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C’est quoi le luxe à la française aujourd’hui ?

© DKart

Le secteur reconnu pour ses succès à l’international fait face à un contexte complexe et en perpétuelle mutation. À l’heure où l’adaptation semble être l’une des clés pour prospérer, le luxe à la française semble armé, du fait notamment du subtil équilibre entre tradition et modernité qui le caractérise.

Le secteur du luxe affiche une résilience remarquable : le marché global devrait atteindre les 1 500 milliards de dollars en 2023, avec une croissance de 8 à 10 % cette année, selon le cabinet d’études Bain & Company. Cette conjoncture favorable profite particulièrement à la France, pays leader du secteur. Les grandes maisons, telles que Chanel, Cartier et Dior, se distinguent également par leur influence, occupant 5 des 10 premières places du classement établi par Kantar. Parmi elles, Hermès, symbole de tradition et de savoir-faire, avec son insolente croissance de 15,6 % au troisième trimestre de 2023, confirme la vitalité de ce secteur. Encore indépendante face aux mastodontes LVHM et Kering, la marque illustre l'aptitude des maisons de luxe françaises à s'adapter aux nouveaux défis. 

Grâce à ses racines qui plongent dans les métiers d'art, la haute couture et le patrimoine culturel, on pourrait penser le secteur figé dans une certaine forme de désuétude. Mais c’est tout le contraire : le luxe s'ouvre de plus en plus à l'innovation et à la responsabilité sociale. Et répond ainsi aux attentes d'une clientèle plus jeune, notamment la GenZ, qui privilégie l'originalité, l'expérience utilisateur et l'authenticité dans ses choix de consommation. Pour cette génération, une pièce de luxe n'est pas seulement un achat, mais une forme d'expression personnelle et un moyen de se distinguer. Mais pour les attirer, encore faut-il répondre à leur demande grandissante de respect de l’environnement. 

Objectif RSE

En ce sens, la responsabilité sociale et environnementale est devenue un enjeu central pour l'industrie du luxe. Le Comité Colbert x BCG souligne que 70% des clients du luxe considèrent aujourd’hui l’engagement environnemental comme un critère essentiel lors de l'achat. Cette prise de conscience se reflète dans les stratégies des marques de luxe, qui intègrent désormais l'éco-responsabilité dans leurs processus de création et de commercialisation. Cet intérêt croissant pour la seconde main est illustré par l'initiative de Chloé en collaboration avec Vestiaire Collective. 

Inaugurée avec la capsule Chloé Vertical, elle introduit un « Digital ID » qui donne accès à des informations détaillées sur la fabrication des produits, l'origine des matériaux, et propose une assistance à la réparation. Elle permet également un système de « revente instantanée » pour favoriser une approche durable de la mode tout en offrant une traçabilité accrue grâce à des identifiants numériques. De quoi anticiper les estimations de McKinsey, selon qui le marché de la seconde main de luxe pourrait connaitre une croissance impressionnante, avec une augmentation annuelle estimée entre 10 % et 15 % pour la prochaine décennie.

Un art de vivre global

Mais le luxe ne se résume pas à la mode ou aux babioles. Il est une expression plurielle et hybride, repoussant les frontières de la créativité pour se muer en véritable industrie culturelle. L'exemple de Harper’s Bazaar France, trentième déclinaison du célèbre mensuel féminin, illustre parfaitement cette transformation. Créé aux États-Unis en 1867, le magazine a toujours été plus qu'une simple publication de mode, embrassant la culture dans son ensemble. En plus de 155 ans, la revue a servi de carrefour entre différentes cultures, mettant en lumière des artistes français tels que Picasso, Cocteau et Matisse. La contribution de Harper’s Bazaar à la culture française s'étend également à la littérature : on retrouvait dans ses pages des écrivains tels que Colette, Simone de Beauvoir, Françoise Sagan, Jean Genet ou encore André Malraux.

Sa nouvelle itération dans notre pays constitue ainsi un symbole fort. En proposant un contenu varié qui couvre non seulement la mode mais aussi les arts, la littérature et le cinéma, Harper's Bazaar continue de refléter l'approche cosmopolite et diversifiée du luxe français. En 200 pages éditorialisées, entre iconographies, textes, interviews et reportages, le magazine cherche un équilibre mettant en avant aussi bien les grandes maisons que les jeunes créateurs. Un objet d’art total et bien dans l’époque, qui illustre la capacité du luxe à la française à évoluer tout en préservant son ADN unique lui assurant sa pérennité et son rayonnement à l’international.

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