
Réduire les préjugés et les inégalités grâce à la réalité augmentée, c’est le pari d’Alexandra Ivanovitch. La fondatrice de l’Equality Lab développe des programmes pour se mettre dans la peau d’un autre humain et devenir plus emphatique. Elle teste ses méthodes sur les cops de Los Angeles et ça marche ! Alexandra Ivanovitch partagera sa vision sur la scène de L’Echappée Volée, les 4 et 5 juillet 2018.
« Nous avons commencé par un programme pour des policiers, placés dans la vie d'un SDF en partenariat avec Stanford, “Becoming Homeless” », explique Alexandra Ivanovitch. « Nous développons une nouvelle série de formations en réalité virtuelle pour permettre aux policiers de se mettre dans la peau des citoyens qu’ils protègent. » Ces sessions d’entraînement virtuelles sont censées améliorer l’empathie en plaçant les participants en situation réelle. Par exemple, dans le programme développé en partenariat avec la National Police Foundation, casque de VR vissé sur la tête, les participants se retrouvent plongés dans la peau d’un afro-américain. Et subissent le racisme que subisse beaucoup d'entre-eux. Le but est de réduire les arrestations musclées et les violences physique envers cette communauté.
La VR plutôt que la parole
Résoudre des conflits grâce à la réalité augmentée peut sembler à première vue surprenant. Pourquoi ne pas tout simplement se parler, à l’ancienne, entre humains ? « Dites ça aux afro-américain et à la police ! Le dialogue est très compliqué ! Vous ne vous rendez pas compte de la tension ici aux États-Unis. Le dialogue est très difficile. Ou, regardez, entre Israéliens et Palestiniens : après tout, il suffirait de parler ! Et pourtant cela fait trente ans que ça dure, parce que les tensions et les frustrations se sont accumulées. » Alexandra Ivanovitch recommande de passer par la réalité virtuelle lorsque la rencontre physique est impossible.
Autre point fort de cette méthode, elle est « scalable » contrairement à la discussion. « On ne peut pas organiser des groupes avec suffisamment de personnes, suffisamment souvent. Et puis dans les groupes de paroles, les mêmes arguments reviennent en boucle. Comment s’extraire de ces filtres de débat sans fin ? “Je me mets à la place de l’autre” est une expérience beaucoup plus humaine et efficace. »
Et cette expérience plus humaine, donc, commence par la posture, selon l’agrégée de lettres moderne, diplômée de l’ENS et détentrice d’un Phd en humanités numériques à l’université de Montréal. C’est, selon elle, «le degré minimal de l’empathie ». « Lorsque nous sommes d’accord avec une personne, nous avons tendance à adopter la même posture, en miroir. En VR, en manipulant cette interaction, juste en modifiant la posture des interlocuteurs, il est possible de développer de l’empathie et de réduire l’abysse qu’il existe entre deux groupes.»
Noter l'empathie
Prochain objectif pour l’Equality Lab : former des policiers à mieux recueillir la parole des femmes. « De nombreuses femmes nous rapportent des expériences sexistes au sein de la police. Ce n’est pas un problème visible mais nombreuses sont celles à venir porter plainte pour des agressions et ne reçoivent pas l’aide dont elles ont besoin. Nous allons proposer un programme pour améliorer l’accueil par la police.»
Crédit photo : Getty Images
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