Un jeune homme devant des journeaux

Les journalistes ne seront pas remplacés par les influenceurs mais ils doivent s'en inspirer

D'après une étude menée par le Financial Times, les usages liés à l'information sont en train de drastiquement changer. Pour 2030, les médias et les journalistes devraient s'inspirer des méthodes des créateurs de contenu pour s'adapter aux nouveaux usages.

Quand on brosse un tableau des consommateurs d'actualités, on tombe dans les mêmes poncifs. Les gens ne veulent plus lire d'actualités jugées trop angoissantes (de toute façon, ils n'en trouvent plus sur les réseaux sociaux), ne font plus confiance aux journalistes jugés clivants ou préfèrent les vidéos d'entertainment proposées par des influenceurs. Pour mettre plus de clarté dans tout ça, le cabinet de conseil spécialisé médias du Financial Times a publié un rapport sur les manières dont nous allons nous informer d'ici 2030, afin de guider les producteurs d'actualité. Voici les points à retenir.

Un raz de marée de notifications qu'il faut filtrer

La première chose à prendre en compte, c'est la manière dont les informations parviennent aux jeunes. La grande majorité fait face à un tsunami constant de notifications sur leur smartphone. Ces notifications viennent des plateformes sociales, des groupes de chat ou des conversations quotidiennes avec leurs proches. Ils doivent donc avant tout filtrer les informations en préférant de résumés très courts ou de toutes petites vidéos. L'idée est de traiter un grand nombre d'informations de manière superficielle. Mais ce n'est pas tout.

L'étude reconnaît quatre autres modes de consommation pouvant s'entremêler. Ils veulent tout d'abord vérifier l'information, de manière autonome en cherchant leurs propres sources. Ils peuvent aussi entrer en mode "study", durant lequel ils plongent en profondeur dans un sujet, consomment d'autres médias pour en savoir plus, mais aussi s'inspirent ou gagnent en compétences. Cette recherche d'informations peut aussi être réalisée dans un objectif de se socialiser. Dans ce cas, la recherche d'informations se fait en commun, avec comme objectif de se sentir connecté et validé par les autres. Enfin, les jeunes veulent parfois utiliser l'info recherchée pour trouver du sens à leur vie ou à leur situation. Dans ce cas, ils vont chercher d'autres perspectives ou points de vue.

Les journalistes vont devoir changer leur rapport au public

D'après le rapport, trois facteurs encadrent la manière idéale de consommer de l'information. Le premier c'est l'exigence d'une source fiable en qui on peut avoir confiance. On pourrait croire que les journalistes ont un rôle à jouer, mais c'est un peu plus subtil que ça. Étant donné que les frontières entre le contenu d'un média et celui d'un créateur se mélangent sans arrêt, pour qu'une source soit considérée fiable, elle doit être crédible au vu de son expérience. Cela veut dire qu'un militant qui a filmé de nombreuses manifestations et qui les diffuse sur les réseaux, par exemple, peut être perçu comme plus crédible qu'un journaliste qui va de sujet en sujet. L'affinité et le fait de se sentir connecté à la source d'information sont aussi très importants. Sur ce point, les créateurs de contenu qui ont appris à jouer avec les relations parasociales peuvent espérer avoir un temps d'avance sur les autres et notamment sur les journalistes qui ont tendance à se cacher derrière leur média. Enfin, la transparence des intentions est un facteur décisif. Pour avoir grandi dans un environnement médiatique plus complexe, les jeunes générations sont naturellement sceptiques et méfiantes. Elles sont surtout inquiètes des manipulations idéologiques et veulent que les créateurs, journalistes ou médias annoncent tout de suite la couleur en termes d'agenda ou de préférence politique.

Quelles infos sont dignes d'intérêt médiatique ?

L'autre facteur qui encadre la nouvelle manière de consommer de l'information, c'est l'importance donnée à cette dernière. Si la hiérarchisation de l'information était un privilège journalistique qui permettait de classer les actualités en fonction du contexte du moment et de l'intérêt de l'audience, les choses sont en train de changer. La division entre l'info "sérieuse" comme la politique, l'économie ou les faits de société et les infos amusantes comme les news people ou le sport ne fait plus recette. En 2030, l'infotainment devrait être bien plus présent tandis que certains sujets de hard news comme la politique ou les faits de société seront très bien traités par des influenceurs et des créateurs de contenu avec leur ton à eux. L'importance donnée à l'information va de plus en plus revenir à l'audience et les rédactions devront présenter un mix entre les envies et les besoins du public. Enfin, l'étude souligne que le sentiment d'empouvoirement et l'appel à agir sont décisifs dans la production d'informations. Les consommateurs d'actualités ne veulent plus se sentir impuissants.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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commentaires

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  1. Avatar Anonyme dit :

    Très intéressant et révélateur !

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