fois que Kamala Harris a mis les pieds dans un podcast de cette envergure. La vice-présidente est plutôt une habituée de la télévision. En plus des émissions incontournables comme 60 Minutes de CBS, on l’a vue s’ouvrir une canette de bière sur le Late Show de Stephen Colbert le 8 octobre dernier, une émission penchant largement à gauche et sur laquelle elle a insisté pour la signature d’un cessez-le-feu à Gaza. Le 10 octobre, elle est entrée sur le son du morceau Freedom dans The View, une émission de débat diffusée sur ABC et présentée par Whoopi Goldberg, Joy Behar, Sunny Hostin et Meghan McCain, et qui est plus proche des questions de lifestyle que de politique. De quoi développer un peu plus cette image de bonne mère de famille, rassurante et ouverte, face à un Donald Trump qui apparaît de plus en plus inquiétant.
Podcast libertarien et masculiniste pour Trump
Du côté du candidat républicain, on a assisté à un marathon de podcasts dits « alternatifs » largement écoutés par de jeunes hommes. Il a commencé sa tournée en juin en passant chez Impaulsive de Logan Paul. Les liens avec l’ex-YouTuber et actuel catcheur sont limpides. Les deux hommes sont déjà montés sur le ring et ont cette appétence pour la mise en scène de combat. En août, Trump s’est ensuite rendu sur l’émission d’Adin Ross, un ancien streameur de Twitch qui officie à présent sur Kick, la plateforme concurrente. Au plus haut de sa popularité, l’influenceur, qui possédait 7 millions de followers, a invité le masculiniste Andrew Tate et a proféré à plusieurs reprises des insultes racistes en direct, des comportements de « vilain garçon » qui plaisent à son public, mais aussi à l’ancien président, qui continue de draguer les trolls d’extrême droite. Le même mois, on a aussi pu voir le candidat républicain chez l’humoriste Theo Von dans This Past Weekend, où le duo a évoqué sur un ton moins amical et plus politique les abus de drogue et d’alcool notamment.
Entre la fin de l’été et le début du mois de septembre, le ton s’est fait plus sérieux. Trump a d’abord rendu visite à Shawn Ryan, un ancien Navy SEAL et agent de la CIA très suivi par les vétérans, avant de se rendre chez Lex Fridman, un ancien chercheur en IA et professeur au MIT qui attire un large public (3,6 millions d’abonnés), ainsi que l’élite de la Silicon Valley, grâce à des interviews qui se veulent apolitiques et sans contradiction, même quand l’invité est un Kanye West tenant des propos négationnistes et antisémites.
Cette tournée est loin d’être terminée. D’après Vanity Fair, Trump devrait apparaître dans le podcast de Joe Rogan, qui est actuellement le plus suivi au monde avec 14,5 millions de followers. Le présentateur, qui se revendique plutôt libertarien et libéral, indiqué qu’il ne supportait pas l’ancien président (il a publiquement indiqué qu'il préférait le candidat indépendant Robert Kennedy Junior), même s’il se définit comme anti-woke et anti-cancel culture… du pain béni pour le candidat républicain.
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