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Sur X et sur YouTube, la guerre informationnelle entre Israël et le Hamas a commencé

À la suite de la grande offensive menée par le Hamas ce samedi 7 octobre, des centaines de vidéos ultra-violentes ont déferlé sur les réseaux.

Alors que le monde a assisté au lancement de l'attaque du Hamas contre Israël, une guerre de l’information s’est immédiatement mise en place sur les réseaux. Le samedi 7 octobre dernier, la branche armée du Hamas a mené une large offensive depuis plusieurs points longeant la bande de Gaza, au sud d’Israël. Après avoir lancé près de 5 000 roquettes sur le territoire, des centaines d’hommes armés ont profité des rues vides pour ouvrir des brèches dans les grillages qui entourent Gaza et mener des incursions sanglantes dans le pays. Des passants de la ville de Sdérot ainsi que des centaines de jeunes qui participaient au Nova Festival, une rave party se tenant dans le désert, ont été pris pour cible. Ce lundi 9 octobre 2023, le bilan est de 700 morts côté israélien. La riposte ne s’est pas fait attendre et, pour le moment, on dénombre 400 Palestiniens morts dans la contre-offensive israélienne.

Qui partage ces vidéos violentes ?

Sur les réseaux, et notamment sur X (ex-Twitter), la guerre informationnelle a démarré presque en même temps que les évènements. En l’espace de trois jours, la plateforme de veille Visibrain a déjà comptabilisé 46,5 millions de messages. Très rapidement, des dizaines de vidéos montrant les attaques du point de vue israélien mais surtout du côté des combattants du Hamas ont inondé les fils d’actualité. Parmi ces dernières, beaucoup montrent des corps de jeunes Israéliens morts sur place ou transportés dans des camions, à moitié dénudés, et exhibés comme des trophées de guerre. L’une de ces vidéos montrait notamment le corps inanimé de Shani Louk, une artiste tatoueuse allemande bien connue sur Instagram. Dans une autre vidéo, on voit un membre armé du Hamas entrer dans la maison d’une vieille femme israélienne alitée pour y faire un discours sur l’occupation.

Pour mieux comprendre qui a partagé de manière massive ces vidéos, le consultant en Social Data Science, Flef, a posté un graphique montrant comment sont répartis plus de 187k posts sur le sujet au cours des deux derniers jours. 

Il s’est notamment concentré sur les comptes qui ont publié les vidéos les plus violentes. « Pour moi, il y a trois styles de posteurs pour ce genre de contenus, indique-t-il. La première, ce sont les amateurs qui ont vu passer une vidéo choquante sur Telegram et qui les partagent en réaction. En général, ils font ça une fois et puis c’est tout. Ensuite, il y a les comptes média opportunistes qui diffusent ce genre de contenus pour faire de la vue. Les plus "clean" d’entre eux le font comme de vrais médias en montrant uniquement les images les moins sanglantes ou en floutant les corps. Enfin, le troisième type, ce sont les comptes bien souvent tenus par des bots qui diffusent massivement les vidéos, et les photos les plus horribles, et qui n’ont parfois rien à voir avec l’évènement qui est en court. On voit que ce sont des posts automatiques, car le rythme de publication sur 48 heures reste stable, même pendant la nuit. Ce sont des comptes qui sont relativement peu vus, car ils sont reportés par les utilisateurs et ils ont une durée de vie plutôt courte. Ils servent surtout à la guerre informationnelle en diffusant des images qui vont susciter des réactions émotionnelles. Mais il est très compliqué de savoir pour quel camp ils travaillent.

Propagande sur YouTube

La guerre de l’image ne se joue pas seulement sur X. Durant le week-end, les internautes francophones ont fait remonter la présence d’une publicité payée par le gouvernement israélien en pre-roll sur YouTube. Cet espace publicitaire parfois impossible à zapper a été utilisé pour faire passer un message textuel en anglais sur lequel on pouvait lire : « Des terroristes armés du Hamas ont infiltré Israël via une invasion au sol et ont commencé à faire du porte-à-porte pour massacrer des Israéliens innocents. Des centaines de civils israéliens, y compris des enfants et des femmes, ont été tués ou blessés et des personnes ont été prises en otage. C’est une guerre, et Israël prendra les mesures nécessaires pour protéger nos citoyens contre ces terroristes barbares ». 

Ce message a été largement diffusé sur des vidéos de youtubeurs ou de fitness, et d’après le journaliste Vincent Manilève qui a évoqué le sujet, il aurait été vu plus de 470 000 fois. C’est la première fois que cet espace publicitaire est utilisé par un État pour informer les citoyens d'un acte de guerre et annoncer la nature de sa réaction.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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