Le journaliste Oobah Butler est le Banksy du journalisme. Faux restaurateur sur TripAdvisor, faux designer à la fashion week de Paris, le journaliste a même embauché des « faux lui » pour répondre à sa place à des interviews. Retour sur un coup de génie.
Est-il comédien, journaliste, petit génie ou petit con ? Oobah Butler est probablement un peu de tout ça à la fois. Le comédien n'a de cesse de questionner la vérité. Il est à peu près capable de tout. Se faire passer pour le restaurateur le plus branché de Londres (sans cuisiner), devenir la coqueluche des créateurs lors de la fashion week (sans avoir jamais rien cousu de sa vie) ou même d'envoyer des comédiens répondre à sa place lors d'interviews.
My whole life, never quite understood why people have always told me I'm a 'bit weird' - then I saw this photo. I get it now pic.twitter.com/WQyvfStrX3
— Oobah Butler (@Oobahs) 18 septembre 2018
Qui êtes vous Monsieur Oobah Butler ?
De lui, on sait peu de choses. Commençons par son nom. Il semble probable qu'Oobah Butler soit un nom de scène. « Butler », comme majordome en français. Oobah n'est la traduction de rien, peut être d'une onomatopée dont lui seul connait la signification. Ce journaliste qui roule pour Vice a réussi en quelques gags à questionner notre société de la consommation et celle des Internets, mettre les journalistes face à leurs manquements et prouver qu'avec du culot, une carte et un jean on pouvait devenir l'influenceur du jour. Petit retour sur un parcours en trois rounds.
1er round : hacker la planète food
Son premier coup de maître ? Avoir hacké le système en faisant de sa cabane le meilleur restaurant sur TripAdvisor. Oobah Butler avait l'habitude d'écrire de faux avis pour le site de notation de restaurants contre quelques euros. Il a alors eu l'idée de créer un faux concept : cuisiner des plats selon l'humeur des clients, uniquement sur rendez-vous.
Il achète un nom de domaine où il explique le concept qu'il qualifie de « stupide » de « La cabane à Dulwich ». Il poste quelques photos de plats aguicheurs réalisés à base de mousse à raser et de pastilles pour WC.
Oobah commence à travailler d'arrache pied pour monter de la 18 149e position à la première. D'abord grâce à de nombreux commentaires écris par lui-même et ses amis. Puis en jouant sur la rareté. Le restaurant indique n'accepter que les dîners sur rendez-vous et l'endroit ne possède aucune adresse. Très vite, les réservations commencent à affluer. « La Cabane à Dulwich » se hisse bientôt à la première place du classement.
Au point d'aiguiser la curiosité de TripAdvisor qui demande des comptes. Oobah va alors ouvrir son restaurant, pour une nuit et servir... des plats surgelés à ses invités. L'article paraît quelques temps plus tard et révèle la supercherie.
2ème round : hacker la Fashion week parisienne
Non content de s'être attaqué au milieu de la food, c'est alors sur la mode qu'Oobah va jeter son dévolu. En se faisant passer pour « Georgio Peviani », un (faux) designer, Ooba va s'inscruster dans les podiums et soirées de la Fashion week parisienne. Fan de la mise en abime, la marque en question était déjà une copie évoquant, de loin, l'Italien Georgio Armani...
Comme pour son restaurant, le journaliste commence par faire un site web, puis des cartes de visite. Arrivé à Paris, il tombe sur la sortie d'un défilé qui l'emmène tout droit au Palais Brongniart (La Bourse). Il fait ami-ami avec une influenceuse, est invité à une soirée, puis à un autre défilé, jusqu'à susciter l'intérêt d'acheteurs qui voudraient lui acheter ses jeans. Son culot et sa désinvolture mènent Georgio Peviani à devenir l'ami d'Alexa Chung. Il devient en quelques heures la coqueluche des nuits de la mode.
Pour boucler la boucle, il remonte la source de la fameuse marque dont il s'est fait le représentant. Il retrouve le fabriquant et lui montre ce qu'il a fait de sa marque. Emotions et larmichettes garanties.
3ème round : hacker la presse
L'histoire pourrait s'arrêter là mais Oobah a le sens du spectacle. Ses deux coups de maître ont attiré l'attention des médias, curieux de connaître ce garçon capable de hacker le système. De la BBC à Good Morning Britain en Angleterre, en passant par les chaînes canadiennes ou australiennes, les médias se sont arrachés les faveurs du jeune homme. Il détaille d'ailleurs cet engouement dans un article sur Vice. Qu'a-t-il fait cette fois ? Il a casté des comédiens pour devenir lui-même et répondre aux interviews dont les questions, selon lui, se ressemblent toutes. Les médias n'y ont vu que du feu. Le journaliste est même allé jusqu'à envoyer l'un de ses doubles à la remise d'un prix dont il était le vainqueur.
Et si vous trouvez que Oobah Butler va un peu trop loin, attendez de voir son application qui ressemble à s'y méprendre à celle d'Uber. Sa prochaine cible ? Méfiez-vous... cela pourrait être vous...
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